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Test DVD : Mère et Fils

Le 18/02/2008 à 15:56
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Test DVD Mère et Fils

Dire que l'on attendait la sortie DVD de Mère et Fils relèverait du doux euphémisme. Ce bout de pellicule ouvertement inspiré de la peinture et plus particulièrement du travail de Caspar David Friedrich et de ses paysages brumeux est peut-être ce que le Alexandre Sokourov a réalisé de plus simple et de plus émouvant. En suivant, au coeur d'une campagne isolée, les derniers pas d'un fils avec dans ses bras sa mère mourante, le cinéaste met en scène une véritable oeuvre picturale, chaque plan du film se transformant sous nos yeux en peinture. Sokourov a en effet usé d'objectif non conventionnels et déformant associés à des filtres peints pour élaborer des paysages à la lumière irréellement sublime, reflet des tourments intérieurs des deux personnages. Entre le souffle continuel du vent (Le corps et le fouet de Mario Bava n'est pas loin), les quelques notes musicales éparses, les chuchotements du fils à sa mère, rarement une atmosphère sonore n'a été aussi immersive, et n'a su dépeindre si bien la solitude d'un être face au décès de sa mère.

Il serait inconcevable de ne pas mentionner les techniciens qu'ont entouré Sokourov pour arriver à cette admirable plongée à la frontière de la vie et la mort, le cinéaste a sollicité ses plus fidèles et étroits collaborateurs, tels Yuri Arabov au scénario, Aleksei Fyodorov à la lumière, le tandem Vladimir Persov et Martin Steyer au son, ou encore Leda Semyonova au montage. N'attribuer la réussite qu'est le film à l'auteur Sokourov serait totalement erroné, tant ces derniers l'ont accompagné dès ses premiers essais.

Une oeuvre magistrale et déchirante qui ne laissera personne indifférent.

Decouvrez le Test DVD de Mère et Fils

 

 







Image : 6/20

Le master qui nous est offert ici n'a malheureusement pas fait l'objet d'une restauration, ce qui est bien regrettable sachant que le film de Sokourov vaut en grande partie (si ce n'est entièrement) pour sa beauté plastique. Offerte dans un transfert 4/3 (là encore, il est dommage que le master ne soit pas 16/9, nous aurions gagné en définition), à un format approchant le 1.52 (et non 1.66 comme indiqué sur la jaquette), l'image présente quelques artefacts et poussières qui persisteront tout au long du film. Même si ces défauts ne sont en fin de compte pas réellement gênant, on aurait préféré un master immaculé.

 

 

Mère et Fils

 

 

La compression s'avère quant à elle hésitante, le brouillard dans lequel sont plongés aussi bien les paysages que les personnages n'étant pas d'une grande aide. Malgré ces quelques réserves techniques, il serait idiot de bouder son plaisir tant on attendait la sortie de ce titre sur galette numérique.

 

 

Mère et FilsMère et Fils


Son : 6/20

Simple Dolby Stéréo, la piste audio est une réussite totale. L'atmosphère musicale (ne parlons pas de musique, c'est beaucoup plus que cela) du tandem Vladimir Persov et Martin Steyer est subtilement mise en avant, tout comme le souffle du vent et les chuchotement des deux personnages. Cette piste n'a certes pas non plus fait l'objet d'une restauration, mais elle s'avère sincèrement immersive.

 

 

Mère et Fils


Bonus : 7/20

 

Des trois modules qui nous sont offerts en supplément, c'est indiscutablement l'interview de Sokourov qui retient le plus notre attention. Au cours de cet entretien divisé en cinq thèmes, le cinéaste revient sur : le rapport du cinéma à la peinture (cinéma et peinture sont des phénomènes plats, ils n'ont pas de relief ; dans l'image plane il reste quelque chose de non dit pour nous spectateurs) ; les grands maîtres de la peinture que sont Turner et Rembrandt et sur le lien entre la peinture et une culture religieuse bien fondée, lien très important pour l'art ; l'utilisation du son et de la musique au cinéma et plus précisément le caractère libre, universel et spirituel du son ("l'image permet de marcher, et le son, de voler") ; mais aussi sur la question du montage, technique spécifiquement cinématographique ("rien en se consume aussi vite que le montage" affirme-t-il) ; et enfin le cinéaste revient sur le rapport entre l'amour et la mort, thèmes principaux de Mère et Fils.

 

 

Mère et Fils
L'oeil et le pinceau met en relation des images issues de Mère et Fils, des images de Sokourov en train de peindre et d'une série de tableaux issus du XVème au XIXème siècle, tels que Le Christ mort (1480-1490) de Mantegna, Vue de Tolède (1600) de El Greco, Le Christ dans la tempête sur le lac de Généraseth (1663) de Rembrandt, Le Chasseur dans la forêt (1814) de Friedrich ou La Tempête de neige (1842) de Turner. 

 

Mère et FilsMère et Fils

Dans Sokourov, Tarkovsi et la littérature, l'écrivain Anne-Marie Garat revient comme le titre l'indique sur les liens existant entre les deux cinéastes russes et la littérature, et plus particulièrement avec le romantisme dont ils sont les héritiés de par les thèmes du sacré, de la mort et de l'indicible au-delà.

 

Mère et Fils

Enfin, en bonus caché, ont finit avec un petit module de 3 minutes intitulé Elégie d'un Fils, écrit et réalisé par Florence Valéro : sur des images du film, un poème.

 

Mère et Fils

 

 

Mère et Fils --br


Mère et Fils
Mère et Fils
Sortie : 4 Décembre 2007
Éditeur : Potemkine

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