Brutus vs César 2 : "J'ai d'autres idées. Je veux bâtir un univers" Kheiron

Décalé depuis avril à cause de la pandémie, Brutus vs César se retrouve finalement sur Amazon Prime Video, à l'instar de Forte. Une alternative qui ravit Kheiron au vu de la situation mondiale actuelle.

4e film de l'humoriste scénariste acteur réalisateur, la comédie peplum Brutus Vs César s'amuse à réinventer l'empire romain, la gaule de Vercingétorix et le conflit entre César et son bâtard.

Avec Ramzy en César, Youssef Hajdi en Vercingétorix, mais aussi Pierre Richard, Gérard Darmon, Berengère Krief, Artus (en Sparacus), Thierry Lermitte... "Que ce film existe est un vrai tour de force", nous a confié Kheiron.  

L'histoire : Face à la tyrannie de César qui agit en maître absolu sur Rome, les sénateurs Rufus et Cassius fomentent un complot pour l’assassiner. Pour avoir le soutien du peuple, ils proposent à Brutus, le fils renié de César, d’être celui qui lui portera le coup de grâce. Seul problème : Brutus est un marginal qui n’a pas du tout les épaules taillées pour le costume…



Rencontre avec Kheiron qui ne cache pas avoir des envies de Brutus vs César 2 et pourquoi pas d'une série maintenant qu'il est en collaboration avec Amazon.

"Je ne veux pas en dire plus mais ce qui j’imagine pour la suite, je veux le faire avec Amazon." Kheiron

As-tu été déçu de passer d’une sortie cinéma à Amazon ?
Kheiron : J’ai été désarçonné par cette pandémie mondiale. A un moment donné tu te dis :"attends, le film devait sortir en avril. Finalement on fixe sa sortie en juillet, puis en août. Jusqu’où on va aller comme ça ?". La chance que l’on a eu c’est qu’Amazon ait aimé le film et ait été très enthousiaste et moteur. Il le voulait vraiment ce film. A un moment donné on s’est dit "on va repousser jusqu’en 2021 où il n’y aura plus 8 mais 20 sorties de film par semaine. On va avoir 8 copies en France." Il faut peut-être partir avec des gens qui y croient à fond et expérimenter autre chose. Sur le format que j'imagine dans la durée pour Brutus Vs César, c’est sûr qu’Amazon est un partenaire idéal. Je suis même libre dans le format. Je ne veux pas en dire plus mais ce qui j’imagine pour la suite, je veux le faire avec Amazon. 

Un Brutus vs César 2 est donc possible ?
Oui. Je le dis très sincèrement. La plupart des gens n’annoncent pas qu’ils veulent faire une suite parce que : attends on verra déjà le premier parce que si le film se vautre, on va me dire "si t’as pas fait un 2 c’est qu’il s’est vautré. Tu as dit que tu en ferais un sinon". Mais moi je l’assume. Si je ne fais pas de 2 c’est effectivement parce que le 1 ne marche pas. J’ai plein d’idées. Il y a une vingtaine de personnages dans le film. Ces comédiens sont aussi venus parce que je leur ai parlé du développement de leur personnage sur la suite. C’est comme une série. C’est vraiment un univers que je veux créer avec ces gens-là.

"C'est voulu qu'il n'y ait pas de notion d'ethnie dans Brutus Vs César. On voit des femmes gauloises qui se battent, des femmes au Sénat, des femmes guerrières chez les romains. Cela n'existait pas."

On te retrouve en Brutus, Ramzy en César, Youssef Hajdi en Vercingétorix... c'était une envie de casser les codes ?
C’est un vrai parti pris. C'est voulu qu'il n'y ait pas de notion d'ethnie dans Brutus Vs César. On voit des femmes gauloises qui se battent, des femmes au Sénat, des femmes guerrières chez les romains. Cela n'existait pas. Je voulais qu'il y ait une vraie diversité dans ce film. On aurait pu uniquement embaucher des figurants marocains (le film a été en partie tourné au Maroc -ndr), cela aurait coûté moins cher, mais j’ai fait venir des Asiatiques, de Noirs et des Caucasiens des quatre coins du Maroc pour qu'il y ait cette diversité. 

Comment a réagi Ramzy quand tu lui as proposé le rôle de César ?
Ramzy, je l’avais rencontré aux Césars il y a quelques années et il m’avait dit un truc hyper gentil : "Quel que soient les résultats, tu as déjà gagné. Tu as fait un super film". Il avait vraiment aimé Nous Trois ou Rien. J’avais trouvé cela super sympa. Deux trois ans plus tard. Je me suis permis de l’appeler. J'avais une question à lui poser. Je lui dis : "tu te rappelles de moi, c’est Kheiron. je voulais te poser une question". Il m’a répondu: "Tu sais Kheiron, j’ai adoré tes deux films. Si un jour tu penses à moi pour un rôle, je serais vraiment touché de travailler avec toi". Ok je le mets dans un coin de ma tête, je ne l’oublie pas. Plus tard, je l’appelle donc pour Brutus. Je lui dis "Salut Ramzy. C’est Kheiron. J’ai écris mon troisième film. J’aimerais te proposer un rôle. Alors c’est l’histoire de… ". Il me dit "Ok". Je lui dis "comment ça ?". Il me dit "c’est bon, je le fais". "Attends tu sais même pas quel rôle, combien de jours de tournage, ce quoi raconte l’histoire". Il me dit "non mais je te fais confiance. Je veux qu’on bosse ensemble, on y va". On ne m’a jamais fait ça. C’est la plus belle preuve de confiance que l’on puisse me faire. Il a dit oui, il ne savait rien. Après, je lui ai envoyé le scénario. "En plus c’est pour jouer César, mais bien sûr que je le fais". Il a kiffé. Il s’est amusé. Un comédien ce qu’il recherche c’est de pouvoir jouer des choses différentes, d’avoir de la nuance. Le personnage de César est très nuancé. Ramzy l’a emmené très très haut. Il m’a régalé sur le tournage. 

