Escape from the 21st Century : Un joyeux bordel à la Scott Pilgrim - critique
Le 08/12/2024 à 19:05Par Pierre Champleboux
Avec Escape from the 21st Century, Li Yang déboule avec un film hybride et explosif qui mélange la nostalgie des années 90 avec une dose généreuse de chaos visuel. Imaginez un mix improbable entre Scott Pilgrim, Retour vers le futur et Everything Everywhere all at Once : une recette audacieuse qui donne une aventure à la fois drôle, émouvante et complètement déjantée. Présenté en avant-première au PIFFF (Paris International Fantastic Film Festival), ce film, bourré d’audace, a tout pour séduire les fans de cinéma de genre et de récits décalés. Attention toutefois à ne pas cligner des yeux : le rythme effréné de cet OFNI implique un visionnage des plus attentifs pour ne rien louper et ne pas risquer de se retrouver largué en chemin.
Trois ados, deux époques, un sacré bazar
Sur Planet K – une version un peu décalée de la Terre où les journées ne durent que 12 heures – trois potes inséparables, Wang Zha, Wang Chengyong et Paopao, vivent leur adolescence entre parties de Street Fighter II, rêves d’avenir et galères sentimentales. Tout bascule le jour où un contact accidentel avec des produits chimiques leur file un pouvoir aussi cool que déstabilisant : à chaque éternuement, leur conscience voyage dans leur corps… 20 ans plus tard, en 2019.
Sauf que leur futur, loin d’être idyllique, s’avère bien sombre. Adultes, ils découvrent des vies qui ne ressemblent pas à ce qu’ils espéraient, dans un monde rongé par des corporations corrompues et des menaces apocalyptiques. Entre erreurs passées, trahisons et regrets, ils devront se serrer les coudes pour sauver ce qui peut encore l’être.
Un festival visuel qui déboîte
Dès les premières secondes, Li Yang met la barre très haut avec une esthétique qui claque. Couleurs flashy, ralentis stylisés, animations qui surgissent de nulle part : chaque scène est pensée comme une explosion visuelle. Les séquences de combat, notamment celles où les versions jeunes et adultes des héros s’affrontent à travers les époques, sont orchestrées avec une créativité impressionnante.
La bande-son ajoute une bonne dose de nostalgie, notamment lors du climax où la chanson Holding Out for a Hero de Bonnie Tyler se voit offrir l’une de ses meilleures utilisations à ce jour dans un long-métrage, accompagnant une séquence à la fois épique et touchante.
Entre poilade et spleen
Le film jongle avec brio toute une palette d’émotions. La première partie regorge de scènes absurdes – imaginez un quarantenaire qui agit comme un ado en pleine crise de rebellion dans un open space – mais l’histoire gagne en profondeur en abordant des thèmes plus sombres : le poids des regrets, les désillusions, et la peur de vieillir sans avoir accompli ses rêves.
Le trio principal livre des performances attachantes, même si les personnages restent parfois un peu archétypaux. Mention spéciale à Elane Zhong, qui crève l’écran dans le rôle d’une journaliste badass, injectant une énergie folle à chacune de ses scènes.
Des imperfections qui font partie du charme
Le film n’est pas sans défauts. Les règles du voyage temporel sont plus que capillotractées, et le rythme effréné peut donner l’impression que certains arcs narratifs sont bâclés. Mais ces petits couacs font presque partie du charme de ce film qui ne ressemble à aucun autre : Li Yang ne cherche pas à livrer une leçon de cohérence scientifique. Il privilégie l’émotion brute et une mise en scène qui frappe fort… et ça marche du feu de Dieu.
Verdict : une pépite bordélique mais sincère
Avec Escape from the 21st Century, Li Yang signe un premier long-métrage généreux et audacieux. À mi-chemin entre hommage à l’adolescence et réflexion sur l’âge adulte, le film nous embarque dans une aventure visuelle et émotionnelle qui marque les esprits.
Présenté en avant-première au PIFFF, Escape from the 21st Century a su conquérir les festivaliers grâce à son mélange d’émotions, de créativité visuelle et d’humour décalé. Pour les amateurs de films qui sortent des sentiers battus et d’œuvres aux visuels audacieux, ce joyeux bordel est une expérience à ne pas manquer. Malgré ses maladresses, il reste un bel exemple de cinéma de genre qui ose, et c’est tout ce qu’on lui demande.
On espère revoir Escape from the 21st Century prochainement sur grand écran dans les salles hexagonales, en espérant que ça se produise avant qu’un gros studio américain ne jette son dévolu sur cette pépite pour en faire un remake.