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Michael Fassbender, révélation de Hunger

Le 30/11/2008 à 19:23
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Michael Fassbender, révélation de Hunger A 31 ans, Michael Fassbender est la révélation de Hunger, le film choc de Steve McQueen qui a raflé la Caméra d'Or au dernier Festival de Cannes. Si son nom était encore méconnu il y a quelques mois, cet acteur irlandais d'origine allemande apparaissait déjà devant la caméra de Zack Snyder dans 300 ou encore chez François Ozon dans Angel. Il fera également partie du casting décidément alléchant du nouveau Quentin Tarantino, Inglourious Basterds.
La récente sortie de Hunger est l'occasion de revenir sur l'une des performances d'acteur les plus marquantes de l'année, une prestation transcendée par la réalisation virtuose de Steve McQueen.

 

 

Michael Fassbender, révélation de Hunger

300, de Zack Snyder

 

 

Michael Fassbender débute sa carrière sur les planches à l'âge de 16 ans dans le cadre d'un cours d'art dramatique dirigé par Donnie Courtney, avant de rejoindre la troupe de ce dernier pour parfaire sa formation et se produire sur scène. A l'écran, c'est par le biais des séries télévisées qu'il fait ses premières armes, d'abord dans la mini série Frères d'Armes de Steven Spielberg et Tom Hanks, où il campe le Sergent Burton "Pat" Christenson, puis dans des séries britanniques parmi lesquelles Gunspowder, Treason and Plot où il incarne Guy Fawkes, ou encore Hex : La Malédiction où il est Azazael, l'ange déchu qui envoûte l'héroïne de la première saison. Si la carrière de Fassbender met un peu de temps à décoller, elle prend toutefois un nouveau tournant en 2007 lorsqu'il rejoint le casting du péplum 300 pour combattre aux côtés de Gerard Butler. Un rôle plus physique que les précédents qui requiert un entraînement particulier et qui lui permet d'élargir sa visibilité. Toujours en 2007, on le retrouve chez François Ozon dans Angel, mélodrame romantique dans lequel il partage l'affiche avec Romola Garaï et Charlotte Rampling, puis dans le sympathique slasher britannique Eden Lake où il campe le petit ami de Kelly Reilly - personnage qui connaît au passage un sort assez atroce. Mais c'est bien entendu avec Hunger qu'il obtient enfin la reconnaissance critique tant attendue et passe au stade supérieur.

 

 

Michael Fassbender, révélation de HungerHex : La Malédiction

 

 

Expérience à la fois puissante et dérangeante, Hunger marque le premier grand rôle de Michael Fassbender au cinéma. Il y incarne le fascinant Bobby Sands, célèbre leader de l'IRA qui a initié en 1981 un mouvement de grève de la faim pour réclamer un statut politique aux prisonniers. La réalisation très exigeante de Steve McQueen demande un fort investissement aux comédiens, contraints de tourner des plans longs et souvent mutiques dans des conditions que l'on devine éprouvantes. Un investissement que Fassbender pousse très loin puisqu'il accepte de perdre 13 kilos rien que pour les dernières séquences du film, séquences qui s'attardent sur la lente agonie de Sands. En choisissant ce comédien au physique fin et élancé, Steve McQueen ne recherche clairement pas l'identification visuelle avec son sujet, pas plus qu'il ne tente de faire de ce dernier un martyr. Hunger tente davantage de se rapprocher de la vérité intime de l'homme, de son cheminement avant et pendant sa grève de la faim. Un geste de protestation ultime et radical, celui de transformer son propre corps en champ de bataille en refusant de satisfaire le besoin le plus élémentaire de tout être humain.

 

Il est à ce titre intéressant d'examiner l'évolution du regard porté sur Sands au cours du film. Dans la première partie, succession de séquences quasi dénuées de dialogues et centrées sur le quotidien inhumain du Quartier H de la prison de Maze, Sands nous est introduit en situation de vulnérabilité et dans la brutalité la plus extrême, se débattant férocement contre des gardiens - une entrée en matière suggérant son caractère indomptable. Par la suite, McQueen se rapproche progressivement de l'homme en jouant sur les angles de vue et sur une proximité de plus en plus marquée avec la caméra.

 

 

Michael Fassbender, révélation de HungerMichael Fassbender et le réalisateur Steve McQueen

sur le tournage de Hunger

 

 

Si les prisonniers s'avèrent rabaissés à la condition d'animal, la première rupture de ton s'opère avec la fameuse joute verbale entre Sands et le Père Moran (Liam Cunningham), face-à-face de vingt-deux minutes tourné en une seule prise. Alors qu'il était jusqu'à présent envisagé d'un point de vue extérieur, Sands se voit soudainement accorder longuement la parole et mettre sur un pied d'égalité avec son interlocuteur, ne serait-ce qu'à travers leur positionnement par rapport à la caméra (ils sont filmés de profil, l'un en face de l'autre, la caméra se situant à leur niveau). Passionnant tant sur le plan idéologique que philosophique, cet échange prend parfois des allures de dialogue intérieur, l'acteur parvenant à ce titre à transmettre toute la détermination et les doutes du personnage, sa rage et sa sérénité au moment d'annoncer et de justifier sa décision. Totalement habité par le rôle, Fassbender met pleinement à profit son expérience théâtrale à travers une présence impressionnante et des nuances de jeu remarquables. Il assure seul la fermeture de la scène à travers un gros plan frontal, la caméra étant placée juste derrière son interlocuteur, comme pour marquer la reconquête totale par Sands de son statut d'être humain. Le dernier acte du film, succession de scènes d'agonie à la limite du supportable, se rapproche encore davantage de l'homme, jusqu'à entrer véritablement dans sa tête à travers des flash backs. Le paradoxe veut que ce soit dans cette posture d'immobilité et de passivité qu'il agisse le plus radicalement sur le plan politique.

 

 

Michael Fassbender, révélation de Hunger

 

 

Traumatisant et magistral, Hunger dépasse le statut de simple oeuvre politique pour toucher directement à la condition humaine et prendre une ampleur paradoxale, compte tenu de la proximité de plus en plus forte avec le personnage central du film. Si le film de Steve McQueen se distingue par la force de son sujet et la virtuosité de sa mise en scène, la prestation d'acteur de Michael Fassbender, performance que l'on devine éprouvante à la fois physiquement et psychologiquement, force elle aussi l'admiration. Gageons que la reconnaissance obtenue grâce à ce film lui permettra d'entrer définitivement dans la cour des grands. 

 








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