L'Etrange Noel de Mr Jack en 3D
Le 11/10/2007 à 12:30Par Arnaud Mangin
L'Erange Noël de Mr Jack bénéficie d'une nouvelle jeunesse grâce à ce procédé inédit de diffusion en 3D. Mais plus qu'une nouvelle expérience, il est prescripteur du cinéma du futur et laisse entrevoir l'évolution du cinéma dans les prochaines années, qui sera notamment marqué par Avatar de James Cameron. A voir absolument !
Si la fin du mois d'octobre permettra à l'actualité cinéma de se fondre dans l'industrie horrifique propre à Halloween, le véritable challenger cette année est un petit vieux de la vieille revenant sur le début de la scène, 13 ans après sa première exploitation salle. Et comme L'Etrange Noël de Monsieur Jack confond justement les univers antinomiques que sont la fête des morts et noël, Disney nous offre là un beau cadeau. En effet, alors que l'idée pouvait laisser certains d'entre nous un peu dubitatifs, la démonstration "3D" se montre particulièrement époustouflante : chaussés de nos lunettes à cristaux liquides, nous avons redécouvert le film dans une définition inédite, retravaillé image par image, et offrant une profondeur de champ encore impensable dans une salle de cinéma traditionnelle. Jack, ses amis, les arbres, les maisons, les nuages (ah, les nuages) sont là devant nous et l'on peut laisser voguer notre regard aux quatre coins de l'écran pour discerner à quelle distance se situe tel ou tel élément. Numérique oblige, la définition aidée par le relief en question, s'impose comme l'une des plus abouties sur un écran de cinéma. Ce n'est pas juste net, c'est là, sous nos yeux !
Ce master digital 3D a totalement été travaillé au sein des studios Disney avec l'aide d'ILM et supervisé par le producteur Tim Burton ainsi que par son réalisateur. Durant de longues semaines, chaque élément de chaque profondeur de champ de chaque plan aura bénéficié d'un cache numérique pour être restitué dans un univers 3D virtuel. L'intérêt de la chose ? Simuler un angle différent, comme si une seconde caméra était utilisée lors du tournage d'origine. On se retrouve ainsi avec un angle pour chaque œil permettant de mieux discerner le volume du spectacle. Autant dire que l'expérience mérite un sérieux coup d'œil. D'une part parce qu'il ne s'agira jamais d'un simple gadget cherchant à tout prix à envelopper le spectateur dans un univers où tout tourne autour de lui alors qu'il essaiera d'attraper l'image en tendant la main.
C'est justement ce genre de manœuvre qui rendait futile les spectacles 3D proposés à ce jour et limités à la simple démo. Non, cette 3D-là offre purement et simplement une nouvelle façon de regarder un film. Le spectacle n'est plus à plat comme lorsque l'on se penche sur une photographie et offre une profondeur de champ proche de ce que nous pouvons regarder dans la vraie vie. Un nouveau regard qui demandera d'ailleurs un certain effort durant les premières minutes puisque par réflexe, plus l'on sera près de l'image, plus l'œil ira chercher l'info sur la scène pour savoir quel personnage parle, quel véhicule se déplace et quel élément basculera du net au flou selon les mouvements de caméra ou les mises au point. Et si l'on utilise le mot "scène", c'est parce que l'on a parfois plus l'impression d'être au théâtre où déambulent de très grands jouets que devant un film argentique.
Si les Américains ont totalement reconstruit la scène du film, la technologie qui nous a permis de la découvrir chez nous, en plein Paris, est bien française. Sans trop entrer dans les détails, la société Volfoni s'adresse donc aux exploitants équipés de projecteurs numériques (engins qui se démocratiseront, on l'espère) et leur propose de les customiser pour découvrir les films anciens et futur qui utiliseront cette technologie. En vingt minutes chrono, une salle de projection numérique classique se transforme alors en petit Futuroscope via un système de retransmission par infrarouge. Des têtières sont installées sur le fauteuil devant soi, avec les lunettes dans une poche. Il suffit de tendre la main. On oubliera dores et déjà tout ce que le cinéma gadget a longtemps revendiqué comme étant de la 3D où, équipés de machins bidouillés de vert et de rouge, on assistait au déprimant spectacle d'objets ou de mains s'avançant devant l'objectif avant de sortir de là avec un sérieux mal de crâne. Ici le confort est tout autre : projecteur numérique unique et film sur disque dur bannissant tous les défauts de la pellicule, ainsi que des nouvelles lunettes réagissant par infrarouge (comme évoqué plus haut) avec le même projecteur. Le film défilant à 144 images par seconde, le projecteur alterne les variances de focale pour chaque œil et le spectateur ne se rend compte de rien.
Nous avons pu découvrir cette version totalement remise à neuf de L'étrange Noël de Monsieur Jack dans la salle principale du cinéma Le Publicis, à deux pas de l'arc de Triomphe. Le film y sera projeté publiquement (entre autres salles en France) dans les mêmes conditions à partir du 24 octobre prochain.
Deux autres films sortiront en 3D sur Paris cette fin d'année : Beowulf de Robert Zemeckis et Bienvenue chez les Robinsons des studios Disney.