Au DVD de Tabou revient sans conteste le prix de la plus belle image de la collection de MK2 dédié à Murnau. La copie tout d'abord est d'une rare propreté, les débris de pellicule sur l'intégralité du film se comptant sur les doigts d'une main. On réalise ainsi à quel point les films américains du cinéaste ont été mieux conservés que ses films allemands. Le transfert quant à lui est aussi soigné, l'image possède un beau piqué, les contrastes parfaitement respectés, et la compression sans faille. Un sans fautes de la part de MK2.
La musique composée spécialement pour le film par Hugo Riesenfeld nous est présentée dans un Mono de bon aloi, nettoyé de toute imperfection (aucun souffle ne vient nous perturber), clair et procurant un vrai plaisir pour les oreilles.
Comme unique bonus, MK2 nous offre un documentaire très court d'une quinzaine de minutes qui esquisse rapidement les relations conflictuelles entre Murnau et Flaherty. Humainement ils ne s'entendaient déjà pas beaucoup, mais Flaherty accusait en plus son collègue de manipulation scandaleuse. L'idée de départ de Flaherty était de filmer l'exploitation des autochtones par les blancs. Mais Murnau s'intéressait plus à filmer une histoire d'amour telle une tragédie grecque dans ce cadre non conventionnel qu'était les îles.
De même, entreprend ce qu'il appelle du cinéma architectural, c'est-à-dire un cinéma fortement influencé par la peinture où chaque geste et posture des interprètes a son importance. Ainsi, Murnau fait et refait faire les prises à ses interprètes, annihilant toute once de "réalisme documentaire" à la Flaherty. C'est donc Floyd Crosby, que l'on retrouvera plus tard en tant que chef op pour Le train sifflera trois fois/High Noon (1952) de Fred Zinnemann ou pour plusieurs films de Roger Corman dont La Chute de la Mainson Usher/House of Usher (1960) et La Chambre des Tortures/Pit and the Pendulum (1961), qui remplacera Flaherty.
Une semaine avant la première de Tabou, suite à un accident d'auto, FW Murnau meurt le 11 mars 1931. Greta Garbo aidera financièrement la famille Murnau à rapatrier le corps en Allemagne.
Le documentaire présente aussi quelques rushes de Tabou non utilisés par FW Murnau et qui serviront après sa mort, à son frère qui les montera pour en faire des petits documentaires sur la vie des les îles.
Seul (gros) bémol: le visuel du packaging. Moins choquant que les visuels de Faust ou de Nosferatu qui ne correspondent absolument pas à l'univers des films, il aurait été plus judicieux de la part de MK2 de reprendre la magnifique affiche originale.