Interview : Range Murata
Le 06/06/2008 à 08:39Par Frédéric Frot
A l'occasion de la convention Epitanime qui se déroulait le week-end dernier, nous avons eu l'honneur de rencontrer Monsieur Range Murata, de son vrai nom Renji Murata.
A l'évocation de ce nom, on pense instantanément aux séries incontournables du studio Gonzo que sont Last Exile ou encore Blue Submarine N°6. Range Murata est un véritable touche à tout, à la fois illustrateur, character designer et designer réputé pour son style novateur consistant à mêler les univers de l'Art Déco et de la japanimation pour créer décors et personnages. Sa carrière prend son envol au début des années 1990, par le biais des travaux de création de personnages et décors qu'il réalise pour des jeux vidéos - une activité qu'il exerce encore aujourd'hui. A ce jour, il a déjà publié plus d'une douzaine de artbooks (livres d'illustrations) compilant ses oeuvres, le plus connu chez nous restant le recueil Robot qui réunit une trentaine d'artistes japonais.
FilmsActu : Comment avez-vous été amené à travailler pour les studios Gonzo ?
Range Murata : Le patron de Gonzo (NDLR : Mahiro Maeda) était intéressé par mon travail et m'a contacté directement à l'époque.
Le character design est-il très différent selon qu'il est réalisé pour un jeu, une animation ou une illustration ?
En effet il y a des différences. Pour tout ce qui est jeux vidéos et animations, il s'agit d'un vrai travail d'équipe. Il faut donc prendre en considération les remarques de plusieurs personnes. Au contraire, l'illustration est un travail personnel. Pour ce qui est de l'animation, je dois faire un dessin que d'autres vont reproduire, il faut par conséquent qu'il soit relativement simple.
Regrettez-vous que le studio Gonzo ait mis fin au projet Mardock Scramble ?
Oui, j'ai vraiment beaucoup de regrets à ce sujet.
Ce projet est-il seulement suspendu ou bien est-il arrêté définitivement ?
La décision est sans appel et cet arrêt m'a un petit peu perturbé. Ce projet, qui devait être une animation entièrement en 3D, a été abandonné en raison d'un coût prohibitif et d'un risque de faible audience.
Quelles sont vos principales sources d'inspiration ?
Je suis attiré par toutes les vieilles machineries, par tout ce qui est ancien en général. J'aime chiner dans les brocantes et je m'inspire de tout ce que j'y trouve. Tous les objets qui ont au moins une centaine d'années et que plus personne n'utilise, ce sont eux ma principale source d'inspiration. Par exemple ce midi, nous sommes allés dans un musée à Compiègne où il y avait de vieilles automobiles. J'étais ravi.
Comment êtes-vous arrivé à réaliser le recueil Robot, qui est novateur ?
Je voulais publier quelque chose qui ressemble aux bandes-dessinées françaises. Le "tout couleur" n'existe pas vraiment au Japon, c'est le noir et blanc qui est utilisé la plupart du temps, comme pour les mangas. Or beaucoup d'illustrateurs japonais aiment comme moi la couleur, c'est pour cela que j'ai estimé nécessaire de réunir toutes ces personnes pour créer un livre tel que Robot.
Comptez-vous faire un véritable manga en monochrome, ce qui serait un peu à l'opposé de votre travail en couleur actuel ?
Ha non ! (Rires) Pas du tout ! Ce serait trop difficile pour moi.
Quel est votre sentiment à l'égard du public français et de nos éditeurs de mangas et d'animations ?
Ce qui me fait surtout plaisir, c'est de voir que ce que je suis parvenu à créer de positif au Japon ait pu se développer à travers le monde. C'est une très bonne chose.
Quels sont vos projets futurs ?
Du côté de l'édition, je souhaite continuer Robot. Concernant l'animation, je continue à travailler avec les studios Gonzo. Il y aura un film d'animation l'année prochaine et un autre est prévu d'ici trois ans. Par ailleurs, je continue de réaliser de petites illustrations pour des sacs et autres objets. Si ça marche bien, il sera possible de trouver des "vélos Murata" en France (rires).
Pourquoi ne dessineriez-vous pas une petite moto pliable comme sur l'une de vos illustrations ?
Ca, on n'y avait pas encore pensé (rires).
Quel mot de fin donneriez-vous au public français ?
Je porte un grand intérêt à la France, et je me réjouis de constater que la France me témoigne la même chose (rires).
Propos recueillis par Frédéric Frot
Nous remercions infiniment Monsieur Range Murata d'avoir bien voulu nous accorder cette interview. Un grand merci également à Amandine Fallone d'Epitanime et à Emmanuel Bochew.
Filmographie sélective:
Animation :
-Mardock Scramble (TV) : Character Design (2006)
-Last Exile (TV) : Character Design (2003)
-Blue Submarine N°6 (OAV) : Character Design, Mechanical design (1998)
Jeux vidéo :
-Spy Fiction, 2004 (PlayStation 2)
-Blue Submarine No.6 : Time and Tide, 2000 (Dreamcast)
-Wachenroder, 1998 (Saturn)
-Groove On Fight, 1997 (Saturn)
Illustrations :
-Robot (vol. 1 à 10) (2004-2008)
-Formcode (2006)
-Futurhythm (2003)
-Flat (1999)
Site officiel de Range Murata