Speed grapher : interview de Yûsuke Kozaki

Le dernier festival Chibi Japan Expo qui s'est déroulé à Montreuil sous bois en octobre dernier  nous à permis de rencontrer un mangaka pluridisciplinaire. Yûsuke Kozaki fait partie de ces touche-à-tout du dessin : tour a tour designer de jeu vidéo (No More Heroes 1 et 2), dessinateur de BD avant-gardiste (Tokyo Karasu) pour la revue ROBOT de Renge Murata ou chara-designer d'animation (Soul Eater, Speed Grapher), il manie le crayon avec précision pour notre plus grand plaisir. Cette rencontre lève un peu le voile sur ce personnage discret.

Filmsactu.com : Quel parcours vous à conduit à devenir mangaka et character designer de série et de jeux ?

Yûsuke Kozaki : J'ai lu le manga qui correspond au premier long métrage de Doreamon (NDLR : célèbre chat  robot bleu accompagné d'un  garçon dont les aventures perdurent encore de nos jours) dessiné par Fujiko Fujio, à l'époque où j'étais en première année de primaire. C'est comme cela que ma vocation est née, que j'ai eu envie de me lancer dans le dessin. Avant, je voulais être astronome, étudier les étoiles. Je lisais plein d'ouvrages sur le sujet quand j'ai finalement décidé de me tourner vers le métier de mangaka.

En tant que dessinateur, quelles sont vos sources d'inspiration ?

Essentiellement le cinéma et plus précisément la science fiction, les films d'action. Enfin, quand j'y pense, à peu près tout sauf les comédies sentimentales !

Vous avez travaillé pour plusieurs supports : le jeux, le manga et l'animation. Abordez-vous le dessin de manière différente selon le medium ?

Le métier de character design est très différent selon si l'on travaille sur un jeu vidéo ou une série d'animation. Si je dessine un personnage pour un dessin-animé avec trop de détails, il y a de fortes chances que cela ne convienne pas au réalisateur. Inversement, si je réalise un design trop épuré pour un jeu vidéo, cela ne passera pas non plus. Les contraintes liées à ces médias sont différentes sur le plan artistique comme technique. Dans le jeu vidéo, une fois le character design défini, il est repris en 3D sans qu'il y ait d'intervenant ultérieur. Dans le dessin-animé, plusieurs dessinateurs seront amenés à reprendre les personnages et il faut donc que le design soit précis sans être trop chargé. En ce qui concerne le manga, je choisis les dessins les plus faciles à réaliser et à retenir pour le côté répétitif (rire). Mais je ne fais pas de bible qui figerait les personnages pour le manga.

Comment êtes vous arrivé à travailler avec le studio Gonzo sur l'animation de Speed Grapher ?

J'ai été contacté à un moment ou le projet n'était pas encore validé. Les producteurs se sont dit qu'il valait mieux confier le design à un jeune talent plutôt qu'à un talent confirmé issu de l'industrie. Ils se sont donc mis à la recherche de jeunes illustrateurs dont les œuvres étaient présentes sur le web. C'est ainsi qu'ils m'ont contacté via mon site Internet pour réaliser le design des personnages de Speed Grapher.

En tant que jeune créateur, vous avez dessiné dans la revue Robot, dont le format est atypique au Japon. Comment en êtes vous arrivé à collaborer avec Renge Murata ?

Je ne me souviens plus trop. Je crois que c'est M. Fukushima, qui travaille sur cette revue, qui a proposé au rédacteur en chef, Renge Murata, de m'intégrer à l'équipe. Murata a donné son accord et j'ai débuté dans le volume 4.

Sur cette revue, vous travaillez en couleur. Est-ce que cela vous apporte plus de liberté de création ?

Comme Kyoko Haratsuka est relativement sombre, j'avais envie de faire quelque chose de complètement déjanté, une comédie délirante. Sur un plan purement personnel, c'est une œuvre que je qualifierais de libératrice.

Comment travaillez-vous vos illustrations et vos dessins ?

Je réalise mes dessins de manière traditionnelle. Ensuite je scanne mon travail et je trame les dessins, pour faire ensuite les finitions sur ordinateur.

En tant que dessinateur sur le Manga Kyoko, avez-vous un droit de regard sur le scénario ?

Je rencontre le scénariste une fois par mois. A chaque rencontre, nous échangeons nos points de vue et nous décidons de la direction nous allons prendre, de ce que nous allons conserver dans l'histoire, de ce que nous exprimerons à travers le manga. Je dirais que nous sommes chacun à l'origine de 50% des idées du scénario. En revanche, pour le dessin, je suis libre à 80% de faire ce que je désire. Je réadapte les dialogues écrits dans le scénario afin d'améliorer la fluidité du manga.

Avez-vous des projets en cours ?

Je suis en train de terminer le jeu No more heroes 2 qui va sortir sur la console Wii chez Nitendo. En dehors de cela, je travaille également sur d'autres projets mais ils sont encore tenus secrets.

Qu'avez-vous pensé de la France pour votre premier séjour parmi nous ?

J'aurais énormément de choses à dire. Les gens sont tous agréables, la nourriture est excellente et les paysages merveilleux. Si je n'étais pas né au Japon, j'avoue que j'aurais aimé voir le jour en France qui est à mes yeux le pays de l'art.

Propos recueillis par Frédéric Frot

Chibi Japan Expo, Octobre 2009