Manhattan Lockdown : Black Panther dans un polar simple et basique - notre critique
Le 28/12/2020 à 12:50Par Pierre Champleboux
Parfois, on a envie d’un film facile, d’un polar simple et efficace qui ne se prend pas la tête. Si c’est votre cas, Manhattan Lockdown devrait satisfaire vos attentes. En revanche, si vous attendez du film de Brian Kirk de vous tenir en haleine avec un suspens haletant, c’est ailleurs qu’il faudra chercher votre plaisir. Si le scénario semble dater de 1999 et qu’on devine très vite l’issue de l’enquête menée par Chadwick Boseman, les séquences d’action demeurent très efficaces et rondement menées, et devraient suffire à contenter les spectateurs les moins exigeants. Classique, déjà vu, pas surprenant pour un sou, mais plutôt bien fichu.
(critique publiée le 3 janvier 2020 - Chadwick Boseman est décédé le 28 août 2020 à l'âge de 43 ans. Il aura joué dans deux autres films après Manhattan Lockdown : Da 5 Bloods et Le Blues de Ma Rainey, tous deux parus en 2020 sur Netflix )
Manhattan Lockdown, s’il était sorti il y a 20 ans, aurait probablement été réalisé par Tony Scott, avec Denzel Washington en tête d’affiche. L'intrigue vue et revue de ce film policier le rapproche en effet d’avantage de films tels que L’Attaque du Métro 123 que du récent (et innovant) À Couteaux Tirés.
Il a jusqu'à 5 heures du matin pour coffrer les deux criminels, qu’il entend choper vivants, et pour ça, il va devoir se dépêcher, car les autres keufs ont la vengeance dans la peau et souhaitent exécuter sans sommation ceux qui ont descendu leurs collègues.
Notre héros est un type qui, comme il aime à le répéter, n’a pas peur de "regarder le diable droit dans les yeux". Il a la gâchette facile, mais il est aussi très attaché à la justice. Un personnage à l’ancienne en qui ses collègues voient celui qui les vengera à la manière expéditive de l’Inspecteur Harry, mais André est-il vraiment le flingueur fou pointé du doigt par ses supérieurs ?
On comprend vite que si les deux fugitifs (interprétés par les très bons Taylor Kitsch et Stephan James) ont une seule chance de sortir vivants de cette cavale, ce sera uniquement si André leur met la main dessus avant les autres keufs...
Sur la forme, Manhattan Lockdown fait le job, s’en tirant souvent avec brio (la première fusillade, plutôt haletante, a des faux airs de Heat, et on relèvera également une course poursuite piétons-hélico-bagnole peu réaliste mais très efficace) mais c’est sur le fond qu’il pose problème. On devine bien trop vite les twists de son scénario cousu de fil blanc. Plutôt gênant, surtout lorsqu’on suit l’enquête d’un flic à qui on a envie d'hurler les réponses qu’il cherche inlassablement.
Avoir une longueur d’avance sur l’enquêteur d’un polar n’est pas ce qu’il y a de plus palpitant. Pourtant, on ne s’ennuie pas, grâce à un casting solide (J.K Simmons en vieux poulet revanchard, et Sienna Miller, étonnamment sobre en partenaire du héros) mais aussi à une réalisation plus que correcte et à un rythme effréné qui ne laisse pas le temps de s’ennuyer, malgré son issue déjà connue des spectateurs les plus vigilants.
Loin d’être le polar de l’année, Manhattan Lockdown est un film d’action sage mais efficace. On aurait aimé être surpris, on aurait aimé voir les conséquences de l’isolation totale de Manhattan pendant une nuit entière (c’est tout de même le titre du film, et sa seule vraie originalité) mais on se contentera de passer un bon moment devant un spectacle prévisible mais plutôt stylé, qui sera certainement mieux apprécié lorsqu’il sera visible en VOD.