Afin de renforcer l'aura étrange émanant du film, Mauro Bolognini et son chef opérateur ont choisi d'auréoler la palette colorimétrique d'un voile luminescent (voir le blanc immaculé des blouses médicales) dans les scènes d'extérieur, tandis que les scènes se déroulant dans la clinique sont plus prononcées tout en baignant elles aussi dans une sorte de brume mystique, renvoyant parfois à un cauchemar éveillé. Ces partis-pris esthétiques posent toujours le même problème concernant la définition à savoir le respect du travail effectué sur la photo au détriment des détails et de la netteté de l'image attendus sur le support. Si la granulation fait partie intégrante de la photo, le grain est toutefois plus accentué lors de certaines séquences et dénature quelque peu l'homogénéité du master. La compression n'est pas toujours optimale, certaines petites poussières sont visibles, des flous inévitables ponctuent l'image et de ce fait, n'attendez pas un rendu ciselé des visages. Toujours est-il que ces "défauts" doivent être pris dans un contexte artistique, l'éditeur ayant pris soin de ne pas altérer les désirs esthétiques de l'auteur en préservant la texture originale de la photo.
Malgré un souffle chronique, cette piste mono demeure pleine d'ardeur surtout quand elle restitue avec acuité les ambiances multiples provenant de l'hôpital psychiatrique. La composition d'Ennio Morricone se révèle omniprésente et bénéficie d'un traitement de faveur en étant mise à l'avant plan, parfois au détriment de certains dialogues qui s'avèrent légèrement couverts. Le reste du temps, le mixage est fluide, sans accroc mis à part un ou deux craquements.
Préface de Jean A. Gili (10min15)
Dans cette introduction dense et plus longue que d'habitude, le désormais incontournable historien du cinéma replace une fois de plus Vertiges dans la filmographie de Mauro Bolognini en parlant du roman éponyme de Mario Tobino (Per le antiche scale en version originale), des lieux de tournage (une véritable clinique psychiatrique), le casting, ainsi que du thème de l'aliénation. En revanche, nous vous conseillons de visionner cette préface après le film si vous désirez en savoir le moins possible sur l'histoire auquel cas certains éléments clés vous y seront dévoilés.
Mauro Bolognini, au-delà du style - seconde partie (26min56)
Initié dans les suppléments de Liberté, mon amour !, ce formidable documentaire débute par les souvenirs du réalisateur concernant le tournage de Vertiges. Toujours en compagnie de Jean A. Gili, les anecdotes émouvantes, précises et amusantes s'enchaînent vite et sont qui plus est illustrées de nombreuses photo issues des tournages mentionnés. Les deux hommes se rendent ensuite dans les ateliers de la maison de couture Tirelli où Piero Tosi a créé les costumes pour les films de Mauro Bolognini. Parallèlement, Marthe Keller et Claudia Cardinale partagent également leurs souvenirs de tournage. Les deux hommes terminent cet entretien à la Villa Romaine en évoquant les projets avortés (un Casanova avec Marcello Mastroianni entre autre) ou futurs du réalisateur qui affirme ne pas encore avoir eu le temps de réaliser SON plus grand film.