Ethan Hawke (les 7 Mercenaires) : "J'ai refusé le rôle de Will Smith dans Independance Day"
Le 16/04/2019 à 14:38Par Olivier Portnoi
Ethan Hawke est à l'affiche du remake de Les 7 Mercenaires d'Antoine Fuqua (Training Day, Equalizer) avec Denzel Washington, Chris Pratt, Byung-Hun Lee ou encore Vincent d'Onofrio. L'acteur complice de Richard Linklater a enfin pu assouvir son fantasme d'incarner un cow-boy dans un western.
Les 7 Mercenaires suit sept hors-la-loi, chasseurs de primes, joueurs et tueurs à gages menés par Sam Chisolm (Denzel Washington) qui décident de venir en aide à la petite ville de Rose Creek tyrannisée par l'industriel Bartholomew Bogue. Alors qu'ils se préparent pour ce qui s'annonce comme une confrontation sans pitié, ces sept mercenaires prennent conscience qu'ils se battent pour bien autre chose que l'argent...
On a eu l'opportunité de discuter quelques minutes avec le sympathique Ethan Hawke lors de sa venue à Paris pour la promo du film.
Les 7 Mercenaires est un véritable western et non pas le Suicide Squad du western que pouvait laisser suggérer sa bande-annonce. Qu’est-ce qui vous a donné envie de participer à ce remake ?
Justement, que cela soit un "old fashion western". Il y a quelques années à New York, j’ai présenté une projection d’Equalizer que Denzel Washington et Antoine Fuqua avaient tourné. C’était une petite fête pour célébrer la sortie du film. Je leur ai demandé quel était leur prochain projet et Antoine m’a dit "Les 7 Mercenaires". Quand j'ai voulu savoir qui d’autre était casté, il m'a répondu "personne". Je lui ai alors dit : "Cela veut dire qu’il y a six autres rôles et si je n’en ai pas un, on ne sera plus ami". Quelques semaines plus tard, le scénario est arrivé chez moi par la poste. On a évoqué quel rôle pourrait m’aller… Je connais Antoine et Denzel depuis plusieurs années (ils ont tourné Training Day ensemble en 2001-ndr). Je connais leur manière de penser. Je savais qu’ils n’allaient pas produire quelque chose de désinvolte, ironique, détaché ou post moderne. Je savais qu’Antoine voulait faire un western old school. Et que cela serait vraiment fun. Je n’ai pas tourné dans beaucoup de blockbusters. Les 7 Mercenaires est le film le plus coûteux auquel j'ai participé.
N’est-il pas risqué aujourd’hui de produire un western à gros budget de nos jours ?
On verra. Django Unchained a été un hit mais c'est avant tout un film de Tarantino. De temps en temps, un western fonctionne au box-office mais il est vrai que la plupart du temps, ce n'est pas le cas. J’aime penser que ce n’est pas le genre qui compte mais la qualité. Les films d’horreur sont à la mode puis la mode passera et il faudra en attendre un vraiment bon pour stimuler à nouveau le public. En ce moment, le moindre film de super-héros est un hit. Et ils ne sont pas tous bons. Mais pour une raison, tout le monde suit la mode. Quand cette vague passera, il ne restera plus que les meilleurs. On idéalise les westerns des années 50 et 60 car on continue seulement à en regarder les meilleurs. Or, il y en avait beaucoup de mauvais. Les 7 Mercenaires est à mon avis un bon film. Je peux le dire car je n'y ai finalement qu'un rôle secondaire. Il mérite de trouver son public.
Rêviez-vous d’être un cow-boy enfant ?
Je suis né à Austin dans le Texas. Mon père et ma mère vivaient à Fort Worth (Nord est du Texas), c’est la ville de la vache. Où que tu ailles, chaque cinéma indépendant joue des classiques du western comme l'Homme des vallées perdues (Shane -1953) ou un Red Rock quelque chose. J’ai grandi en regardant ces films. Quand tu es jeune, tu n’as pas la possibilité d’être dans un western. J’ai assez vécu pour avoir le droit de porter un chapeau et de monter à cheval. C'est l'un des avantages à vieillir.
