Nicky Larson et le Parfum de Cupidon : le film de la génération Club Dorothée ?
Le 07/02/2019 à 15:30Par La Rédaction
Un manga culte des années 80 porté à l’écran par l’équipe d’Alibi.com ? Personne n’y a cru, et dès l’annonce du projet des dents se sont mises à grincer et les vannes ont commencé à fuser.
Et si « la bande à Fifi » avait réalisé l’une des meilleures adaptations de manga de ces
dernières années ?
Ils n’ont pas les bases
Nicky Larson, c’est avant tout une invention française. Dans le shonen « City Hunter » Nicky s’appelle Ryo et Laura répond au nom de Kaori. C’est donc dès le titre de son film que Lacheau annonce la couleur : son adaptation sera principalement celle de la version française diffusée dans le «club Dorothée».
Une version quelque peu édulcorée de City Hunter dans laquelle les hôtels de passes
deviennent des restaurants végétariens et où presque tous les méchants parlent avec la voix de Gargamel et se prénomment Robert.
Les cartes sont posées. Que ceux qui s’attendent à un polar musclé, sombre et poisseux quittent immédiatement la file d’attente et aillent jeter un œil à l’affiche : personne n’essaie de vous induire en erreur les gars.
Des idées et du talent
Maintenant que tout le monde a bien les bases et qu’on sait de quoi il retourne, passons aux choses sérieuses. Première bonne surprise : Philippe est allé à la salle. Le comédien a soulevé de la fonte et pris pas moins d’une dizaine de kilos de muscles pour que sa carrure colle davantage à celle de Nicky. Et à l’écran, ça fonctionne du tonnerre ! La performance est telle qu’on a parfois vraiment l’impression de voir le héros du Club Do se matérialiser devant nous.
Mais celle qui épate encore plus c’est Elodie Fontain. Parfaite dans le rôle de Laura, la
comédienne insuffle à elle seule une bonne partie de l’âme de ce long métrage en parvenant à restituer avec justesse la sensibilité de l’associée de Nicky Larson.
Autre surprise : Fifi sait filmer la bagarre ! Et pas seulement : on voit nettement que Philippe Lacheau s’est donné du mal pour exécuter lui même la plupart de ses cascades. Et quand Nicky distribue des bourre-pifs, ça le fait grave.
Signe des temps, le scénario contourne astucieusement le côté obsédé sexuel de Nicky Larson grâce à un stratagème qui ne trahit en rien le personnage : en le rendant éperdument amoureux d’un homme qui l’engage pour partir à la recherche d’un parfum magique qui provoque un amour inconditionel. Bien joué, même si certains reprocheront au film un traitement de l’homosexualité plutôt caricatural.
Un film générationnel
Ce film est clairement destiné aux trentenaires biberonnés par Dorothée et les Musclés. Environ toutes les 3 minutes, une ligne de dialogue fait référence à l’émission culte que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître. Et s’il y en a certainement un peu trop, ça a le mérite de confirmer une chose : si on capte les références, c’est que c’est bien à nous que s’adresse Nicky Larson et le Parfum de Cupidon.
Pour peu qu’on soit de cette génération, on peut aisément passer un très bon moment devant l’adaptation de Philippe Lacheau. Le film n’est pas parfait : on sent que la volonté de ne pas perdre en route les fans de Baby Sitting a provoqué quelques ajouts parfaitement inutiles à l'intrigue (comme par exemple le personnage de Tarek Boudali) et quelques blagues de papa légèrement embarrassantes.
Mais tout cela n’enlève rien au fait que le film ressemble fortement à ce qu’on voyait au club Dorothée, et le facteur nostalgie devrait aider à pardonner au film ses défauts et à simplement kiffer cette comédie décomplexée.
Par Pierre Champleboux