Balles de feu
Le 02/07/2008 à 16:06Par Michèle Bori
Scénario inexistant, comédiens en roue libre, dialogues à contretemps, mise en scène quelconque, humour bas du front lorgnant parfois involontairement (ou pas ?) vers le racisme le plus primaire, tel est le programme de Balles de feu, la comédie pas drôle de Ben Garrant. Si vous voulez rire, repassez-vous la bande annonce, elle est nettement plus fun que le film.
A vrai dire, à la vision de la première bande annonce de Balles de feu (qui date de près d'un an et demi quand même), on imaginait déjà ce croisement improbable entre Shaolin Soccer, Dodgeball et 25 minutes de Forrest Gump comme le point d'orgue d'un double programme du vendredi soir (avec un bon petit American Pie 5 en guise d'apéro), avec Timbaland en fond sonore, une demie douzaine de pizzas, deux gros packs de bière et Smash Browl pour s'achever les bras sur le coup des 2h du mat'. Hélas, Metropolitan Filmexport en aura décidé autrement. Et ce qui aurait du rester à jamais comme un direct-to-dvd bien débile comme on les aime se voit donc offrir la sortie salle que certaines perles d'humour régressif comme Idiocracy ou Ricky Bobby roi du circuit s'étaient injustement fait refuser. Hélas, oui, car en face des films de Mike Judge et d'Adam McKay qui s'étaient immédiatement révéler cultes aux yeux des inconditionnels d'humour décérébré, celui de Ben Garrant ne fait malheureusement pas illusion bien longtemps. « Monde de merde » comme dirait Georges.
Dix minutes montre en main pour être exact, le temps d'expédier une séquence pré-générique assez sympa et de nous présenter le personnage principal, c'est le temps qu'il nous aura fallu pour comprendre que Balles de feu était tout sauf le gros délire annoncé. On passe rapidement sur le scénario (sorte de resucée de Mortal Kombat version ping-pong) dont on n'attendait franchement rien, et sur la mise en scène molle de la fesse (où seuls deux ou trois bullet-time durant de soporifiques matchs de tennis de table à peine digne d'une partie de Wii-play viennent justifier le budget SFX), pour s'attarder un peu sur ce qui fâche vraiment, à savoir l'humour du film. En vrac, dans Balles de feu, les chinois font tous du karaté, les latinos américains récitent les dialogues de Scarface, le héros du film est gros et n'arrive pas à tenir debout, les femmes ne sont là que pour gigoter leurs formes sous les yeux de pervers. Entendons-nous, chez Filmsactu, on n'a rien contre les vannes racistes, homophobes, anti-obèses, misogynes et scatophiles... à condition que ces dites vannes soient bien écrites et servent un discours un minimum conséquent. Comme le rappeler très justement l'ami Mangin dans sa désormais célèbre critique de Spartatouille, si des mecs comme Trey Parker et Matt Stone ont réussi à tenir douze ans en racontant des horreurs sur une télévision nationale américaine, c'est parce que leur série culte South Park dispose toujours d'un fond pertinent. Ce n'est pas le cas de Balles de feu. Du coup, le film n'est pas drôle et tombe parfois dans la vulgarité la plus crasse. CQFD.
Dès lors, difficile de trouver quelque chose à sauver dans ce film. On aurait bien aimer dire que Christopher Walken parvenait à lui seul à justifier le déplacement en salle, mais même lui n'arrive pas à tirer son épingle du jeu dans son costume qu'on croirait récupéré dans les cartons de John Carpenter après le tournage des Aventures de Jack Burton dans les griffes du mandarin. Et que dire du pauvre Dan Folger, catapulté héros malgré lui et devant tenir tout le film sur ces larges épaules alors qu'il est loin, mais très loin, d'avoir le charisme et le potentiel comique d'un Jack Black (qu'il singe pendant toute la durée du film), d'un Ben Stiller ou d'un Will Ferrell. Etant donné que même les distributeurs américains ont tout tenté pour faire croire que c'était Walken le personnage principal du film (alors qu'il n'arrive qu'au bout de 40 minutes !), on imagine bien le comédien jouer les sidekick de service encore quelques années (comme c'était le cas dans Good Luck Chuck) avant de pouvoir accéder à la catégorie reine des stars comiques hollywoodiennes. Enfin, on se demande toujours comment la sublime Maggie Q s'est retrouvée à tourner la dedans. Des impôts à payer peut-être ?