Critique : Naruto Edited - Episodes 1 à 6

Alors que le 34^ème volume du manga Naruto vient de sortir en France, le succès de la série TV du même nom, comprenant 220 épisodes, ne se dément toujours pas. Créée par le mangaka Masashi Kishimoto, celle-ci se voit pré-publiée dès 1999 dans le Shônen Weekly Jump, magazine dans lequel paraissent les meilleurs mangas shônen du moment. Ce mangaka quasiment inconnu en France avant Naruto, avait tout de même remporté au Japon le prestigieux concours Hot Step Award avec une histoire courte intitulée Karakuri, prix qui avait été décerné avant lui à deux "pointures" du genre, Yoshiro Togashi (Yu Yu Hakusho, Hunter X Hunter) et Eiichiro Oda (One Piece). Masashi Kishimoto a commencé à s'intéresser à l'univers manga grâce à la saga Dragon Ball Z qu'il apprécie tout particulièrement, mais sa passion se déclare véritablement lorsqu'il aperçoit pour la première fois l'affiche du film Akira.

Parallèlement à la première série animée de Naruto, trois longs métrages sont sortis au Japon en 2004 et 2005, ainsi qu'une OAV de 26 minutes, en décembre 2005. Mais le succès de Naruto est tel qu'une seconde série de 47 épisodes, intitulée Naruto Shippūden, est actuellement en cours de tournage au Japon. Un long métrage dérivé de ladite série est également sorti en 2007 et une séquelle est prévue courant 2008. L'engouement pour le petit ninja de Konoha ne semble décidément pas près de s'éteindre!

Le premier volume de 6 épisodes de la version Naruto Edited tient toutes ces promesses. Le garnement de Konoha conserve dans cette édition destinée aux jeunes enfants, toute sa détermination et sa superbe ! Les blagues récurrentes de Naruto à l'encontre de ses congénères commencent à en agacer plus d'un... En effet, celui-ci n'a rien trouvé de plus intelligent que de peinturlurer et tagger les sculptures représentant les maîtres Hokage ancestraux, véritable crime de lèse-majesté aux yeux des habitants de Konoha ! L'antipathie latente de ses semblables pour Naruto l'afflige profondément, et sa seule riposte est de faire les 400 coups. La quête de reconnaissance de Naruto peut être vue comme le reflet de l'un des aspects de la société japonaise où l'intégration dans le groupe passe par un respect de la hiérarchie et de ses règles.

Les poncifs du genre shônen sont légion dans Naruto : les blagues potaches, les nombreux combats et en l'occurrence les fameux Jutsu qui ne dérogent pas à la règle, mais surtout l'idée de dépassement de soi et les étapes initiatiques que devront traverser nos héros pour arriver à leur but. L'éternel optimiste Naruto et sa volonté de fer peuvent en irriter certains, mais cela lui permet de positiver en toutes circonstances et de re-motiver ses co-équipiers en de nombreuses occasions. Naruto est un personnage foncièrement attachant, de par sa bonne humeur communicative, sa fougue, sa détermination, ses qualités de cœur et son courage. Ses défauts le rendent tout simplement plus humain, la maladresse, l'impatience et surtout l'impétuosité devenant chez lui paradoxalement des qualités, voire des atouts majeurs dans ses futures missions, susceptibles de dérouter maints de ses adversaires.

Dans cette nouvelle version, le caractère des personnages conserve toute son énergie et sa vitalité, les différences constatées se situant plus dans un contexte purement visuel. Ainsi, pour ne pas choquer la sensibilité des jeunes spectateurs, l'éditeur a fait gommer le sang dans la plupart des scènes en comportant. Si certaines d'entre elles peuvent s'avérer effectivement un peu violentes, il ne semblait pas nécessaire de les effacer dans celles à caractère humoristique par exemple. En l'occurrence dans la séquence où Naruto, pour agacer son sensei Iruka, lui fait un clone à sa sauce, de type "sexy jutsu". Ce double féminin et dénudé du jeune Shinobi a pour résultat, dans la version originale, de faire saigner du nez le personnage qui regarde la scène. A signaler que dans les animations japonaises les hommes ont la plupart du temps cette réaction physiologique face à une femme sexy et/ou peu vêtue. Il ne semblait pas ici absolument nécessaire de retirer toute trace d'hémoglobine. Mais le plus étonnant dans cette nouvelle édition reste qu'il n'est nulle part spécifié sur le coffret qu'il s'agit d'une version édulcorée.

La trame de la série suit fidèlement celle du manga et le graphisme y est tout aussi délié et agréable que dans ce dernier, soit d'excellente facture. Gage de qualité, la réalisation de Naruto est confiée aux célèbres studios Pierrot (Bleach, Hikaru no Go) et le graphisme de la série TV est concocté par deux character designers ayant déjà fait leur preuves. Hirofumi Suzuki avait auparavant travaillé sur de somptueuses séries telles que R.O.D. et les OAV du Portrait de Petite Cosette, et Tetsuya Nishio, quant à lui, s'était illustré sur GTO (Great Teacher Onizuka), l'une des séries les plus décapantes et burlesques de ces dernières années. La musique composée par Toshio Masuda (Di Gi Charat Nyo, Jubei-chan - Le secret du lovely bandeau) est en totale adéquation avec l'univers de Naruto. Ce talentueux compositeur a d'ailleurs toujours su insuffler un équilibre et une authenticité des plus pertinentes à travers ses compositions et celle qu'il livre avec Naruto est assurément la plus aboutie. Elle est à l'image de notre héros : impertinente, rythmée et enthousiasmante.