L'Arnacoeur : à voir ou à éviter ? Critique du film avec Romain Duris et Vanessa Paradis

CRITIQUE L'ARNACOEUR

Petit test : si l'on vous dit "comédie romantique", quel est le premier film qui vous vient à l'esprit ? Juste comme ça, sans réfléchir ... Quand Harry rencontre Sally ? Before Sunrise ? Casablanca ? Punch-drunk Love ? Lost in Translation ? Love Actually ? New York-Miami ? Point trop de name-dropping, car la conclusion est déjà évidente : lorsqu'on pense "comédie romantique", on ne pense pas forcément "films français". En effet, malgré une représentation plus qu'honorable sur nos écrans, ce genre n'aura, dans nos belles contrées, jamais vraiment accouché de films marquants. Certes, on pourrait citer Mensonges et trahisons, 2 Days in Paris ou encore Prête-moi ta main qui étaient des tentatives plus réussies. Mais de là à dire qu'elles auraient leur place au panthéon du genre, il y a un pas que nous ne saurions franchir. Aujourd'hui, avec L'arnacœur, on peut affirmer sans trop se tromper que nous tenons enfin un représentant digne de ce nom pour aller concurrencer ce qui se fait chez nos amis d'outre-Atlantique, voire d'outre Manche. En 2010, il était temps ... Mais qu'on se le dise, L'arnacœur est une comédie romantique tout ce qu'il y a de plus classique. Ne vous attendez donc pas au renouveau du genre en vous rendant en salle. En revanche, là où le film de Pascal Chaumeil fait fort, c'est qu'il parvient déjà haut-la-main à remplir son cahier des charges (raconter une belle histoire d'amour, faire rire, plaire aux hommes et aux femmes), tout en se forgeant un univers attachant et réellement singulier.

L'arnacœur, c'est l'histoire d'Alex. Alex est briseur de couple. Mais pas un briseur de couple à la petite semaine, qui va draguer dans en discothèque, multiplier les conquêtes et passer chez Delarue. Non, Alex, lui, est un briseur de couple professionnel. Lorsqu'il doit mettre fin à une idylle, il met en place des plans infaillibles qui rendraient vert de jalousie n'importe quel Ethan Hunt ou autre Danny Ocean. Ordinateurs, vidéosurveillance, cascades en voiture, costards de luxe... tous les moyens sont bons pour que la belle ne se remette plus jamais avec la bête. A partir d'un tel postulat de base, on a déjà des gags qui nous viennent à l'esprit. Et de gags, le film ne manque pas, puisque Pascal Chaumeil ne se gène pas pour tirer un maximum profit de toutes les situations cocasses que lui propose son script. Quiproquos, comique de situations, dialogues piquants, running-gags, personnages secondaires totalement loufoques (François Damiens et Julie Ferrier forment un couple irrésistible), le metteur en scène récite parfaitement ses gammes et fait étale d'une maitrise totale de la comédie. Mieux encore, il ne se prive pas pour livrer un film très soigné d'un point de vue esthétique, avec un joli travail sur la photographie et un format scope qui met en valeur ses comédiens et les magnifiques paysages Monégasques qui lui servent de décor. Qui a dit que "comédie française" allait forcément de paire avec "mise en scène de téléfilm" ?

Donc L'arnacœur, c'est drôle, c'est beau, c'est rythmé, mais c'est aussi et surtout une bien belle histoire d'amour, portée par deux comédiens en état de grâce, Romain Duris et Vanessa Paradis. Dire que l'on avait des doutes sur la complémentarité de ces deux là relèverait de l'euphémisme. Mauvaise langue nous étions : parfaitement à l'aise dans leurs rôles, les deux acteurs éclaboussent littéralement l'écran de leur classe, de leur charme et de leur talent et forment un duo tout simplement parfait. Et pourtant, ce n'était pas les séquences casse-gueule qui manquaient à l'appel ! Sans trop en dévoiler, le film fait plusieurs hommages (à George Michael, à Dirty Dancing) qui auraient très bien pu tomber à l'eau si Duris et Paradis n'avaient pas été à fond dans leur démarche "premier degré". Mais le résultat est là : que ce soit dans les pures scènes de gaudriole ou dans les passages plus tamisés, le couple est beau, il fonctionne, il fait rêver. Et le film avec eux ... Et si finalement c'était simplement ça la recette d'une bonne comédie romantique : deux bons comédiens, dans deux beaux personnages.

Critique publiée le 4 Février 2010