Mirage de la vie s'ouvre sur un générique splendide renvoyant aux meilleurs génériques signés Maurice Binder pour James Bond. D'emblée l'image se présente sous les meilleurs auspices et aucun artéfact de pellicule, griffures ou autres, ne vient desservir la surprenante restauration effectuée par Carlotta. Par la suite, celle-ci est un chouïa plus aléatoire. Quelques gros plans sur les visages des acteurs légèrement granuleux, des arrière-plans un peu troubles et un étalonnage hésitant. L'ensemble accuse néanmoins d'une belle définition et de couleurs parfaitement contrastées et naturelles.
Le splendide générique du film
Les deux pistes sonores encodée en Dolby Mono 2.0. sont vraiment d'excellente facture et parfaitement remastérisées. Le générique, tout d'abord, qui réserve une belle ampleur de la musique sur les deux pistes. Les dialogues sur le mixage original sont légèrement étouffés au début du film mais s'équilibrent petit à petit. Le mixage français n'a jamais été aussi clair et dynamique et la piste a le mérite de ne jamais vraiment saturer. La musique s'en sort avec les honneurs et garantit des envolées lyriques impressionnantes en anglais.
DVD 1
Comme pour les autres films du coffret, vous ne retrouverez sur le premier disque que la bande-annonce d'époque du film (2min18) en vostf.
DVD 2
Eclats du mélodrame : Stahl / Sirk (19min55)
Jean-Loup Bourget est cette fois-ci interrogé sur la définition du mélodrame. L'historien du cinéma en souligne son caractère populaire et flamboyant tout en étant un instrument de protestation, d'ordre politique ou autre. Il compare ensuite le film de John M. Stahl, Images de la vie, à la version de Sirk. L'original, qui fut un gros succès populaire à sa sortie, est plus dans la retenue que dans la flamboyance stylistique de son remake, le sujet, les rapports de race, étant plus sensible encore en 1934. De ce point de vue là, Mirage de la vie en est son antithèse. Il compare enfin la forme, différente, adoptée dans les deux films : celui de Stahl est plus statique et moins spectaculaire que les angles de prise de vue pratiqués par Sirk.
Mirage de la vie par Christophe Honoré (15min02)
Le réalisateur français a dû sans doute voir le film la veille de l'entretien. Il en fait une analyse à chaud que tous ne partageront peut-être pas mais qui s'avère être tout de même intéressante. Il se focalise sur le thème de l'asservissement des personnages, ceux d'Annie et de Lora, et du rapport entre dominant et dominé. Il demeure perplexe face à l'idée du rêve américain traité selon lui de façon médiocre et face à l'honnêteté de certains personnages. Un avis à chaud plutôt mitigé.
Née pour être blessée (44min44)
Sam Staggs, auteur de livres de cinéma sur Eve, Boulevard du crépuscule ou encore Un Tramway nommé désir revient également sur Mirage de la vie qu'il a découvert assez jeune et qu'il considère comme étant le chef d'œuvre de Douglas Sirk. Selon lui, le film apporte un torrent d'emotions qu'il ne retrouve pas dans le film original de John M. Stahl. Staggs raconte une multitude d'anecdotes plus intéressantes les unes que les autres (comme le fait divers lié à Lana Turner qui survint l'année avant le tournage du film) et nous livre un véritable exposé avec secrets de tournage et images du film à l'appui. On se demande donc pourquoi ses propos n'ont pas été retenus dans le cadre d'un commentaire audio du film.
Images de la vie (Imitation of life) réalisé par John M. Stahl (1934, 1h46)
Comme pour l'édition 2 DVD du Secret magnifique, Carlotta nous fait l'honneur de proposer sur ce second disque le film original de John M. Stahl dont le titre français diffère : Images de la vie. Evoquons avant tout la restauration du film âgé de plus de 70 ans et qui est une fois de plus surprenante. La star de l'époque Claudette Colbert incarne le personnage de Beatrice Pullman, que Lana Turner reprendra sous le nom de Lora Meredith.
L'univers dans lequel évoluent les personnages est ici plus ordinaire. On est à mille lieux de l'envers du décor du show business de Mirage de la vie. Stahl dépeint le quotidien d'une jeune femme qui va ouvrir un commerce de crèpes avec sa domestique de couleur Delilah. La ségrégation raciale est sans doute moins appuyée et dénoncée que dans la version de Sirk et n'est évoquée pour ainsi dire qu'au début du film lorsque Delilah ne peut pas prendre le tramway. L'histoire d'amitié est par contre aussi forte et le ton se fait plus léger et moins virulent que dans le film de Sirk. Le final est certes moins déchirant mais le film tire sa force de la tendresse qui se dégage des personnages et de leur bonne camaraderie. C'est à ne pas manquer.
L'interactivité se clôt sur la bande-annonce du film original de 1934 (1min13, vostf) basée sur la critique dithyrambique de l'époque.