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Effets Secondaires : la critique du film de Steven Soderbergh

Le 03/04/2013 à 08:00
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Notre avis
8 10 Après Piégèe, Contagion et Magic Mike (le tout en seulement 2 ans), Steven Soderbegh achève sa grande boucle des genres cinématographiques, et par la même occasion sa carrière, avec un thriller psycho-médical. Et c'est une réussite ! Oubliés les errements expérimentaux des dix dernières années. Effets Secondaires est un retour aux fondamentaux  : un scénario en béton, un casting somptueux et une réalisation sobre, totalement acquise à la narration. En revenant à un cinéma plus classique, Steven Soderbergh confère à son chant du cygne, l'évidence des chefs-d’œuvre. Découvrez ci-dessous notre critique complète d'Effets Secondaires.

Effets Secondaires : la critique du film Annoncé comme le "dernier film de Steven Soderbergh", Effets Secondaires est un baroud d'honneur sous forme de concentré de la filmographie du réalisateur, commencée sur les chapeaux de roues en 1989 avec une Palme d'or à Cannes pour Sexe, mensonges et vidéo. Dense sans atteindre la complexité d'un Traffic, moins ouvertement dénonciateur qu'Erin Brockovich (même si la critique des multinationales et de l'argent-roi se lit toujours en filigrane), Effets Secondaires a le casting et la photographie travaillée d'un Ocean's Eleven, mais les thèmes de son premier long-métrage, à savoir l’aliénation et la déformation, volontaire ou non, de la réalité. Et donc à fortiori de la vérité.

 

Après 4 ans de séparation,  Emily Taylor (Rooney Mara) accueille son mari Martin (Channing Tatum) à sa sortie de prison où il a purgé une peine pour délit d'initiés. Les retrouvailles ne sont pas aussi joyeuses qu’espérées. La libido du couple est au point mort et il s'écoule peu de temps avant qu'Emily n'encastre volontairement sa voiture dans le mur d'un parking sous-terrain. A son réveil, la jeune femme est prise en charge par le docteur Jonathan Banks (Jude Law). Nous apprenons alors que ce n'est pas la première  fois qu'Emily est sujette à la dépression et qu'elle était traitée quelques années auparavant par la psychiatre Victoria Siebert (Catherine Zeta-Jones). Débute alors la valse des médicaments, certains réels comme le Zoloft, le Wellbutrin ou l'Effexor,  d'autres inventés tel l'Ablixa ou le Delatrix.

 

Effets Secondaires

 

Le film débute ainsi comme un pamphlet contre la surmédication - une critique de la foi inébranlable qu'a la société américaine en la chimie - avant de basculer dans ce qui pourrait être le premier thriller pharmacologique de l'histoire du cinéma. Un thriller où l'on connaît le crime et la personne qui l'a perpétré mais où la culpabilité n'a néanmoins rien d'une certitude. L'habituel résumé ne servirait ici qu'à gâcher le plaisir des spectateurs tant Steven Soderbergh a réussi à faire coïncider le fond avec la forme de son long-métrage. En d'autres termes, comme perçu au travers des yeux d'un malade, rien n'est jamais ce que l'on croit dans Effets Secondaires. Sachez simplement que les convictions seront ébranlées une première fois à l'issue des 45 premières minutes du film. A partir de là, le scénario signé Scott Z. Burns (génial scénariste des deux derniers films de Soderbergh The Informant! en 2009 et Contagion deux ans plus tard) offre un formidable terreau à la paranoïa, aux double-jeux et aux suspicions en tous genres. Les rebondissements s'enchaînent à mesure que l'on s'interroge sur l'obsession ou la folie potentielle de tel ou tel personnage. Effets Secondaires fait en cela écho au cinéma d'Alfred Hitchcock, à des œuvres aussi prestigieuses que Fenêtre sur Cour et Sueurs Froides.

 

Effets Secondaires

 

La matière première fournie par Burns est ici sublimée par la réalisation sobre de Soderbergh, presque téléfilmique. Le réalisateur ne s'accorde aucun chichi ni effet sophistiqué, un flashback étant la seule et unique excentricité qu'il se permet dans une mise en scène artisanale, toute entière dévouée à la fluidité du récit. Au diapason de cette alchimie de la mise en scène et du scénario, le quatuor de comédiens talentueux s'en donne a cœur joie dans des rôles taillés sur-mesure (Catherine Zeta-Jones en psychiatre dominatrice vaut à elle seule le détour), apportant ce qu'il faut de panache et de crédibilité à un thriller déjà de haute volée. Effets Secondaires se révèle infiniment plus convainquant que nombre des essais hasardeux auxquels s'est livré Soderbergh au cours de la dernière décennie (Solaris, Full Frontal ou The Girlfriend Experience pour ne citer qu'eux). Un retour salvateur à un cinéma plus conventionnel où la justesse de la mise en scène et l'élégance du casting ont pour unique objectif de servir un scénario ingénieux et bien écrit. Si Effets Secondaires est véritablement le chant du Cygne de Steven Soderbergh, sa mélodie est terriblement entêtante.


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