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Interstellar : Et Nolan rêva de faire son Titanic

Le 05/11/2014 à 14:55
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Notre avis
6 10

Même les plus récalcitrants à son œuvre en avaient l’eau à la bouche. Alors que le monde s'attendait à en prendre plein les yeux dans une grandiose odyssée interstellaire, Christopher Nolan avait, en réalité, un tout autre objectif : le faire pleurer. Malheureusement, hors de son élément, le britannique manque le coche et livre un divertissement plaisant mais terriblement larmoyant.


Interstellar : la critique du film [Filmsactu]

Interstellar : la critique du film

 

Propos : Alors que la vie sur Terre touche à sa fin, un groupe d’explorateurs s’attelle à la mission la plus importante de l’histoire de l’humanité : franchir les limites de notre galaxie pour savoir si l’homme peut vivre sur une autre planète…


Interstellar"Interstellar, l'anti-blockbuster par excellence"


Il faut avouer que celle-là, on ne l’avait pas vue venir. Lorsque l’homme qui a réinventé Batman ambitionne de conquérir l’espace, on se met alors à rêver d’un voyage cinématographique sans précedent. Deux ans après The Dark Night Rises, pensé comme le film de super-héros ultime, Christopher Nolan s’avance une nouvelle fois en défricheur du septième art, prêt à franchir un palier supplémentaire sur l’échelle de son ambition démesurée. Dans ses bagages, ni plus ni moins que le dernier Oscar masculin en date, un casting secondaire de premier ordre, un script aussi mystérieux que prometteur et un nouveau budget mastodonte devant permettre à ce cocktail de faire des étincelles durant près de trois heures à l’écran. Dites pourtant bonjour à Interstellar, l’anti-blockbuster par excellence…

 

Interstellar

"Pour Cooper, seul le futur de sa progéniture importe"

 

Flashback. La situation est critique. Cooper (Matthew McConaughey) est aux commandes de son vaisseau, sur le point d’en perdre le contrôle. Une requête refusée plus tard, le crash est inévitable. Le réveil, lui, est brutal. Loin de son passé de pilote de la NASA, qui vient encore hanter ses nuits, l’homme est désormais fermier, comme la grande majorité de ses semblables. Esquintée par des décennies de surconsommation, la Terre n’est plus qu’un monde de poussière où seules les cultures de maïs parviennent encore à subsister. S’il n’y trouve manifestement plus sa place, passant son temps à contempler ciel et étoiles, Cooper continue de vivre tant bien que mal pour ses enfants et leur hypothétique futur.

 

Interstellar

"Nolan tente à tout prix de créer de l'émotion. En vain"

 

Dès cette mise en place d’une bonne demi-heure, Nolan annonce ainsi clairement ses intentions. Plutôt que de faire intervenir les clichés classiques du film catastrophe (population anarchique, médias alarmant, discours patriotique du président…), son nouveau bébé sera avant tout le récit intimiste d’une famille, et plus particulièrement du lien sacré qui existe entre un père et sa fille quand bien même l’univers les sépare. Si l’idée est louable et le contexte choisi surprenant, l’émotion sera malheureusement aux abonnés absents. Du scénario à la mise en scène, Nolan semble en effet avoir confondu qualité et quantité. Que ce soit par ses twists (nombreux, mais rarement aussi prévisibles auparavant), par son utilisation hystérique du score d’Hans Zimmer ou par ses dizaines de gros plans sur des visages en larmes (le casting y passe presque au complet), le cinéaste tente à tout prix de créer de l’émotion. En vain. Continuellement pris par la main, le spectateur aura bien du mal à voir au-delà du déluge de pathos qui lui est servi.

 

Interstellar

"Si Interstellar a le tort d’arriver un an après Gravity, le spectacle reste agréable à l’œil."

 

Pourtant Interstellar dispose bien de quelques points forts à commencer par un Matthew McConaughey toujours au top de sa forme. Incarnant une sorte de croisement entre Harry Stamper et Han Solo, il fait un héros charmeur (à défaut d’être véritablement charismatique) et sauve plus d’une séquence pompeuse par son humour salvateur. D’un point de vue formel ensuite, et s’il a le tort d’arriver un an après Gravity, on ne peut nier que le spectacle est agréable à l’œil. Comme les précédents Nolan, Interstellar comporte bien son lot de fulgurances visuelles tel le titanesque tsunami déjà aperçu dans la bande-annonce. Enfin, peut-être trop conscient qu’il n’apporte rien de véritablement nouveau au genre, le réalisateur multiplie en contrepartie les références savoureuses (Star Wars, 2001, La Planète des Singes...) au point de flirter avec l’humble film hommage.

 

Au final, s’il n’est pas la grandiose aventure spatiale espérée, Interstellar demeure un divertissement qui se laisse regarder en dépit de son scénario bancal. Mais compte tenu de sa durée (2h48) et de sa campagne promotionnelle, on en attendait légitimement plus…

 


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