Horton
Le 09/03/2008 à 15:01Par Kevin Prin
Notre avis
Critique réalisée à partir de la version originale du film.


Le constat d'échec est pour commencer d'ordre technique et artistique : Horton accuse un retard phénoménal face à la concurrence sur ces deux points, même par rapport à L'Age de Glace 2 pourtant issu du même studio. Malgré une modélisation honorable de chaque personnage, leurs animations semblent non seulement conçues mais aussi pensées par un ordinateur ! Aucune originalité, aucune vie : la moindre main qui bouge, le moindre regard (et même le moindre gag) semblent tirés d'algorithmes censés faire correspondre un seul mouvement (ou enchaînement de mouvements) à une émotion. Un constat valable également pour les décors, tous fixes, donnant vie (ou plutôt non) à des cartes postales devant lesquels les personnages bougent. Evidemment, il y a parfois des mouvements de caméra, mais là encore le pilote automatique est enclenché et il n'y a rien de "cinéma" dedans, juste de l'image de synthèse qui défile. Horton, c'est un peu l'anti-Ratatouille par excellence, s'éloignant du moindre film de Pixar, même vieux de dix ans, alors qu'un de ses deux réalisateurs provient pourtant de cette écurie prestigieuse (Jimmy Hayward qui a travaillé comme animateur sur Le Monde de Némo, Monstres et Cie, Toy Story 1 & 2, 1001 Pattes).

Le pitch de base est pourtant riche en possibilités : un être vivant découvre que dans ce qui n'est qu'une poussière pour lui, vit tout un univers avec d'autres êtres vivants, plus petits mais intelligents ! Une idée bien efficace qui avait marqué dans, par exemple, le générique de Men In Black et qui méritait bien d'être développée. Dans notre cas ici, le découvreur est un éléphant, Horton, les "découvrés" étant une immense ville très "Grinch-ièsque" peuplée de drôles d'animaux dont la civilisation et le langage sont strictement identiques à celui de Horton et donc aux nôtres. Un détail qui peut paraître anodin mais qui illustre la flemme scénaristiques des auteurs (Ken Daurio et Cinco Paul, à qui on doit Hyper Noël 2 avec Tim Allen : super !) pour se débarrasser d'un élément qui méritait approfondissement ! Car avec un tel concept, il aurait été intéressant de se faire rencontrer deux civilisations différentes, deux perceptions de l'univers qui seraient rentrées en conflit. Voilà une source de gags encore peu exploitée au cinéma, qui apporterait un minimum de fond à cette histoire, et promise par le pitch de base ici ! Hélas non. Horton préfère fuir ce genre de complication et se limiter au strict minimum. Ainsi notre héros d'éléphant va devoir sauver ce monde vivant dans une poussière en veillant à ne pas glisser sur des peaux de banane sur la route ou à tomber dans des ravins parce qu'il est lourd et que le pont est fragile. A cela vient se rajouter dans le scénario une sorte de contestation des animaux de la jungle, amenée sans aucune finesse sur des prétextes expédiés trop rapidement (une maman kangourou estime que ce que raconte Horton est dangereux pour les oreilles des enfants - pourquoi pas).

Le nombre de raccourcis et de facilités prises par l'histoire finit donc par lui nuire, entraînant un nombre de contradictions phénoménales. L'exemple le plus frappant nous est arrivé dans la salle même : Horton est menacé dans une scène d'être enfermé dans une cage en bois par les autres animaux, un instant dramatique où l'enjeu est qu'une fois enfermé il ne pourra plus sauver la poussière. Las, un enfant a dit avec une innocence qui amusa toute la salle où était projeté le film : "Mais de toute façons la cage est en bois, l'éléphant la cassera !". Le verdict est tombé : Horton, le film, est tellement formaté et sans profondeur, que les enfants ne seront pas dupes et ne s'amuseront pas. Et même si dans le fond il ne s'agit que d'un dessin animé peu réussi mais pas honteux, c'est le pire constat d'échec qu'on puisse dresser.