La copie restaurée proposée est à la fois lumineuse et délicatement contrastée sans être non plus d'un éclat exceptionnel. Si quelques impuretés noires et blanches ainsi que des griffures ont échappé à la restauration numérique, le master est plaisant pour un film qui a déjà passé le cap des quarante ans. A savoir également que le film est présenté au format 1.66 alors qu'il a été tourné en 1.37 et que le 16/9 engrange un manque de netteté au niveau des gros plans. Quelques plans flous doivent néanmoins être d'origine.
Au programme de cette édition collector, quatre pistes : la version originale sous-titrée français en DD 5.1, Stéréo et DTS, puis une version française DD 5.1. Pour cette dernière un panneau nous indique en ouverture qu'ils s'agit d'une version française canadienne que l'éditeur a souhaité conserver car elle les a fait beaucoup rire. Effectivement le doublage semble récent, tout droit sorti d'une série pour adolescents et notez les prénoms dits à l'américaine « Jôdge » « Rwingo»... Les pistes DD 5.1. ont comme point commun de concentrer surtout les effets sur les avants et le mixage ne profite évidemment qu'aux chansons. Au début de chaque titre, les latérales, qu'on avait oublié, montent progressivement et disparaissent comme par magie quand le titre se termine. La piste anglaise est plus dynamique que la française qui s'apparente plus à une stéréo. Les dialogues sont plus distincts pour la piste française, ceux du mixage anglais plus sourds. Aucune spatialisation, juste un semblant d'environnement sonore pour les deux pistes avec une nette préférence pour la piste anglaise. Dans ce cas enclenchez immédiatement la piste anglaise stéréo car vous ne pourrez pas changer en cours de visionnage. La piste DTS reste anecdotique et ne parvient pas à sauver les autres mixages imparfaits.
DVD 1
Présentation du film par Gilles Verlant, journaliste et biographe (5min04)
Gilles Verlant reprend les mêmes anecdotes qui seront développées dans les différents segments du second disque. Il fait une bio succincte des Beatles, évoque les débuts du groupe, le choix du réalisateur, l'humour surréaliste de Quatre garçons dans le vent et le contexte dans lequel le film a été tourné, à savoir en pleine "Beatlemania". Il revient également sur le succès des Beatles aux Etats-Unis, le tournage du film, les fans histériques, le final et le lapsus de Ringo Starr sur le tournage "It's been a hard day's night" devenu le running gag pendant les prises et surtout devenu le titre du film et de la chanson écrite par John Lennon en une nuit. Tout ce que dit Gilles Verlant sera répété beaucoup en détail dans les suppléments du second dvd.
Bande-annonce (1min46) : la bande-annonce a été restaurée pour la ressortie du film en copie neuve en 2001.
On retrouve en fin d'interactivité des liens internet, une discographie de 12 pages consacrées à la première sortie des albums du groupe, et un livret d'une douzaine de pages avec photos et notes de production à l'appui.
DVD 2
Les suppléments sont parfois redondants dans les propos mais toujours instructifs, divertissants et concis. C'est un véritable voyage dans le temps destiné à un public divers. Les fans seront comblés, ceux qui ont connu le groupe à leurs débuts seront nostalgiques, les plus jeunes pourront les découvrir et devenir fans à leur tour. Dommage que Paul McCartney et Ringo Starr n'aient pas été conviés...ou peut-être ont-ils refusé d'intervenir. En plus du même packaging, l'édition reprend la quasi-intégralité des suppléments disponibles sur la précédente sortie chez Wild Side en 2003 sauf les extraits des émissions Les Dossiers de l'écran et Les Enfants du rock consacrées aux Beatles.
Les bonus sont séparés en deux parties distinctes intitulées "AUTOUR DU FILM" et "A PROPOS DES BEATLES".
AUTOUR DU FILM
Documentaire 40 ans après (36min18)
Voici le documentaire rétrospectif du film Quatre garçons dans le vent composé des multiples témoignages de David Picker (le producteur), Sir George Martin (le manager des Beatles), Lionel Blair (journaliste), Tony Barrow (attaché de presse des Beatles de 1962 à 1966), Walter Shenson (producteur), Richard Lester (réalisateur, images d'archives) et d'autres intervenants de l'équipe technique. Ce documentaire propose de se pencher sur les prémices de la Beatlemania au printemps 1963. Alors que le groupe connaît un certain succès en Grande-Bretagne sans être encore le phénomène que l'on connait, David Picker accepte de produire un film mettant en scène ces quatre garçons britanniques. La mode étant aux longs métrages consacrés aux vedettes de la chanson (comme Elvis Presley entre autre), un tout petit budget (pas plus de 200 000 livres) permettra d'engranger quelques bénéfices en surfant sur la vague de popularité de ce groupe nommé The Beatles. Rétrospectivement, le film a été réalisé avec moins d'argent qu'il a fallu pour produire le premier album du groupe. S'ensuit le choix du réalisateur Richard Lester, l'écriture du scénario (14 pages marquées d'indications scéniques) et le tournage proprement dit. Tous insistent sur la liberté de ton voulue par le groupe lui-même, l'improvisation étant la bienvenue. Les fans seront ravis car les photos et les images de tournage inédites foisonnent et les anecdotes aussi. On aperçoit également le groupe durant une session d'enregistrement dans les mythiques studios d'Abbey Road.
