Don’t Breathe 2 : une suite qui en a dans le ventre ? - critique qui cogne
Le 23/08/2023 à 10:28Par Pierre Champleboux
(Sortie cinéma le 25 août 2021. Désormais disponible sur Netflix)
Pourquoi c’est bien ?
Succès surprise de l’année 2016, Don’t Breathe : La maison des ténèbres s’offre une suite qui a la bonne idée de ne pas tomber dans la redite.
Cette fois-ci, c’est le vieil homme aveugle terrifiant du premier film qui est le personnage principal. Devenu père, il tente désormais de se tenir à carreaux en élevant sa fille façon navy seal. Sauf qu’un jour, une bande de loubards encore plus méchants que lui se pointe chez lui et compte bien lui régler son compte. Que lui veulent-ils ? Pourquoi font-ils éruption chez lui lourdement armés ? C’est ce que l’aveugle (Stephen Lang) va tenter de découvrir, non sans déployer ses talents de tueur surentraîné pour assurer la protection de sa fille.
Du début à la fin, Don’t Breathe 2 est intense, prenant et sacrément brutal. Quand ça cogne, ça fait mal. Quand le sang coule, c’est en abondance. Et quand on cherche L’Aveugle : on le trouve.
Le personnage de sa fille, âgée seulement d’une dizaine d’années, est un ajout qui permet non seulement de rendre l’horrible bonhomme presque attachant, mais aussi de nous offrir quelques séquences qui ne sont pas sans rappeler Maman j’ai raté l’avion… en version hardcore.
Fraîchement promu réalisateur, Rodo Sayagues, déjà scénariste sur le premier film, ne se contente pas de singer les plans qu’on a déjà vus dans le premier film. Son Don’t Breathe 2 a sa propre identité visuelle, s’habille de couleurs bien plus pulp, et offre des séquences d’action parfaitement découpées et jouissivement crispantes.
Côté casting, Stephen Lang est impérial, la jeune Madelyn Grace convaincante, et le gang qui les attaque forme une belle brochette de méchants aux trognes et aux looks qui rappellent le meilleur des films de voyous des 80´s.
Mais si Rodo Sayagues semble pleinement assumer le côté série B de son premier long-métrage en tant que réalisateur, il ne parvient pas à contourner totalement certains défauts qu’on retrouve souvent dans ce genre de productions.
Pourquoi ça pourrait être mieux ?
Si l’idée qui sert de concept initial à cette suite est bonne, le reste du scénario ne lui fait malheureusement pas honneur. Les invraisemblances et les approximations sont assez nombreuses, et lorsque est dévoilée la raison pour laquelle le gang s’en prend à L’Aveugle, elle laisse dubitatif et pose quelques questions quant à l’organisation des bad guys.
De nombreux raccourcis sont utilisés pour faire avancer l’intrigue au plus vite et maintenir le rythme de cette suite, mais les ficelles auxquelles ont eu recours Fede Alvarez et Rodo Sayagues pour dynamiser leur récit sont un peu trop grosses pour convaincre.
Des défauts qui auraient facilement pu être corrigés et qui nuisent par moments à la crédibilité de Don’t Breathe 2. Rien de bien méchant, mais on aurait préféré un scénario plus maîtrisé.
Pourquoi ça risque de faire débat ?
En inversant les rôles, la prise de risque est évidente. Métamorphoser le personnage d’un tueur sanguinaire, par ailleurs coupable de viol, pour en faire un héros, c’est audacieux par les temps qui courent, mais c’est aussi casse gueule. Et par moments, on peut ressentir une certaine gêne devant Don’t Breathe 2. Notamment lorsque l’aspect iconique de L’Aveugle est un peu trop développé et qu’on a le sentiment qu’on veut tout faire pour qu’on s’y attache, sans nuancer suffisamment son personnage.
Parfois, on croirait presque voir une version vieillissante du Logan interprète par Hugh Jackman, ce qui est problématique et laisse penser que le réalisateur est tombé amoureux de son "héros", en omettant la gravité des crimes qu’il a commis par le passé. Nul doute que le traitement du personnage fera couler de l’encre et alimentera quelques débats houleux sur les réseaux sociaux et ailleurs.
Au cinéma dès le 25 août 2021.