Beast : critique du survival qui oppose Idris Elba à un lion
Le 27/11/2023 à 18:35Par Pierre Champleboux
Ni brillant ni navrant, Beast propose une traque ininterrompue de 90 minutes et offre le spectacle attendu, ni plus ni moins. Bien filmé, multipliant les plans séquence pour mieux immerger les spectateurs, ce face à face entre Idris Elba et un lion en colère fait le job, sans fulgurance. Plutôt creux sur le fond et peinant à rendre ses personnages attachants, Beast ne marquera pas les esprits. Et si les effets spéciaux et le sound design sont de qualité, force est de constater que le lion en images de synthèse ne terrifie jamais vraiment, aussi réaliste qu’il soit. On ne s’ennuie pas devant Beast, mais une fois le générique de fin arrivé, le film est vite oublié.
(critique publiée le 23 août 2022 à la sortie au cinéma de Beast)
Dans Beast, Idris Elba interprète un papa médecin dont l’épouse est récemment décédée. Pour aider ses filles à faire leur deuil, il les emmène en Afrique, là où leur mère a grandi. Malheureusement, au même moment, des braconniers sans foi ni loi ont abattu la famille d’un lion, et ce dernier est désormais déterminé à tuer sans discernement tous les humains qu’il croise. Parmi les malheureux qui se trouvent sur son chemin, on retrouve bien entendu le personnage interprété par la star de la série Luther et ses filles. La famille va devoir se serrer les coudes pour survivre aux attaques du féroce animal lancé à leurs trousses.
Mis en boîte par Baltasar Kormàkur (réalisateur de Two Guns et À la dérive) Beast est plutôt court et dépourvu de temps morts. Et si le lion en CGI reste toujours à nos yeux un lion en images de synthèse, on doit pourtant saluer le rendu de ce dernier, particulièrement soigné, notamment lorsqu’il s’agit de l’éclairer. Par ailleurs, pour rendre ce thriller plus immersif, le réalisateur use à maintes reprises de longs plans séquences mouvementés, tous maîtrisés. Mais malgré tout, la magie n’opère pas. On ne s’ennuie pas, mais on ne se sent jamais vraiment angoissé pour les héros de ce film d’action de fin d’été.
La faute tout d’abord à un scénario qui tiendrait sur une feuille A4 et qui, après nous avoir présenté le père de famille comme un mauvais père, ne tente jamais réellement de nous le rendre attachant. Certes, l’homme redouble d’efforts pour sauver sa progéniture des griffes du fauve, et le charisme naturel d’Idris Elba sauve de justesse ce protagoniste de l’antipathie. Mais à l’exception d’une séquence finale qui tente maladroitement de raccrocher les wagons et de nous montrer que celui-ci a fait des efforts pour renouer avec ses enfants, ce “héros” ne nous semble jamais attachant, de même que ses filles, dont les personnalités ont été à peine esquissées par le scénariste de Beast.
On peine également à comprendre la position du film quant aux animaux, tant tout est tenté pour rendre le lion flippant, et qu’en même temps, le long-métrage est parsemé de critiques des braconniers et de leurs pratiques barbares. Nous n’attendions pas une réflexion poussée sur le sujet, mais on ne comprend pas tout à fait ce que tente de nous dire Beast à ce propos.
Enchaînant les séquences déjà vues (on se réfugie dans une voiture, on appuie sur le champignon et le véhicule et ses occupants se retrouvent coincés au bord d’une falaise… Plus loin, un valeureux personnage secondaire décide de se sacrifier en enflammant de l’essence avec son briquet…), manquant de cœur, d’âme et d’identité, Beast demeure un film correctement mis en boîte, mais aussitôt l’a-t-on vu qu’on l’a déjà oublié. On a vu meilleur survival, et Idris Elba méritait mieux que cette sucrerie estivale sans saveur.
On recommande à celles et ceux qui souhaitent profiter d’un bon film de traque de lion de (re)visionner l’excellent L’Ombre et la proie de 1996, réalisé par Stephen Hopkins (Predator 2) avec Michael Douglas et Val Kilmer.