Le groupe explose alors littéralement en plein milieu du tournage de leur premier film qui parvient à sa sortie à élargir l'éveil du groupe chez les non-fans. Les Beatles s'adressent finalement à toutes les générations, le film cartonne et le monde entier est à leurs pieds.
Un plaisant documentaire, nostalgique et instructif sur le groupe mythique qui est à ne pas louper car il foisonne de souvenirs en tous genres et de détails croustillants.
Interview d'Isla Blair (4min17)
En introduction, nous avons droit à quelques propos de Richard Lester extraits d'une interview télévisée des années 80 sur l'actrice Isla Blair ayant tourné une scène finalement coupée au montage pour une question de rythme. Isla Blair, de nos jours, nous parle de cette scène qu'elle partageait avec Paul McCartney. Deux jours de tournage de folie pour cette jeune actrice d'à peine vingt ans qui se souvient surtout des hordes de jeunes filles qui les coursaient partout. Celles-ci la voyant en compagnie des quatre garçons, la griffaient, lui tiraient les cheveux et l'insultaient ! La scène où elle devait apparaître ne subsiste que grâce à quelques photographies. L'autre raison pour laquelle Lester a finalement coupé la scène est qu'aucun membre du groupe ne devait apparaître seul avec une jeune fille, chacun devant rester « accessible ».
Entretien avec Alun Owen, scénariste du film (9min48)
C'est un entretien d'époque qui nous est proposé puisque Alun Owen est décédé fin 1994. Le producteur Walter Shenson se souvient de lui et de la façon dont il est arrivé sur le projet.
Owen y relate son parcours, sa jeunesse dans le même coin de Liverpool que le groupe, l'écriture du scénario, les improvisations et les dialogues (les Beatles n'étant pas des acteurs professionnels, les répliques devaient être courtes pour qu'ils s'en souviennent plus facilement), et le désir de montrer les quatre garçons comme ils le souhaitaient : jeunes, insouciants et même parfois insolents.
Quatre garçons et un cinéaste (12min05)
Dans une interview réalisée pour la télévision dans les années 80, Richard Lester est invité à parler du film grâce auquel il s'est rapidement fait une place dans le milieu cinématographique, de ses débuts comme comédien et réalisateur dans The Running jumping and standing still film en compagnie de Peter Sellers en passant par ses premiers films jusqu'à la rencontre avec les Beatles qui avaient aimé son travail. Ne désirant nulle autre chose que d'être filmés tels qu'ils étaient dans la vie, Richard Lester se souvient avec passion et tendresse de l'ambiance de tournage, du souhait de les présenter de manière respectueuse en étant aussi honnête que possible, de la rapidité de la production et dresse finalement un portrait individuel des quatre garçons les plus connus du monde. Comme d'habitude, les images de tournage (certaines déjà vues précédemment) et les photos abondent et viennent enrichir les propos du réalisateur par ailleurs passionnants.
Un vieux monsieur si propre - Evocation de l'acteur Wilfrid Brambell (5min02)
Comme son titre l'indique, Alan Simpson et Ray Galton, créateurs et écrivains de Steptoe and son, dressent un portrait de Wilfrid Brambell qui incarne le grand-père de Paul McCartney dans Quatre garçons dans le vent. L'acteur était la vedette de la série Steptoe and son, créée en 1962 et ayant fait les belles heures de la télévision anglaise jusqu'en 1974. 57 épisodes qui ont fait connaître Brambell comme étant le vieux ferrailleur sale et mal habillé... à mille lieux de son personnage tiré à quatre épingles du film et qui se fait d'ailleurs charrier à de nombreuses reprises sur son élégance et sur son extrême propreté.
Comment gérer les journalistes - Tony Barrow, attaché de presse (17min49)
Comme les précédents interlocuteurs, Barrow parle tout d'abord de ses débuts jusqu'à son arrivée dans le monde des Beatles pour qui il commence à travailler en 1962 jusqu'en 1966. Il a donc connu le groupe à ses débuts ainsi que la Beatlemania dans le monde entier au printemps 1963. Certains souvenirs font redondance avec ceux déjà évoqués à plusieurs reprises notamment en ce qui concerne les conditions de tournage et l'ambiance sur les plateaux. On apprend que les figurants du concert final avaient été payés chacun 5 dollars et que parmi les fans hystériques se trouvait un jeune garçon de 13 ans appelé Phil Collins. Tony Barrow se souvient de l'accueil triomphal du film et surtout du bon accueil de la presse où les critiques étaient sérieuses et intelligentes.
