Astro Boy
Le 27/11/2009 à 10:29Par Caroline Leroy
Notre avis
Découvrez ci-dessous la critique de Astro Boy
Devenu icône absolue du manga depuis sa création en 1951 par le grand Osamu Tezuka, Astro fait peau neuve cette année à travers Astro Boy, un film d'animation en 3D réalisé par David Bowers (Souris City) et coproduit par Hong Kong, les Etats-Unis et le Japon. La première série télévisée consacrée au petit héros remonte à 1963 : produite par Mushi Production, la société de Tezuka, elle compte pas moins de 195 épisodes et n'est autre que la toute première série d'animation japonaise. Tezuka en tire en 1964 un long métrage d'animation avant de mettre en chantier beaucoup plus tard, au début des années 80, une deuxième série qui sera diffusée en France en 1986 sous le titre Astro le petit robot. Enfin, une troisième série animée est diffusée en 2003, deux ans après l'abandon d'un second projet d'adaptation cinéma. L'implication du studio hong-kongais Imagi, à qui l'on doit entre autres TMNT : Les Tortues Ninja de Kevin Munroe, explique sans doute que le projet ait fini par aboutir après tant d'efforts. Comme on pouvait s'y attendre, le résultat, s'il n'est pas honteux, porte toutefois les stigmates de cette longue et pénible gestation.
On peut légitimement regretter le choix de la 3D lorsqu'il s'agit d'Astro mais la démarche s'inscrit dans l'air du temps et les Américains ont malheureusement perdu depuis belle lurette toute foi en la magie de l'animation traditionnelle en 2D. Soit. Le travail réalisé par Imagi Studios sur cette adaptation d'envergure d'Astro Boy s'avère être de bon goût, assez en tout cas pour nous faire accepter sans trop de difficulté la modernisation du mythe. Certes, les expressions du visage d'Astro en particulier ne parviennent jamais à rivaliser avec la force qui émane du trait arrondi et épuré de Tezuka, mais le personnage n'en reste pas moins mignon et assez attachant tout au long du film. De même, le parti pris de décors aux lignes fluides et plus dépouillées que de coutume dans un film d'animation en 3D n'est pas désagréable à l'oeil, et témoigne en outre de l'intention louable de David Bowers et du studio de ne pas en faire trop inutilement tout en conservant une véritable cohérence artistique. Visuellement, Astro Boy est joli, mais c'est là peut-être sa seule véritable qualité.
Si l'on excepte les oeuvres indépendantes ou celles du studio Pixar, les réalisateurs américains ont du mal à dépasser le stade du simple film pour enfants lorsqu'il s'agit d'animation, une évolution calquée sur celle des longs métrages produits par Disney depuis le début des années 90. Les codes sont toujours plus ou moins les mêmes, avec des personnages archétypaux (à 90% masculins), des situations très calibrées et bien entendu les indispensables créatures supposément rigolotes qui serviront ensuite à vendre un maximum de produits dérivés (ici un duo de robots pas très futés en pseudo-rebellion contre les humains). Le maître mot de la démarche qui motive la production semble être de ne laisser survivre aucune zone d'ombre à l'intérieur du film, de dispenser à tout prix le jeune public de tout effort d'interprétation afin, sans doute, de ne pas le "perturber".
Astro Boy entre exactement dans ce cadre, avec son intrigue linéaire débarrassée de tout élément dérangeant en dépit de la teneur finalement assez dramatique de son sujet. Substitut du fils défunt du professeur Tenma, Astro le robot est injustement renié par son Gepetto de père et doit se débrouiller seul parmi les exclus pour trouver sa place dans le monde. Si l'ensemble reste une fois de plus sympathique à regarder, il ne s'en dégage aucun véritable moment fort - le montage lui-même l'interdit avec son rythme monotone - en dépit de plusieurs tentatives (la scène de combat dans l'arène entre Astro et ses semblabes, par exemple). Le message du film ne nous est pas suggéré comme cela aurait pu être le cas dans un film japonais, mais il nous est dit avec des mots sans équivoque par l'un des personnages. Cette manière didactique d'envisager le spectacle à destination du jeune public en vient malheureusement à tuer l'émotion. On aurait souhaité davantage d'audace de la part de David Bowers, qui ne signe là qu'un film charmant pour les moins de douze ans, au lieu de faire rêver petits et grands devant les prouesses d'un héros immortel.