Resident Evil Retribution
Le 26/09/2012 à 17:50Par Camille Solal
Notre avis
Critique Resident Evil Retribution
Cette fois c'est clair, tout le monde l'aura compris et ses créateurs ne s'en cachent même plus : Resident Evil est une gigantesque machine à sous qui enchaine les épisodes de transition afin de ne pas précipiter une conclusion qu'on sait pourtant inévitable. La recette est simple et aussi huilée qu'une cervelle de zombie : l'introduction permet de résumer les précédentes aventures d'Alice (Milla Jovovich) alors que l'épilogue servira de prologue au prochain épisode. Seulement, toutes les bonnes (et mauvaises) choses ont une fin et Resident Evil Retribution signe clairement l'annonce d'un baroud d'honneur qu'on suivra bientôt avec le sixième et dernier opus de la saga.
Si de nombreuses séries "emprisonnent" les spectateurs en leur faisant croire que leur grand dénouement est proche (on pourrait appeller ça, le "syndrome How I Met Your Mother"), il est tout de même étonnant de voir ce procédé au cinéma. Comme Saw, Resident Evil est donc bien une série feuilletonnante qu'on retrouve sans réel déplaisir une fois tous les deux ans. Pourtant, s'il a toujours été évident que l'échéance du grand final semblait sans cesse reportée, ce Retribution dévoile les ficelles de la machine en virant dans le grand n'importe quoi et en s'inscrivant comme l'épisode de transition ultime.
Car au-delà des "gros évènements" qui justifient son existence (l'arrivée de Leon Kennedy, d'Ada Wong et le retour de Michelle Rodriguez), il devient bien vite évident que le film ne se résume qu'à un gros melting pot d'idées glannées ici et là et qui, bien montées, ont pu permettre de créer une bande annonce mensongère qui déboite. Ainsi, Alice ne débarquera pas vraiment à New York, n'affrontera pas de zombies dans les rues de Tokyo et ne tentera pas de survivre dans la froideur des rues moscovites. Notre héroine est en fait enfermée dans un centre d'Umbrella et passe l'intégralité du film à sauter de salles en salles où sont recrées divers environnements et situations. Mais ce n'est pas tout puisque, épisode nostalgique oblige, le grand méchant de cet opus n'est autre que la Reine Rouge, la fameuse et démoniaque intelligence artificielle du premier opus !
Totalement libéré d'une quelconque pression d'ordre artistique ou même qualitatif, Paul W.S. Anderson en profite pour jeter une dernière pelletée sur le cercueil contenant l'étincelle de son génie entraperçu en 1997 avec Event Horizon. Choisissant la voie de la facilité à celle de l'originalité, il appose à toutes ses scènes d'action des ralentis insupportablement longs, rappelant au spectateur la très mauvaise vague de films d'action post-Matrix. On en viendra même à se demander si l'astuce ne lui sert pas à combler l'heure et demie de son long métrage... Sa femme, quant à elle, toujours extrêmement badass, semble cependant avoir du mal à créer une certaine logique émotionnelle à son personnage. Il est ainsi amusant de la voir affronter un monstre géant avec une facilité déconcertante alors qu'elle peut soudain être effrayée par un évènement particulièrement quelconque...
Etonnament, c'est lorsqu'on comprend que le film ne rime strictement à rien - et qu'il n'y a rien à attendre ou même à espérer - qu'on en vient à l'apprécier pour ce qu'il est : un divertissement amusant, avec de bons effets spéciaux, de très bons effets sonores et surtout, une 3D qui surpasse bon nombre de productions actuelles ! C'est par la qualité de cet enrobage qui représente à priori le seul vrai gros travail apporté du film, que ce Resident Evil Retribution se transforme malgré tout en un bon moment et supplante même à beaucoup de niveaux les épisodes précédents.