Les Marches du Pouvoir
Le 25/10/2011 à 16:00
Par Assia Hamdi
Notre avis
8
10
Les Marches du Pouvoir est une fable qui parle habilement de politique, mais le sujet n'est qu'une toile de fond. C'est surtout la complexité de l'homme qui est mise en avant, et son comportement face au pouvoir, à l'ambition personnelle ou à la morale. Des thèmes universels évoqués avec réalisme, et menés par des personnages crédibles. Un film qui parle de coups bas, calomnies et de compromis sans jamais tomber dans la moralisation. Bref, un film très actuel. Découvrez ci-dessous Les marches du pouvoir : la critique ...
Les Marches du Pouvoir : Critique
Présenté début septembre en ouverture de la 68e Mostra de Venise, les Marches du Pouvoir pourrait bien être un des films de l'année. Adapté de la pièce de théâtre "Farragut North" de Beau Willimon, le film de George Clooney est un thriller politique qui nous emmène en Ohio, dans les coulisses d'une primaire démocrate pour l'élection présidentielle américaine. L'histoire des Marches du Pouvoir, c'est avant tout celle d'un jeune conseiller de campagne ambitieux - travaillant pour un gouverneur qui brigue la présidentielle américaine - qui va déchanter petit à petit. Au fil de l'intrigue, le film nous fait voyager dans l'envers du décor de la politique, avec son flot de rebondissements et de personnages charismatiques. A travers un casting exceptionnel, Les Marches du Pouvoir de George Clooney explore les facettes positives et négatives de la politique, telles que la loyauté, l'ambition ou encore la soif de pouvoir.
La première réussite de George Cloney est d'avoir choisi des acteurs capables d'incarner de manière crédible les personnages clé d'une campagne politique. Le quotidien des personnages et les relations qu'ils entretiennent entre eux ne sont ni exagérés ou atténués mais au contraire très réalistes. En témoigne le rôle titre de Stephen Meyer, conseiller de campagne carriériste du gouverneur Mike Morris incarné par Ryan Gosling (Crazy, Stupid, Love, Drive). Au départ, le bras droit du gouverneur, présent dans toutes les scènes du film, semble assez utopiste, mais surtout persuadé que son candidat est le meilleur. Pourtant, son opinion tranchée et idéaliste va évoluer au fil de l'intrigue... Progressivement, on découvre également d'autres personnages de l'arène politique, qui ne sont pourtant pas politiciens mais qui ont une responsabilité qui les mène au centre de la bataille. Ces seconds rôles ajoutent une dimension réaliste et actuelle au long-métrage - par exemple, la journaliste Ida Horowicz, (Marisa Tomei), une sorte de Patti Smith de la presse partagée entre son besoin de faire ami-ami avec les politiques pour dénicher les scoops avant tout le monde, et sa volonté de garder le plus de neutralité possible dans la campagne. Une campagne menée par Paul Zara et Tom Duffy (Philip Seymour Hoffman et Paul Giamatti), deux directeurs expérimentés qui se détestent et luttent tous deux pour l'élection de leur candidat, et dont la relation rivale et empreinte de coups s'avère savoureuse.
Les Marches du Pouvoir tient enfin sa réussite de ses dialogues, souvent percutants et bourrés d'ironie et de piques assassines. D'ailleurs, George Clooney a vraisemblablement tenté de montrer ce qui rend si particulier le monde de la politique : l'ambition extrême des personnages centraux que sont Stephen Meyer et Mike Morris. Une ambition parfois même à la limite du carriérisme - c'est-à-dire totalement dénuée de scrupules - qui justifie les petites manigances dont sont capables certains pour arriver au sommet. Le rôle clé de Mike Morris, lui, est incarné par George Clooney qui revêtit dans Les Marches du Pouvoir, la double casquette acteur-réalisateur. Il a justifié ce choix en plaisantant : "Je joue le rôle parce que personne n'en voulait". Mike Morris est un des personnages clés du long-métrage et l'avancée de l'intrigue va avoir un impact sur son comportement et sur les rapports qu'il entretient avec Stephen Meyer. Absent de la pièce de Farraguth North, ce gouverneur donnera plus de poids au déroulement du film ...
Mais un rebondissement auquel on ne s'attend pas va mettre en lumière un personnage un peu mis de côté jusqu'ici, en la personne de Molly, la stagiaire qui travaille pour le gouverneur, et qui va malgré elle complètement changer le sens du film, pour le plus grand plaisir des amateurs de suspens. A partir du retournement de situation, plusieurs personnages vont être face à un dilemme. On se rend alors compte que le long-métrage est adapté d'une pièce de théâtre : Les Marches du Pouvoir n'apparaît plus comme une fable et devient une tragédie au sens propre du terme, avec son lot traditionnel de victimes et de coupables. La réussite de George Clooney est également d'avoir poussé ce suspens jusqu'à la fin du film, qui arrive hélas bien trop tôt. Reste à savoir quel est le scandale qui va entacher cette élection et quelles en seront les conséquences...