Wanted : Choisis ton destin !

Il sera très difficile de ne pas faire basculer ce très chouette Wanted dans un comparatif exacerbé avec la fameuse, l'insatiable, la follissime trilogie Matrix avec qui il partage, il est vrai, de nombreux points communs. Dont celui d'analyser quelque peu la geek attitude sur la recherche identitaire entre les héros imaginaires et ceux qui rêvent de le devenir. Et puisqu'il s'agit de comparer, comparons. Surtout à une heure où les frères Wachoski sont tombé dans une certaine suffisance avec Speed Racer, pensant qu'il suffit juste d'être original visuellement pour être bon, après avoir entubé tout le monde sur l'intellectualisation foireuse du divertissement à grand coups de ficelles aussi épaisses que douteuses. Wanted, lui, raconte grosso modo la même histoire, d'une façon au moins tout aussi spectaculaire, mais sans tomber dans la philosophie de bazar pour raconter son propos. Mieux encore, il respecte le public à qui il s'adresse en assumant sans détour sa virtuosité un brin puérile... Parce que, putain de merde, un film d'action c'est aussi de l'action dans tout ce qu'on peut en attendre de basique avec du dézingage de rigueur faisant éructer, quelque part dans nos restes de comédons, l'adolescent qui sommeille en nous. Ca devient un peu plus parlant...

Wanted est donc un film hyper puéril dans son propos, répondant un peu à une certaine rébellion insatisfaite et cultive le fantasme d'une façon aussi extravagante que peut le permettre le Bullet-Time. Bing ! Première pichenette à Matrix, soignée par une introduction qui étale grassement sa référence sans se détourner. A partir de là, on ne pourra pas lui reprocher d'avoir copié qui que ce soit. Un Bullet Time qui s'éclate, donc, a nourrir cette brochette de fantasmes futiles que sont le coup de clavier dans la tronche du collègue, d'envoyer bouler son ex et son nouveau mec, de demander à sa patronne de fermer sa grande gueule et surtout de se montrer publiquement aux coté de la méga bombe Angelina Jolie. Le genre de truc qu'on rêvait et qu'on rêve parfois encore tous de faire, surtout pour un employé de bureau débutant qui s'évaderait d'autant mieux dans un univers qui ressemble à un far-west urbain où l'on peut cogner, tirer et piloter des bolides en faisant tout péter sur son passage ! Re-Bing ! Seconde pichenette à Matrix, qui, souvenez-vous, s'était lui aussi bien emmerdé à justifier sa transition du mode mollusque à celui de super héros...

Au cinéma, un univers est un univers et peu importe son créateur ou ce qu'il propose, ça vaut ce que ça vaut. A ce détail près que Wanted désamorce lui aussi tout simplement ce mythe de seconde vie alternative. Néo avait le choix, soit d'être un pauvre nerd endormi sur un clavier dont la vie se limitait au désert social et affectif le plus intersidéral, soit d'être un élu qui allait changer la face du monde. La balance était donc un peu extrémiste, avec la merde d'un côté et les rois de l'autre, mais celle-ci a foutu un sacré braquemard aux mêmes mecs du monde entiers scotchés à leurs PC qui devaient, d'une façon ou d'une autre, se dire que eux aussi sont probablement des super héros jésuites hi-tech qui s'ignorent. Là encore, le film de Timur Bekmembetov s'absout de ce genre de prétextes pour véhiculer l'idée que si l'on veut être quelqu'un d'important, il faut se bouger un peu pour le devenir, mais également que si l'on n'est pas un héros... et bien ce n'est pas grave. On peut boire son café pendant la pause, bouffer des donuts en feuilletant le programme télé sans être immédiatement cataloguer comme un rebut sans intérêt. En somme, la vie continue, "Choisis ton destin" comme le clame le titre du film.

Heureusement pour nous, le jeune héros de Wanted franchit le seuil de "Défouraille and Co", une association d'assassins super entraînés qui régulent la balance de mortalité sur terre dictée par une volonté céleste sur un métier à tisser. Un bout de tissus un peu émaillé, c'est un code qui, une fois déchiffré, donne le nom de la cible. C'est tout bête, c'est justement aussi puérile que tout le reste et c'est finalement ce qui rend jubilatoire ce spectacle qui s'embête de très peu de choses pour justifier ses péripéties. Des péripéties assurant elles-mêmes la cadence en assumant plus que de raison son côté tiré par les cheveux. Toujours est-il que, scène d'action sur scène d'action, on en a pour notre ticket, que la première poursuite est vivifiante au possible, que le gore n'est pas un tabou (on ne compte plus les tête qui explosent face caméra) et que la sexy Angelina Jolie a une façon bien à elle de monter dans un train qu'elle aurait raté.

Un bon gros spectacle loin d'être con et qui a oublié de se gonfler le melon. Certains devraient en prendre de la graine...