Trahison
Le 28/01/2009 à 08:25Par Michèle Bori
Attention, contrairement à ce que laisse supposer sa bande-annonce, Trahison n'est pas un gros actioner bourré de testostérone. Au contraire, le film peine souvent à captiver par manque de tension et/ou de suspense. Mais il doit quand même son salut à son propos, sa morale et ses personnages, qui le rendent au final plutôt intéressant, à défaut d'être palpitant. Dommage, car avec un scénario un peu plus enjoué, Trahison aurait pu faire figure - sur le papier - de "A la poursuite d'Octobre Rouge" du XXIème siècle.
Premier film de Jeffrey Nachmanoff, le scénariste du Jour d'Après de Roland Emmerich, Trahison est un film qui dérange. En effet, dans ce thriller d'espionnage post-9/11, le héros du film n'est autre qu'un terroriste islamique (Don Cheadle) dont la mission est de préparer un attentat meurtrier sur le sol américain. On y découvre donc l'endoctrinement, la préparation, les méthodes de travail et donc finalement le quotidien de ces meurtriers, véritablement au cœur du scénario du film. Trahison, la réponse américaine au Secret Défense de Philippe Haïm ? Presque, puisque l'on va découvrir (ce n'est pas un spoiler, c'est dans le dossier de presse) que le personnage de Cheadle est un agent double couvert par la CIA, pourchassé par le FBI à cause d'un manque de communication inter-agence. Ouf, le héros est un gentil, la morale est sauve. Mais fort heureusement, le but du film étant tout autre que celui de nous faire passer des vessies pour des lanternes (on l'attendait gros comme une maison le twist qui tue), ce petit "retournement de situation" n'est absolument pas ce que l'on retiendra du film de Nachmanoff.
Samir Horne (Cheadle) est musulman. Dans cette histoire où il doit obéir à la fois à ses supérieurs hiérarchiques (la CIA) et théologiques (les commanditaires de l'attentat), il va se retrouver déchiré entre ses croyances et sa foi. Un personnage diablement bien trouvé, loin des ersatz de Jason Bourne qui pullulent sur nos écrans depuis quelques années, et qui a le mérite de mettre le spectateur de son côté dès la scène d'ouverture du film. Un bon point, qui ne rend pas forcément Trahison exaltant. Le film est handicapé par un manque total de tension narrative, un comble pour un film d'espionnage, mais a tout de même le mérite d'être un essai pertinent et plein de bon sens. La scène finale entre Horne et Clayton (l'inspecteur du FBI qui le traque, joué par Guy Pearce) en est la preuve en images et nous laisse penser avec regret qu'avec des ficelles un peu moins grosses, le film de Nachmanoff aurait certainement figuré dans les incontournables de ce printemps.