Destination finale 4 - 3D
Le 14/08/2009 à 10:38Par Arnaud Mangin
Destination finale, comme n'importe quelle destination, a un point d'arrivée. Ce quatrième film démontre justement qu'on l'a définitivement atteint, noyé qu'il est dans un désintérêt effarant de la part de son réalisateur, persuadé que pousser à son paroxysme le délire dans les mises à morts débiles suffira à assurer le spectacle. Comme un mauvais porno sans aucune scène de transition, le bazar cumule vulgairement le charclage en règle avec du numérique baveux avant de lasser au bout de trois ou quatre démonstrations. Les curieux doivent en revanche se frotter à la version 3D, puisqu'il s'agit du seul atout et intérêt de ce spectacle ronflant...
Si même la grande faucheuse traîne des pattes, où allons-nous ? En effet, outre sa 3D (pas mal fichue, au demeurant), la seule chose qui pouvait nous faire retourner une fois de plus vers l'aventure Destination Finale, c'est le retour derrière la caméra de David R. Ellis, réalisateur dingue et généreux qui s'est spécialisé dans les pitchs profondément crétins transposés avec fun sur grand écran. On lui doit surtout sa boucherie d'orfèvre Destination Finale 2, sans le moindre doute l'opus le plus divertissant et le plus réussi de la franchise. Malheureusement, le cinéaste semble avoir radicalement perdu de sa fougue et met en chantier l'épisode de trop dans un mode automatique sans la moindre inspiration. Le produit cache à peine ses ambitions : il fallait juste faire un film en 3D et basta ! Si le quota de victimes se montre particulièrement élevé, le film brille par sa totale perte de contrôle et s'impose plus comme une attraction à rallonge hyper mal fagotée que comme une expérience de cinéma quelconque. Enfin, pire que tout, ce n'est même plus fun...
Sur l'autel d'une révolution à deux balles, Destination Finale 4 (The Final Destination, en VO, comme pour se démarquer des autres films) semble assumer la médiocrité de son histoire, toujours la même (un gus qui voit ses amis mourir dans un carambolage pendant une course de Nascar, et qui se rend compte qu'il les condamne malgré tout en leur évitant la catastrophe), au point de ne plus s'embarrasser d'un quelconque fil rouge. Pas d'intrigue, pas d'enquête, pas d'explication (ce n'est pas plus mal vu que tout a déjà été dit) et même pas de vrais personnages cherchant à conjurer le sort. Le film se contente d'enchaîner non stop les mises à mort les plus tordues en prenant soin de charcuter tout ce beau monde avec des outils encore différents de ce que l'on a vu auparavant. Le problème, c'est que sans un début de miette d'histoire ni de personnages, on se fout royalement de tout ce qui se passe, de ce déferlement de carnages plus grotesques les uns que les autres.
Et oui, Destination Finale 4 a beau essayer d'être inventif, on s'en cogne royalement ! Pire encore, le sadisme exacerbé de ceux qui ont écrit le machin ne limite le film qu'à des mises en places accidentelles plus aberrantes les unes que les autres avec une surenchère de gags qui confine à une lourdeur pesante. C'est évident, les trois films précédents ont fait le tour du schmilblick, et la mascarade tourne en rond, mais surtout à vide. Les efforts sont louables, mais ne servent pourtant à rien. Ce n'est pas faute d'avoir essayé : on ne compte plus les boîtiers électriques ouverts à côté d'une source d'eau, les engins défectueux ou les manches à balais qui, en tombant, renversent ou actionnent un quelconque système. Ensuite, c'est un peu la cour des miracles, avec une séance de carwash la tête coincée dans le toit ouvrant, une visite chez la coiffeuse qui part dans tous les sens, un escalator qui transforme les passagers en steaks hachés ou même un joyeux dégorgement anal dans la conduite aspirante au fond d'une piscine...
C'est vulgos au possible, ultra poussif, essayant de pousser de force le nawak dans ses derniers retranchements, mais malgré des efforts puérils destinés à essayer de nous arracher des rires vicelards, la farce ne prend pour ainsi dire jamais. On se retrouve un peu devant le syndrome Saw, le premier degré sérieux en moins, avec la réflexion ultra limitée de l'équipe à fournir en pâture à son public un gros délire crapouillot. Pas de bol, les concepts auto-caricaturaux ont leurs limites, et les livrer comme une espèce de compilation best-of crétine nous empêche purement et simplement de rentrer dedans. Qu'on aille voir un film comme celui-ci pour s'éclater, c'est une bonne chose. Que ses créateurs s'en rendent compte et essaient de mettre le paquet en est une mauvaise ! Destination Finale 4 n'est donc pas seulement l'épisode le plus raté (même l'hommage à Au revoir à jamais ne prend pas), c'est aussi le plus assommant...