La Planète des Singes – L’Affrontement : Le singe est un homme pour le singe [Critique]
Le 31/07/2014 à 12:05Par Romain Duvic
La Planète des Singes : L'Affrontement - la critique du film
Propos : Une nation de plus en plus nombreuse de singes évolués, dirigée par César, est menacée par un groupe d’humains qui a survécu au virus dévastateur qui s'est répandu dix ans plus tôt. Ils parviennent à une trêve fragile, mais de courte durée : les deux camps sont sur le point de se livrer une guerre qui décidera de l’espèce dominante sur Terre.
"Deux mots d'ordre pour ce huitième opus : spectaculaire et réaliste"
Qui aurait pu imaginer en 1963 qu’un roman de Pierre Boulle engendrerait l’une des franchises phares d’Hollywood en matière de science-fiction ? Avec L’Affrontement de cette année, La Planète des Singes porte en effet à huit son total d’adaptations cinématographiques et en profite pour confirmer son regain de forme. Trois ans après la belle suprise Les origines de Rupert Wyatt, prequelle qui initiait le déclin de l’espèce humaine en relatant la libération d’un agent biologique meurtrier et extrêmement contagieux, Matt Reeves reprend le flambeau et fait un petit saut dans le temps tout en imposant deux mots d’ordre : spectaculaire et réalisme.
"César fait désormais paisiblement prospérer sa communauté"
En écho à l’opus précédent, c’est dans la forêt jouxtant le Golden Gate Bridge - là même où il s’était réfugié une décennie auparavant - que l’on retrouve César et ses semblables dès les premiers instants. Loin du jeune singe fougueux qu’il fut, le leader de la révolte simienne semble s’être mué les années passant en roi pacifiste ayant pour unique priorité de faire prospérer paisiblement sa communauté. Son peuple vit en communion avec la nature. Il s’est démultiplié, il est éduqué et est aussi capable de combattre de manière coordonnée, ce qui s’avèrera rapidement utile au-delà des parties de chasse quotidiennes. Les humains, qui n’ont plus donné signe de vie depuis deux hivers, font en effet soudainement leur réapparition en plein cœur de ce havre de paix, par le biais de Carver, membre égaré d’un groupe d’intervention chargé de remettre en fonctionnement un barrage dans la zone. Ce dernier tombe nez à nez avec River et Ash – le rejeton de César et un de ses amis – panique, et ouvre le feu. Il vient de commettre l’irréparable en ravivant les souvenirs les plus sombres des deux cotés de l’évolution…
"En dépit de son inévitable issue, L'Affrontement est porteur d'un message anti-guerre"
Pourtant, de part et d’autre, on continue de croire à une coexistence entre les deux espèces. Mais - pas de suspense inutile, on sait déjà ce qu’il adviendra de notre planète - les efforts de César et Malcolm (Jason Clarke) seront évidemment vains face à la haine qui anime les plus belliqueux dans chacun des deux camps. Ainsi, point d’utopie possible ici, mais un blockbuster au message foncièrement antimilitariste qui ne tombe pas pour autant dans le piège d’un manichéisme trop primaire. Reeves n’accable jamais ses personnages à commencer par Koba, l’infidèle bras droit de César au nom stalinien, qui a toutes les raisons du monde de haïr notre espèce après avoir été charcuté en laboratoire. De même, les survivants californiens sont pour la plupart hantés par divers traumatismes enfouis depuis trop longtemps, dont on regrette cependant qu’ils ne soient pas plus palpables.
"Plus vrais que nature, les singes font oublier leurs fades homologues humains"
Seul véritable point noir du métrage, le casting de rescapés est en effet très anecdotique. Qu’il s’agisse de Gary Oldman, Keri Rusell ou même de Jason Clarke, aucun d’eux ne verra sa performance passer à la postérité, handicapés par leurs personnages trop superficiels aux rôles avant tout fonctionnels. La comparaison avec leurs extraordinaires voisins est d’autant plus cruelle que ces derniers profitent au contraire d’un soin remarquable à tous les niveaux. Plus vrais que nature et incroyablement animés grâce à de superbes effets visuels et à l’inévitable performance capture, ils se paient également le luxe d’être profonds et charismatiques. Incarnés par Andy Serkis et Toby Kebell en tête, les singes mutants de ce second opus font très certainement partie des créatures numériques les plus crédibles vues à ce jour sur grand écran.
"L'Affrontement remplit son contrat, on attend déjà la suite"
À l’inverse de Franklin J. Schaffner et Tim Burton, Matt Reeves et ses scénaristes ont ainsi clairement délaissé l'ethnocentrisme pour se focaliser sur l'empathie avec l'animal. Là où l’original et son remake nous faisaient découvrir la nouvelle espèce dominante à travers les yeux de l’Homme, l’intrigue repose ici largement sur des querelles de pouvoirs au sein de la nation simienne, et rappelle, avec surprise, un certain Roi Lion. Paré d’une esthétique plus proche du Monde Perdu que du Cloverfield de son géniteur, ce blockbuster pour adultes ne se presse pas dans la construction de son crescendo mais n'oublie pas pour autant d'offrir un troisième acte explosif. Si elle est incontestablement impressionnante, la horde de primates qui déboule sur San Francisco est surtout annonciatrice d’une suite à l’ampleur encore bien supérieure. Relégué, de fait, au rang d’épisode de transition, L’Affrontement remplit toutefois son contrat de manière satisfaisante. On attend désormais avec impatience le prochain volet, toujours entre les mains de Matt Reeves, qui devrait proposer une atmosphère encore plus sombre...
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