Les Petits Princes : la critique du film
Le 26/06/2013 à 09:00Par Marine Le Gohebel
Notre avis
En développant les histoires secondaires et en traitant avec égards les rôles secondaires, Les Petits Princes parvient à faire d'un scénario classique de téléfilm un premier film globalement réussi, frais et sincère. Découvrez ci-dessous notre critique du film Les Petits Princes.
Une route de campagne. Un jeune homme en moto. Les mains sur le guidon. Un casque sans visière. Qu'importe les larmes causées par le vent et la vitesse, qu'importe les risques, il accélère. Toujours plus vite. Jusqu'à la chute. Ces scènes constituent la séquence d'ouverture du film Les Petits Princes. Le premier film de Vianney Lebasque - connu pour sa participation à la série Bref et pour son premier court-métrage remarqué Unza Unza. C'est également une préfiguration. Le fil rouge qui traverse le film. Qu'importe les risques encourus, ces « petits princes » iront jusqu'au bout.
Ces « Princes », ce sont ces adolescents qui quittent leur famille tôt pour rejoindre les centres de formation et poursuivre leur rêve, celui de devenir footballeur professionnel. Pour mener à bien la réalisation de son premier long-métrage, Vianney Lebasque a puisé dans son expérience personnelle. Adolescent, il rêvait de devenir footballeur professionnel. Une blessure brisera ses ambitions. Le réalisateur nous emmène donc dans ces centres où se forment les futurs Ribéry, Nasri et Benzema en suivant le parcours de Jean Baptiste, alias JB.
Remarqué sur Internet, JB quitte sa campagne natale pour rejoindre la capitale. Malgré une malformation cardiaque et les mises en garde, JB falsifie ses bilans de santé et intègre le centre de formation. Espoirs, désillusions? amitiés, trahisons et premiers flirts constituent les principaux ressort de ces « Yeux dans les bleus » à la sauce adolescente.
Les enjeux : la supercherie de Jean-Baptiste sera-t-elle découverte ? Sera-t-il capable de mettre sa vie en danger pour accomplir son rêve ? Un film classique tant dans sa réalisation que dans son scénario. Les similitudes avec La Cité Rose – premier film de Julien Abraham – sont nombreuses. Les points forts et les écueils sont les mêmes.
Si l'on regrettera de nombreux raccourcis dans le traitement de son sujet, les Petits Princes se démarque toutefois par son côté frais, léger et sincère qui le rend efficace. Même si le réalisateur semble hésiter entre la réalisation d'un film populaire et un film d'auteur, il a l'intelligence de brasser large. Que les allergiques du ballon rond se rassurent, le film ne parle par uniquement de football, faisant s'entrecroiser en effet de nombreuses histoires. Celles du père de JB, agriculteur rejeté par son fils, du copain de chambre qui a quitté le Togo pour poursuivre son rêve, de Selim qui vit dans l'ombre de son grand frère star-vedette d'un grand club, de l'entraîneur rongé par ses remords d'avoir échoué et enfin, de Lila qui a tapé dans l’œil de notre star en devenir et qui est une passionnée de street-art. Usant des mêmes mécanismes que Jappeloup (qui, à en juger par les chiffres du box-office, n'a pas rebuté les novices en équitation) les Petits Princes s'adressera donc à beaucoup.
L'une des forces de ce film est en effet de dépasser le simple sujet du football et de ne pas se concentrer uniquement sur la destinée de JB. Les personnages secondaires ont été travaillés et sont tous porteurs d'une histoire particulière. Le réalisateur aurait pu se perdre en traitant tous ses sujets de front. Il n'en est rien. Cette prouesse tient également à l'intelligence de son casting. Autour de Paul Bartel (Les Géants) qui prête ses traits à JB, Eddy Mitchell – l'entraîneur, vieux loup de mer dont le phrasé rappellera à certains celui de Jean-Louis Nicollin-, Reda Kateb (Zero Dark Thirty, Un prophète), Samy Seghir (Neuilly sa mère) ou encore Olivier Rabourdin.
On regrettera toutefois que l'humour se situe souvent "au dessous de la ceinture". L'entraîneur ne veut pas faire jouer « des lopettes » (ou des « danseuses »); ;n'en déplaise à Vikash Dhorassoo, l'insulte suprême reste de se faire traiter de "pédé" (ces joueurs en devenir ne se destinent visiblement pas à jouer pour le Paris Foot Gay...) ; un jeune joueur blanc se fera évidemment affublé du surnom de « jambon-beurre » et l'on retiendra aussi "qu'il ne faut pas se fier aux réticences des jeunes filles"... S'ils brillent sur le terrain, ces jeunes joueurs ne brillent pas toujours par leur intelligence. Réalité ou non, on aurait, quoiqu'il en soit, aimé avoir un peu plus d'espoir pour de futures stars nationales...
JB devra donc se battre pour se faire intégrer et lutter contre son cœur pour accéder au sommet. Le film s'achève sur les parcours des joueurs. Peu sont passés professionnels. Certains se sont réorientés. D'autres n'ont connu qu'une carrière brève ou ont longtemps essuyé le banc des remplaçants. Comme pour mieux rappeler que les chemins sont sinueux avant d'atteindre les sommets et que peu y parviennent...