Le master qui nous est offert ici n'a malheureusement pas fait l'objet d'une restauration, ce qui est bien regrettable sachant que le film de Sokourov vaut en grande partie (si ce n'est entièrement) pour sa beauté plastique. Offerte dans un transfert 4/3 (là encore, il est dommage que le master ne soit pas 16/9, nous aurions gagné en définition), à un format approchant le 1.52 (et non 1.66 comme indiqué sur la jaquette), l'image présente quelques artefacts et poussières qui persisteront tout au long du film. Même si ces défauts ne sont en fin de compte pas réellement gênant, on aurait préféré un master immaculé.
La compression s'avère quant à elle hésitante, le brouillard dans lequel sont plongés aussi bien les paysages que les personnages n'étant pas d'une grande aide. Malgré ces quelques réserves techniques, il serait idiot de bouder son plaisir tant on attendait la sortie de ce titre sur galette numérique.
Simple Dolby Stéréo, la piste audio est une réussite totale. L'atmosphère musicale (ne parlons pas de musique, c'est beaucoup plus que cela) du tandem Vladimir Persov et Martin Steyer est subtilement mise en avant, tout comme le souffle du vent et les chuchotement des deux personnages. Cette piste n'a certes pas non plus fait l'objet d'une restauration, mais elle s'avère sincèrement immersive.
Des trois modules qui nous sont offerts en supplément, c'est indiscutablement l'interview de Sokourov qui retient le plus notre attention. Au cours de cet entretien divisé en cinq thèmes, le cinéaste revient sur : le rapport du cinéma à la peinture (cinéma et peinture sont des phénomènes plats, ils n'ont pas de relief ; dans l'image plane il reste quelque chose de non dit pour nous spectateurs) ; les grands maîtres de la peinture que sont Turner et Rembrandt et sur le lien entre la peinture et une culture religieuse bien fondée, lien très important pour l'art ; l'utilisation du son et de la musique au cinéma et plus précisément le caractère libre, universel et spirituel du son ("l'image permet de marcher, et le son, de voler") ; mais aussi sur la question du montage, technique spécifiquement cinématographique ("rien en se consume aussi vite que le montage" affirme-t-il) ; et enfin le cinéaste revient sur le rapport entre l'amour et la mort, thèmes principaux de Mère et Fils.
L'oeil et le pinceau met en relation des images issues de Mère et Fils, des images de Sokourov en train de peindre et d'une série de tableaux issus du XVème au XIXème siècle, tels que Le Christ mort (1480-1490) de Mantegna, Vue de Tolède (1600) de El Greco, Le Christ dans la tempête sur le lac de Généraseth (1663) de Rembrandt, Le Chasseur dans la forêt (1814) de Friedrich ou La Tempête de neige (1842) de Turner.
Dans Sokourov, Tarkovsi et la littérature, l'écrivain Anne-Marie Garat revient comme le titre l'indique sur les liens existant entre les deux cinéastes russes et la littérature, et plus particulièrement avec le romantisme dont ils sont les héritiés de par les thèmes du sacré, de la mort et de l'indicible au-delà.
Enfin, en bonus caché, ont finit avec un petit module de 3 minutes intitulé Elégie d'un Fils, écrit et réalisé par Florence Valéro : sur des images du film, un poème.