Shang-Chi : l’outsider Marvel parvient-il à convaincre ? Critique
Le 01/09/2021 à 09:54Par Pierre Champleboux
La phase 4 du MCU s’offre un ambassadeur de choix avec Shang-Chi. Héros méconnu jusqu’à la sortie du long-métrage qui lui est consacré, l’artiste martial au cœur pur parvient à s’imposer avec brio dans le cœur des spectateurs. Des bastons qui cognent sec, de la fantasy qui émerveille, des séquences d’action spectaculaires magistralement mises en boîte et un scénario qui tient en haleine de bout en bout : Shang-Chi est de loin l’un des meilleurs films Marvel à ce jour.
Exhumé des fins fonds des pages des comics Marvel, Shang-Chi et la légende des dix anneaux n’est pas l’un des héros de comics les plus populaires. Si l’on devine la volonté du studio de conquérir à travers ce long-métrage le marché asiatique, il y a fort à parier, compte tenu de la qualité de l’adaptation de ses aventures, que sa cote de popularité remonte en flèche auprès des lecteurs de comic books.
Comme une sorte de menu Maxi Best Of du meilleur du cinéma fantastique chinois et japonais, faisant souvent penser à l’œuvre du maître Tsui Hark, le film de Destin Daniel Cretton nous dévoile un tout nouveau pan de l’univers cinématographique Marvel.
Mais sa fraîcheur n’est pas uniquement liée à son exotisme : ce deuxième long-métrage de la phase 4 met la barre très haut pour ceux qui suivront. Doté d’une identité qui lui est propre, plus sombre qu’à l’accoutumée, dosant parfaitement l’équilibre entre action, humour et noirceur, Shang-Chi inspirera, on l’espère, les prochains réalisateurs qui s’essaieront au MCU.
Shang-Chi (Simu Liu), a grandi au sein d’une famille brisée, rongée par le deuil et les regrets. Son père, Wenwu (Tony Leung), a abandonné ses responsabilités de parent pour devenir un maître de guerre, sa sœur (Meng’er Zhang) peine à canaliser sa colère et notre héros a fui ce contexte familial dysfonctionnel pour mener une vie banale sous le nom de Shaun. Mais rapidement, le destin de Shang-Chi va le rattraper, et il va être contraint de retrouver cette famille qu’il a fui si longtemps…
Grande force du casting, Tony Leung (In The Mood For Love) excelle dans le rôle du père brisé par la vie et rongé par la colère, un personnage qui n’est pas sans rappeler celui de Dark Vador.
Dans le rôle de la meilleure amie rigolote de Shang-Chi, Awkwafina (Jumanji : Next Level) est parfaite et offre une performance toute en finesse, bien moins lourdingue que celles assurées par certains autres sidekicks des films Marvel. Simu Liu est quant à lui convaincant lorsqu’il joue la comédie ou distribue des bourre-pifs à tout va, et se place désormais comme l’un des personnages les plus attachants de la nouvelle vague de héros du MCU.
Côté scénario, c’est plutôt l’histoire d’un frère et d’une sœur tentant de sauver le peu qu’il leur reste de famille qui est au cœur de l’intrigue que les 10 anneaux mis en avant par le titre.
Un choix judicieux qui rend le film accessible à toutes et tous et résonnera certainement davantage dans le cœur des spectateurs. Au rayon de l’adaptation exit Fu-Manchu (père du héros dans les comics), exit le boulot d’agent secret du héros : celui-ci est un monsieur tout le monde, voiturier pour un hôtel de luxe. Des décisions encore une fois futées qui permettent de rendre le personnage plus accessible sans pour autant le dénaturer.
En plongeant progressivement notre héros ordinaire dans un univers extraordinaire(même pour le MCU) les créateurs de Shang Chi ont vu juste : comme lui, on découvre petit a petit une partie encore inconnue de l’univers Marvel et on est à la fois surpris et émerveillés.
Plus brutal qu’à l’accoutumée (avec des scènes de bastonnade impeccablement chorégraphiées et filmées), un poil plus dark que les « origin story » qui l’ont précédé, Shang-Chi réussit sur tous les tableaux et augure du meilleur pour l’avenir du MCU.
Là où les aventures de Thor ont échoué à bâtir un univers de fantasy convaincant, Shang-Chi offre un voyage vers de nouvelles contrées qu’on a hâte de retrouver.