"Le meilleur moyen de rendre hommage à une oeuvre que tu aimes, parce que j’aime Astérix et Kaamelott, c’est de t’éloigner de ce qu’ils ont fait pour proposer autre chose."

Tu remercies Kaamelott et Astérix parmi des dizaines d’autres films. Tu t’attendais à ce que l’on te parle précisément de ces deux là ?
Oui mais cela ne me gêne pas parce que ce sont deux franchises incroyables. J’adore les gens qui arrivent à créer des univers. Que cela Uderzo, Goscinny ou Alexandre Astier, ce sont trois génies. Astérix dure depuis je ne sais plus combien de temps. Je crois que c’est la BD la plus lue en Europe et dans le monde. Y a un parc où des centaines, des milliers de gens vont chaque jour pour faire des attractions. Mais qui je suis pour dire "non ne me comparez pas !". On est en France, c’est un gaulois, c’est normal que les gens allaient l’avoir en tête. Puis l’Astérix dont parlent les gens, c’est celui d’Alain Chabat, encore un autre génie. Je suis extrêmement flatté et honoré que l’on me compare. Après Butus c’est encore autre chose. Parce que c’est mon énergie, mon oeuvre. J’essaie justement de ne pas ressembler ni à Astérix ou à Kaamelott. Le meilleur moyen de rendre hommage à une oeuvre que tu aimes, parce que j’aime Astérix et Kaamelott, c’est de t’éloigner de ce qu’ils ont fait pour proposer autre chose. 

Parlons de ta coupe de cheveux en Brutus. C’était compliqué au quotidien ?
Les premiers jours c’était très très difficile. Vraiment. Je l’ai faite à Paris pendant les essais pour le film. Je prends le métro avec le bouc comme ça et les côtés de la tête vides. On ne s’en rend pas compte, c’est pas un dégradé. On est sur du rien. Tu sens que la nuque monte haut. J’ai eu cette coupe pendant plusieurs mois. Au début je n’étais pas bien. A mon niveau, je suis personne. Mais je suis un petit peu médiatisé, et que des gens te reconnaissent et se disent "non cela ne peut pas être lui avec cette coupe-là".... Je les voyais déçus (rires). "Non c’est un sosie, ce n’est pas lui". Franchement, elle est dégueulasse la coupe, on ne va pas se mentir. Mais après tu t’y fais. Mais c’est un sacrifice que j’ai fait pour faire rire les gens. 

"Je n’ai jamais attendu que l’on me propose des choses. J’ai toujours fait mes films. Pour te dire, le 3e est pas encore sorti que le 4e est déjà prêt."

Quelle est ta technique pour ne pas rire pendant une prise ?
En réalité, je suis le moins discipliné de la bande. C’est ça le pire. Je suis celui qui galère le plus pour apprendre son texte. J’ai des problèmes de mémoire. C’est honteux car j’ai écris le scénario. Quand je l’ai écrit, j'ai fais en sorte qu’il soit facile à jouer pour moi et je suis celui qui le maîtrise le moins. C’est honteux. J’ai une scène avec Thierry Lermitte, Gérard Darmon, Pierre Richard, Reem Kherici, ils ont tous le texte au cordeau et moi je suis en galère. Forcément quand il y en a un qui rame, cela fait rire les autres. Le secret pour ne pas rire, c’est de rester concentré. Mais c’est mon problème dans la vie. Je n’ai pas de méthode en fait. La chance que j’ai c’est comme je dois réaliser et jouer, je ne me laisse pas de latitude, je ne me laisse pas le temps de me lamenter. Je suis obligé d’avancer. Mais j’avoue que parfois par facilité j’ai dit "cette blague n’est pas si marrante, on l’enlève" alors qu’elle était super marrante. C’était juste que je n’arrivais pas à la dire (rires)

Tu as joué dans 4 films dont 3 que tu as écrit et réalisé. C’est un choix de ta part ou c’est parce que l’on ne te propose pas de rôles intéressants ?
A une époque, on me proposait des rôles. Certains auraient pu être intéressants. Mais pour des raisons d’agenda, je n’ai pas pu les honorer. D’autres n’étaient pas intéressants. Sincèrement aujourd’hui on ne me propose plus grand chose. Je suis honnête. Encore une fois je sais qu’il faut dire "les propositions sont là mais c’est moi qui dit non". Non aujourd’hui on ne me propose plus rien. C’est pas grave. Je n’ai jamais attendu que l’on me propose des choses. J’ai toujours fait mes films. Pour te dire, le 3e est pas encore sorti que le 4e est déjà prêt. J’ai toujours soif d’écriture et soif de réaliser mes propres projets.

Brutus vs César ne dure que 1h17. C'est court pour ce genre de film.
Je vais être honnête, notre budget ne nous permettait pas de dépasser cette durée. Les costumes, les décors, les figurants, c'est coûteux et notre budget n'était pas si énorme. J'ai préféré faire court mais garder de la qualité.

C'est vrai que vous avez utilisé des décors de Game Of Thrones ?
Oui. Au Maroc, on a récupéré des décors qui existaient déjà. On les a rafistolés. A Ouarzazate, on a pu récupérer des décors de Game Of Thrones mais aussi de Gladiator. 

Brutus vs César est disponible sur Amazon Prime Video.

"Je ne veux pas en dire plus mais ce qui j’imagine pour la suite, je veux le faire avec Amazon." Kheiron