Alien Romulus : un Alien 1.5 qui impressionne - notre critique
Le 13/08/2024 à 23:56Par Pierre Champleboux
Visuellement somptueuse, cette nouvelle rencontre avec les xénomorphes frappe fort, utilisant le fan-service à bon escient et offrant un rythme qui monte crescendo jusqu’à un final spectaculaire… Peut-être même un peu trop.
Le dernier quart d’heure est un brin too much, mais ne boudons pas notre plaisir : on a enfin un nouvel opus de la franchise qui se situe dans la veine d’Alien et Aliens le Retour, avec un léger soupçon de Prometheus et un zeste du jeu Alien Isolation.
Seule véritable ombre au tableau : certaines séquences d’action sont parfois confuses. Mais l’ensemble est si maîtrisé et généreux qu’on pardonne très vite au cinéaste uruguayen ses quelques scories.
Retour aux sources réussi pour Alien : Romulus
Depuis combien de temps n’avions-nous pas eu un « vrai » film Alien ? Alien: Covenant de Ridley Scott a déjà 7 ans, mais le moins que l’on puisse dire, c’est que cet opus n’avait pas vraiment fait l’unanimité, de même que son prédécesseur.
À la même période, de nombreux fans ont guetté fiévreusement la sortie du projet de Neill Blomkamp, qui devait être une suite alternative à Aliens le Retour et nous plonger dans une ambiance à mi-chemin entre celle du chef-d’œuvre de James Cameron et celle de District 9… mais les choses ne se sont pas passées comme prévu, et le revival de la période 80’s de la franchise a été tué dans l’œuf par la 20th Century Fox, malgré l’enthousiasme exprimé par Sigourney Weaver et James Cameron à l’époque.
Mais depuis, Disney a racheté la Fox, et le studio aux grandes oreilles semble avoir de la suite dans les idées quand il s’agit de donner un coup de jeune aux franchises aussi vieillissantes qu’en perdition…
Après avoir ressuscité le Predator avec le Prey de Dan Trachtenberg, ce sont maintenant les xénomorphes imaginés par H.R. Giger et Ridley Scott qui ont droit à un coup de jeune.
Comme ce fut le cas pour Prey, le parti pris scénaristique est ici de raconter une histoire parallèle aux films précédents.
Alien 1.5 : pas de Ripley mais du Prometheus dans Romulus
L’action d’Alien : Romulus se situe chronologiquement entre les longs-métrages de 1979 et 1986, et si Ripley n’y apparaît évidemment pas, on y retrouve des éléments directement issus de la carcasse du Nostromo… dont nous ne révélerons rien ici, pour ne rien « divulgâcher ».
Sachez simplement que l’intrigue est centrée sur une petite bande de jeunes colons de l’espace qui rêvent de fuir la planète minière sur laquelle on les exploite, et pensent avoir trouvé le moyen de s’échapper lorsqu’ils localisent une épave qui pourrait contenir le matériel nécessaire à leur évasion. Mais lorsqu’ils montent à bord de ce qui semble être une station spatiale abandonnée, ils découvrent bientôt qu’ils ne sont pas seuls à bord et qu’il va leur falloir lutter pour leur survie.
Tous les ingrédients qui ont fait le succès de la saga originale sont réunis, et Fede Álvarez et son coscénariste Rodo Sayagues se payent même le luxe de développer certains points de cet univers.
On a par exemple le cyborg incarné par David Johnson, Andy, qui permet de creuser plus en profondeur le fonctionnement de ces androïdes et d’explorer leurs possibilités de libre-arbitre, tout en restant raccord avec ce qu’on a vu par le passé, notamment via les personnages de Bishop (Lance Henriksen dans Aliens et Alien 3), Call (Winona Ryder dans Alien: Resurrection) et David (Michael Fassbender dans Prometheus et Covenant).
Les seuls éléments de l’intrigue qui semblent quelque peu hors de propos proviennent des prequels. Sans spoiler, sachez que plusieurs moments clés renvoient à des choses vues dans Prometheus et Covenant, et que ceux-ci sont à la limite de l’incohérence lorsqu’on se rappelle que cet opus se déroule avant Aliens le Retour. Ridley Scott, coproducteur de Romulus, aurait-il insisté en coulisses pour qu’on raccroche les wagons avec ses films de 2012 et 2017 ? Si c’est le cas, il aurait certainement été préférable qu’il s’abstienne.
Casting, réalisation et SFX réussis pour Alien Romulus
Mais si les renvois à Covenant et Prometheus en agaceront certains, il y a suffisamment d’excellentes choses dans *Romulus* pour contenter ceux qui ne jurent que par les « vieux » films de la franchise.
Les nouveaux personnages campés par Cailee Spaeny, Archie Renaux, Aileen Wu et David Johnson n’ont rien à envier aux marines de 1986 ou à l’équipage du Nostromo en termes de charisme.
Visuellement, on est proche du sans-faute. C’est le grand retour des écrans cathodiques et de l’informatique "rudimentaro-futuriste" d’il y a 40 ans, des Reebok, des guns de l’espace, des scaphandres façon bibendum Michelin, et on a même droit à bon nombre d’effets pratiques à l’ancienne et à de jolis clins d’œil qui ne versent jamais dans le fan-service abusif.
Certaines séquences touchent même au génie, reprenant les mécaniques de moments cultes des premiers films pour les twister et créer des instants de stress intenses et des fulgurances d’action extrêmement jouissives.
Et si certaines des séquences d’action sont moins lisibles que d’autres, on a quand même affaire à un excellent spectacle, dont plusieurs scènes sont si efficaces qu’elles ont vraiment de quoi devenir cultes.
Alien : Romulus : un nouvel espoir
Alien : Romulus est sans aucun doute l'un des meilleurs films de la franchise Alien. Fede Álvarez ne déçoit pas. L’aspect visuel est impressionnant, et les ajouts apportés au lore de cet univers familier fonctionnent.
Cet opus nous ramène aux racines de la saga : en privilégiant l'horreur sans pour autant sacrifier l'action, offrant de superbes hommages à l'original tout en proposant quelque chose de neuf. La fin est certes un peu trop généreuse et capillotractée, mais dans l'ensemble, c'est un excellent film qui plaira aussi bien aux fans de la première heure qu'aux nouveaux venus. Beau travail, monsieur Álvarez.