Francis Ford Coppola retrouve son chef opérateur de L'Homme sans âge, Mihai Malaimare Jr et dispose une fois de plus d'une caméra HD, en l'occurence de la caméra Sony HDW-F900. A l'instar de l'ampoule électrique ouvrant le film, le master N&B concocté par Pathé est luminescent. De mémoire, nous avons rarement vu un N&B aussi dense, aux contrastes aussi vifs, une palette de gris si acérée, et les clairs-obscurs sont à couper le souffle. L'usage du cadre large permet de profiter d'une profondeur de champ abyssale, les détails sont confondants de beauté et il n'y a vraiment que certains plans rapprochés qui distinguent ce transfert SD de celui d'un Blu-ray, à cause d'une infime perte de la définition. Les quelques séquences en couleur bénéficient d'une gamme bariolée et bigarée renvoyant aux plus beaux Technicolor quand le réalisateur rend hommage aux Chaussons rouges de Michael Powell. Les autres scènes de flashback se caractérisent par un filtre jaune-orangé bien saturé et lumineux. D'une densité extraordinaire, ce master s'impose comme l'un des plus beaux réalisés par Pathé depuis l'histoire du support DVD. Profitez de la douzaine de captures ci-dessous pour vous en rendre compte.
Encore une fois, chapeau à l'éditeur qui livre deux sensationnels mixages 5.1. En français ou en version originale, les pistes 5.1 délivrent des effets étourdissants, les divers et nombreux morceaux musicaux bénéficient d'une ouverture maximale des enceintes et les latérales déversent leurs ambiances de manière continue. L'efficacité de ces mixages se manifeste dès la lecture du film avec la discrétion d'un papillon de nuit volant autour d'une ampoule électrique virevoltant de la latérale droite à la gauche pour enfin se poser sur les avants, avec grâce. Dès la première image, le spectateur est littéralement happé par les choeurs ouvrant le long métrage de Francis Ford Coppola. Les séquences intimistes sont canalisées sur les avant et les arrière assurent une atmosphère palpable. Lors des flashbacks, le mixage distille quelques effets transperçant les tympans à la manière d'un acouphène, comme lors de la scène de l'accident. Les aigus affûtés testent l'efficacité de votre installation, tandis que le caisson de basses représente de manière percutante les battements d'un cœur. Un procédé éprouvant réutilisé lors du final. Alors que la séquence de la réception assure aux enceintes de quoi se lâcher complètement, la musique classique atteint des pics de lyrisme et d'ardeur rarement égalés dans une édition SD. La qualité est telle que le simple froissement d'une feuille soufflée par le vent vous arrachera des frissons.
Mihai Milaimare, Jr : Directeur de la photographie de Tetro (8min29)
Après L'Homme sans âge, Francis Ford Coppola collabore à nouveau avec le chef opérateur roumain. A travers ce documentaire, des images montrent les deux hommes en étroite discussion durant le tournage, le tout commenté par le directeur de la photographie en personne. Ce dernier se penche sur les défis à relever quant à la réalisation d'un film en N&B et de jouer en permanence avec les contrastes, tout en exprimant ses premières inquiétudes quant à l'usage d'un énorme plateau blue-screen (35m de long sur 21m de large) destiné au tournage des scènes de ballet. Malgré sa courte durée, ce segment est judicieusement instructif.
Osvaldo Golijov : La musique née du film (9mn15)
Dans son studio où il enregistre la musique du film avec son quintet, le compositeur argentin de musique classique Osvaldo Golijov évoque la création des thèmes principaux de Tetro. Ayant déjà officié pour Francis Ford Coppola sur L'Homme sans âge, il déclare que sa partition devait selon lui restituer la blessure de Tetro et le début du voyage initiatique de Bennie son jeune frère, tout en retranscrivant la vitalité de Buenos Aires. Après avoir présenté ses musiciens, notre interlocuteur se retrouve à diriger un orchestre symphonique pour une session d'enregistrement qui vous donne une fois de plus des frissons. A ne pas louper !
Le ballet (8mn54)
Voici sans nul doute le supplément à ne pas louper puisque Francis Ford Coppola commente lui-même les images du tournage des scènes de ballet. Créées dans le but d'illustrer l'émotion au lieu de l'exprimer verbalement, ces séquences mises en place avec une célèbre chorégraphe sud-américaine ont été entièrement filmées sur fond bleu et supervisées par le cinéaste en personne. En voulant recréer un univers visuel proche du chef d'oeuvre de Michael Powell, Les Chaussons rouges, le réalisateur aborde les choix faits concernant les décors en images de synthèse se rapprochant du style et de la colorimétrie des années 50.
L'interactivité se clôt sur la bande-annonce (vo, vf, 1min54) ainsi que sur une galerie photos. Rappelons que le DVD et le Blu-ray Zone 1 contenaient également un commentaire audio de Francis Ford Coppola accompagné d'Alden Ehrenreich, ainsi que trois autres documentaires.