2012 : avis à chaud
Le 29/10/2009 à 15:29Par La Rédaction
Kevin Prin : 18/20 :
Joie ! Tout ce que nous espérions en découvrant les bandes-annonces de 2012 se concrétise au final ! Nous voilà devant un film catastrophe s'imposant comme un must du genre et plus simplement comme le film catastrophe le plus impressionnant de l'histoire du cinéma, bourré d'images d'apocalypse et de destruction et, qui plus est, parfaitement écrit. Evidemment 2012 répond aux conventions du genre, avec ses thèmes familiaux, son axe biblique autour de l'arche de Noé, ce qui en rebutera plus d'un. On pourrait aussi reprocher à la dernière partie du film de frôler la mièvrerie, un défaut contrebalancé par l'absence générale de temps mort et le rythme parfait qui en découle. De toute façons 2012 remplie parfaitement son cahier des charges : qui veut voir un grand film catastrophe (de 2h38 !) bourré d'images soignées et de scènes anthologiques en aura pour son argent, avec en guise de cerise sur le gâteau la monumentale scène de destruction de Los Angeles.
2012 vient détrôner sans problème Le Jour d'Après et s'impose comme le meilleur film de Roland Emmerich. De très loin !
Elodie Leroy : 15/20
Nous l'attendions avec un mélange d'impatience et de méfiance. Pourtant, 2012 s'avère finalement remplir très dignement son cahier des charges. Mieux, il pourrait s'agir d'un futur classique du genre, tant Roland Emmerich se montre généreux en termes de scènes spectaculaires toutes plus démentes les unes que les autres, exploitant avec une richesse inédite toutes les facettes du film catastrophe. Sur le fond, bien entendu, Roland Emmerich ne renouvelle en rien son cinéma : les valeurs morales ne bougent pas d'un iota et l'on retrouve la « philosophie » du blockbuster américain type dans toute sa splendeur à travers la glorification de la famille et de l'entraide. Avec juste ce qu'il faut d'humanisme cependant pour faire avaler la pilule à ceux qui pourraient se laisser rebuter par la symbolique religieuse. On reprochera à ce 2012 sa longueur, certaines péripéties relevant du pur prétexte pour faire durer le suspense dans la dernière demi-heure, mais la machine demeure suffisamment bien huilée pour ne jamais perdre en efficacité, d'autant que le casting assure constamment un bon niveau d'interprétation (Chewetel Ejiofor, John Cusack, Thandie Newton...). Et puis de toute manière, on ne chipotera pas sur le scénario devant un tel déluge d'images apocalyptiques époustouflantes.
Arnaud Mangin 12/20 :
Dans le dos de Roland Emmerich il y a un bouton On/Off. Cette année, le bougre est sur On et fait grosso modo ce que l'on attend plus trop de lui, mais qu'il torche avec ses tics habituels. Qualités comprises. En mode automatique, donc, il nous ressort une version améliorée de ses précédents, tout en demeurant le brouillon technique de son prochain : histoire et personnages inconsistants sélectionnés aux quatre coins du globe pour le coté drame international, implication zéro de la part du spectateur, mais une vraie générosité visuelle, limite orgiaque, confirmant qu'il est pote avec quelques cadors de chez ILM. Surnagent même ici et là quelques idées de génies plus ou moins tordues dévoilant que le bonhomme a pris un véritable recul sur son travail, sa carrière et lui-même. Il va même jusqu'à parodier sa fameuse scène du labrador d'Independance Day avec un chihuahua à poils longs et revendiquer, à travers une critique littéraire, qu'il se fiche royalement que ses films paraissent niais puisqu'ils survivront à ses détracteurs. Le problème, c'est que justement son film est niais. Pas plus, ni moins qu'à son habitude, mais on aura une nouvelle fois l'occasion de s'esclaffer devant autant de bonté humaine face au chaos total. La morale est sauve, le cadre familial aussi, tout va bien.
Yann Rutledge : 6/20
Roland Emmerich ne peut être qu'un réalisateur blasé. Car il faut être effectivement sacrément blasé pour accoucher cinq fois du même film et user jusqu'à plus soif des mêmes ficelles narratives. Des ficelles qui sont ici, il faut le dire, au service d'une vision d'un autre âge de la famille (le beau-père n'est là que pour ressouder le couple divorcé) et populiste de la gouvernance (les bureaucrates sont des pourris sans coeur). Ce qui est pour autant le plus rageant dans cette histoire est que contrairement à - au hasard - Michael Bay, il ne semble à aucun moment prendre son pied à imaginer et mettre en scène ses cataclysmes. Un comble lorsqu'on est à la tête de productions budgétisés à 150 millions de dollars et qu'on peut tout faire... 2012 est l'exemple même du scénario écrit sur un bout de table à coup de "on a qu'à dire que". "On a qu'à dire qu'ils se retrouvent à deux doigts de se faire écraser par donut géant". "On a qu'à dire qu'un train manque de s'écraser sur leur avion". "On a qu'à dire que leur avion passera entre deux immeubles qui s'écroulent." Et bien entendu l'incontournable "on a qu'à dire que la Maison Blanche se fait détruire par [insérer ici un truc rigolo]".
On aurait aucune raison de s'en plaindre si Emmerich avait mis le paquet pour en foutre plein les mirettes. Tant qu'à faire du spectaculaire, autant offrir au public de quoi jouir. Raté. Le réalisateur se satisfait pourtant avec une constance effrayante à enchainer deux valeurs de plans : plans larges sur des bidules qui s'écroulent (bien foutus, on remercie ILM) et gros plans sur John Cusak qui grimace. Immersion : zéro. Après 10 000, 2012 confirme non seulement que Roland Emmerich est un gars blasé mais que sans l'aide de ses copains de ILM qui parviennent à faire illusion, le bonhomme a, en ce qui concerne ses aptitudes à raconter une histoire, une bonne dizaine d'années de retard sur ce qui se fait aujourd'hui.