Ce soir je dors chez toi
Le 09/11/2007 à 12:52Par Michèle Bori
Librement adapté de la bande dessinée de Dupuy et Berberian Monsieur Jean, Ce soir je dors chez toi est la première réalisation du « O » de Kad et O. Désireux de montrer qu'il était aussi à l’aise derrière une caméra que derrière un pupitre du camoulox, Olivier Baroux de son vrai nom a eu l’excellente idée pour son premier bébé de ne pas chercher à singer les sketchs qui ont fait le succès du duo comique et les beaux jours de la chaîne Comédie.
En effet, si les deux compères avaient pour habitude de piller dans les grandes largeurs les standards du cinéma Hollywoodien (que ce soit à la télévision où dans leurs précédents films), O tout seul nous offre une petite histoire d’amour légère et sans prétention sur la peur de l’engagement. Trop légère peut-être, puisque malgré l’étonnante sincérité qui se dégage du métrage, on en voit vite arriver les ficelles et les limites, notamment du point de vue de l’évolution des personnages : en gros, toute l’histoire n’est qu’un prétexte à Alex pour découvrir son véritable amour pour Laetitia… original non ? Le problème est le même pour la narration du récit qui n’est qu’une suite de séparations et de réconciliations.
Difficile donc de ne pas voir dans la relation entre Alex et Laetitia une petite similitude avec celle qui lie les deux anciens animateurs de Nova. Sans rentrer dans l’analyse de bas étage, on peut voir dans la prise de conscience d’Alex une sorte de message de la part d’O qui avoue à demi-mot vouloir être traiter sur le même pied d'égalité que son ami césarisé, ce qui n'avait pas été le cas jusqu'à maintenant. Mais le metteur en scène semble tout à fait s’en accommoder puisqu’à aucun moment il n’a la prétention de "poêter" plus haut que son histoire. Il se permet même un petit moment de grâce sur les dernières bobines en envoyant ses héros dans la grosse pomme et sur les traces de grands noms de la romance made in US. Heureusement pour eux (les héros), car malgré la vive sympathie qu’ils nous inspirent et l’apparente complicité qu’il semble y avoir entre les trois acteurs principaux (Rouve, Doutey et Kad Merad) ils n’arrivent à prendre vie sur la pellicule qu’à des trop rares occasion et nous offrent trop peu de sourires pour pouvoir faire décoller le film vers de plus mémorables sommets.
La faute encore une fois à un manque d’ambitions dans la caractérisation, Olivier Baroux s’étant « juste » contenté d’appliquer à la lettre les règles de la comédie romantique. Pourtant, difficile de rejeter la faute sur O, qui n’a pas vraiment choisi la solution de facilité en s’attaquant à un genre essoufflé depuis bien longtemps et qui contrairement aux idées reçues (notamment au sein du système de production hexagonal) n’est absolument pas simple à aborder, encore moins à sublimer.