Hollywood et les Beatles - Walter Shenson, producteur du film (5min22)
Les protagonistes changent mais les propos deviennent sérieusement redondants. L'intervenant nous parle de sa carrière, la naissance du projet, les conditions de tournage, Richard Lester, les critiques... Walter Shenson est mort en 2000.
Liverpool, la sortie du film - Conférence de presse (2min25)
Voici un court mais précieux segment où les Beatles, attablés, répondent aux questions d'un journaliste et donnent leurs impressions sur le film. On appréciera les propos de John Lennon sur les « vrais » fans des Beatles qui ne sont pas des jeunes adolescentes hystériques mais des jeunes de leur âge.
A PROPOS DES BEATLES
Le Cinquième Beatles - George Martin évoque les chansons des Beatles
Sir George Martin, considéré comme étant le cinquième membre du groupe, dissèque toutes les chansons du film, de leur écriture à leur enregistrement. Il est probablement le seul au monde à pouvoir dire que telle chanson est populaire et commerciale (I should have known better), alimentaire (I'm happy just to dance with you), conventionnelle (And I love her) ou passable (Tell me why). Il insiste sur la pression qu'il leur mettait et sur le rythme qu'il leur imposait : un 45 tours tous les trois mois, un 33 tours tous les 6 mois sans oublier d'être toujours innovants et créatifs. Pour lui, pas de doutes, John Lennon était le cerveau du groupe et a signé les plus belles chansons des Beatles. Il ne s'attarde pas trop sur Quatre garçons dans le vent et préfère revenir sur les chansons entendues dans le long-métrage. C'est Richard Lester qui a voulu intégrer All my loving qui était une de ses chansons préférées. Quant à I wanna be your man, Martin estime que la voix de Ringo n'était pas terrible. Pour lui, George Harrison voulait être l'égal de Lennon et de McCartney qui rivalisaient déjà entre eux et qui ne lui laissaient que peu de place dans la « bataille ». C'est à George Martin que l'on doit le célèbre accord en introduction de Quatre garçons dans le vent, nécessaire selon lui afin de plonger directement les spectateurs dans le ton du film.
Souvenirs de Hambourg - Interview de Klaus Voormann, musicien et ami des Beatles (7min25)
Graphiste (ses belles œuvres illustrent ses propos), Klaus Voormann se souvient de sa jeunesse passée avec la bande des quatre alors qu'ils n'étaient que des musiciens débutants qui se produisaient dans les sous-sols de Liverpool. Comme il le dit, il les a connu affamés et sans le sou et peut se vanter d'être un véritable ami ayant toujours été là pour eux. Quant au film, il se souvient avoir retrouvé l'humour et la personnalité de chacun. A travers quelques images de tournage et du film, Voormann avoue que Lennon était mal à l'aise avec toutes les jeunes filles hystériques et qu'une blague l'aidait à détourner l'intention.
Un ouragan sur l'Amérique - Interview de Sid Bernstein (3min52)
Sid Bernstein était l'organisateur des concerts des Beatles aux Etats-Unis. Il est le premier à les avoir fait venir outre-Atlantique pour jouer dans la salle mythique de Carnegie Hall et être les invités prestigieux du Ed Sullivan Show suivi par des millions de téléspectateurs.
Regard sur les Beatles - Robert Freeman commente son livre de photos sur les Beatles «A private view» (13min50)
Freeman ne commente pas vraiment les photos issues de son livre mais tourne les pages les unes après les autres... pas vraiment intéressant dans le fond et les photos auraient gagné à être présentées dans une galerie de photos à part.
L'album «A Hard Day's Night» à travers le monde (16min46)
Comme son titre l'indique, Jacques Volcouve, fondateur du « club des Quatre de Liverpool », chroniqueur radio et de télévision, nous présente sa gigantesque et magnifique collection de disques issus des quatre coins du globe. Les collectionneurs seront aux anges mais aussi jaloux de cette magnifique collection de 33 et 45 tours d'éditions originales, limitées, de compilations, rééditions (variantes de couleurs, d'écriture), laserdiscs vidéo, livres, magazines, nouvelles issues du film, partitions, dossiers de presse, crayons et diverses cartes... du Japon au Chili en passant par la France jusqu'au Brésil. Ce supplément figurait déjà sur l'édition Wild Side de 2003.
Pour finir en beauté l'interactivité, vous retrouverez une galerie de 55 photos issues du tournage et du film, 7 pages d'affiches du film, des lobby cards (galerie de photo animée, photos promotionnelles, colorées, du film) et une partie ROM avec la possibilité de consulter ou d'imprimer le scénario du film en PDF.