Licorice Pizza ressuscite le Paul Thomas Anderson que l'on aime - critique
Le 26/06/2023 à 16:42Notre avis
(critique publiée le 5 janvier 2022 - Licorice Pizza est actuellement disponible sur Prime Video)
Pour être tout à fait honnête, ces dernières années on avait lâché PTA. Le Paul Thomas Anderson que l'on aime est celui de Boogie Nights, Magnolia, Punch-Drunk Love et nettement moins celui de The Master ou Phantom Thread.
Du coup quel plaisir d’être témoin du retour du réalisateur californien à une oeuvre plus accessible et lumineuse dans la San Fernando californienne du début des années 70 qui lui est si chère.
L'histoire : Licorice Pizza démarre par un coup de foudre. 1973, Alana Kane et Gary Valentine font connaissance le jour de la photo de classe au lycée du garçon. Il a 15 ans mais fait plus. Elle en a 22 mais paraît moins.
Alana tente de trouver sa voie tout en travaillant comme assistante du photographe. Gary, lui, a déjà une expérience d’enfant acteur, ce qu’il s’empresse de dire à la jeune fille pour l’impressionner. Amusée et intriguée par son assurance hors normes, elle accepte de l’accompagner à New York pour une émission de télévision. Mais rien ne se passe comme prévu…
Licorice Pizza marque les débuts au cinéma d’Alana Haim et de Cooper Hoffman. La première est musicienne, membre du groupe pop rock Haim qu’elle forme avec ses deux grandes sœurs (et dont PTA a tourné plusieurs excellents clips), le second est le fils de Philip Seymour Hoffman, l’acteur fétiche de Paul Thomas Anderson décédé en 2014.
Tous les deux forment un duo désinvolte, irrésistible et fragile... qui court beaucoup dans les rues de cette banlieue de Los Angeles.
Quant à Licorice Pizza, c'est le nom d’un magasin de disques qui était situé dans la San Fernando Valley, la pizza au réglisse désignant le disque vinyle.
Mais pas question de disquaire ici. Si la musique est omniprésente via l'excellent bande-originale, le nom du film souligne l'envie de Paul Thomas Anderson de renouer avec les saveurs de sa jeunesse. Une sorte de madeleine de proust en somme.
Licorice Pizza a justement cette saveur de premier film tout en bénéficiant du savoir-faire immense de son réalisateur. On sent Paul Thomas Anderson en béatitude derrière sa caméra.
Les plans sont magnifiques, les séquences enivrantes, on se laisse balader dans cette banlieue de Los Angeles des années 70 et enivrer par cette histoire d'amour entre un lycéen et une fille plus âgée. On vogue à des années lumières des casses-têtes criptyques des derniers films de PTA.
Qu'importe un scénario qui court parfois dans tous les sens, Licorice Pizza nous entraîne à la rencontre de personnages hauts en couleur (Bradley Cooper possédé en mari de Barbra Streisand, Sean Penn en star vieillissante ) qui flirtent avec la poésie absurde. Les références pop se comptent par dizaines mais le réalisateur s'en délecte contrairement à un Tarantino qui va surfer sur la nostalgie.
Inventif, touchant et lumineux, Licorice Pizza ou les zigzags amoureux de Gary Valentine et Alana Kane est le film idéal pour ce début d'année compliquée. Un teen movie solaire qui réconciliera sans faute avec PTA tous les spectateurs que le réalisateur avait perdu depuis de nombreuses années.
Et comme son personnage principal, impossible de ne pas tomber éperdument amoureux d'Alana.