DETROIT : l'uppercut cinématographique de Kathryn Bigelow - critique du film
Le 27/09/2020 à 11:34(Publié le 10 octobre 2018) Detroit fait écho à un autre film de Kathryn Bigelow : le sous-estimé Strange Days (1995) tourné au lendemain du tabassage en règle de Rodney King par la police de Los Angeles. Sauf qu'ici, l'histoire n'est pas de la science-fiction.
Alors que Strange Days se situait dans un futur proche et racontait comment des flics descendaient des noirs au cours de contrôles de routine, Detroit témoigne de la folie raciste des forces de l'ordre dans la ville du Michigan en 1967.
Motor City à feu et à sang
Été 1967. Les États-Unis connaissent une vague d’émeutes sans précédent. La guerre du Vietnam, vécue comme une intervention néocoloniale, et la ségrégation raciale nourrissent la contestation. À Detroit, alors que le climat est insurrectionnel depuis deux jours, des coups de feu sont entendus en pleine nuit à proximité d’une base de la Garde nationale. Les forces de l’ordre encerclent l’Algiers Motel d’où semblent provenir les détonations. Bafouant toute procédure, les policiers soumettent une poignée de clients de l’hôtel à un interrogatoire sadique pour extorquer leurs aveux. Le bilan sera très lourd : trois hommes, non armés, seront abattus à bout portant, et plusieurs autres blessés…
Aux Etats-Unis, où le film a floppé cet été, la cinéaste a été attaquée par certains médias qui jugent que seul un réalisateur ou une réalisatrice noire est légitime pour traiter de la ségrégation raciale. Ce à quoi, elle a répondu dans les colonnes de Variety : "Suis-je la mieux placée pour raconter cette histoire ? Certainement pas. Mais j'ai pu le faire, alors que cela faisait cinquante ans que cette histoire attendait d'être racontée".