Quels sont vos westerns préférés ?
Mon préféré est certainement Pat Garett et Billy The Kid. Sam Peckinpah à la réalisation, Kris Kristofferson en Billy The Kid, j’adore ce film. Il possède la meilleure chanson jamais écrite pour un film selon moin "Knockin on Heaven’s Door" par Bob Dylan (qui joue dans le film-ndr). Tous les westerns de Peckinpah sont probablement mes préférés. La Horde Sauvage notamment.
C’est votre second film avec Denzel Washinghton. Que pouvez-vous nous confier sur lui en tant qu’acteur ?
Training Day était incroyable pour moi car le film était centré sur nous deux. On était constamment ensemble. Cette fois-ci c’était différent car c’est un film de groupe. Il n’y en a pas deux comme lui. Chaque génération a ses grands poètes, rockstars, peintres. Il est l’un des grands acteurs de notre époque. Cela a été un privilège de pouvoir travailler avec lui par deux fois. On ne devient pas Denzel par accident. Il évolue à un niveau si élevé. C’est déjà difficile d’être dans un bon film et d’être dans un bon film qui est un succès, alors faire cela pendant trente ans est un exploit. C'est un acteur génial et une vraie star du cinéma.
Selon quels critères choisissez-vous vos films ? Vous passez de films indés à des plus gros budgets en passant par la SF et le film d’horreur.
Je me sens comme un chat. J’essaie juste de rester vivant. J’ai un atout, j’aime vraiment le cinéma, et j’aime toutes sortes de films. J’ai du plaisir à jouer dans un film d’horreur, dans un western, dans un film d’arts et d’essai. Cela m’embarque. J’adore les films romantiques, les comédies, les films de durs à cuir... C’est un peu une énigme de savoir comment faire un bon film. Quand j’imagine ma nécrologie, j’aime penser que j'aurai à mon actif un très bon film dans chaque genre.
Quel rôle regrettez-vous d’avoir refusé ?
J’ai pris tellement de mauvaises décisions dans ma carrière. C’est fun d’en parler mais par forcément en interview. Je ne voudrai pas que l’on pense que je dise du mal de l’acteur qui a accepté le rôle à ma place mais bon... l’exemple que je cite souvent est quand j’ai refusé le rôle de Will Smith dans Independance Day. J’ai refusé en me disant cela ne fonctionnera jamais. Puis j’ai vu le film dans une salle comble le week end du 4 juillet. Chaque réplique de Will Smith faisait hurler de rire les spectateurs et c’était des répliques que je pensais être pourries. Je me suis dit que j’étais vraiment idiot. Et que lui très malin.
Qui a le plus de classe parmi les Sept Mercenaires ?
Byung-Hun Lee est l’un de mes nouveaux acteurs préférés. Il a fait un western coréen appelé The Good The Bad and The Weird (Le bon, la brute et le cinglé). Il y est incroyable. Il joue aussi dans un de mes films d’action préférés de ces dernières années, A Bittersweet Life. Il n’est pas un cowboy conventionnel comparé aux autres. Martin l’Indien (Sensmeier) sait chevaucher un cheval et tirer à l’arc, Chris (Pratt) est un homme des grandes plaines, (Vincent 'd'Onofrio) intègre ce monde mieux que nous tous... tous sont géniaux mais Byung-Hun Lee est le meilleur cowboy.
Et qui est le plus drôle ?
Chris Pratt. Ce type est vraiment drôle. Il ne s'arrête jamais. Vincent D'Onofrio aussi a beaucoup d'humour.
Que faisiez-vous les soirs après le tournage ? Vous trainiez ensemble ?
On a tourné ce film pendant cinq mois. C’était brutal. Il faisait si chaud. On a tellement traîné ensemble que l’on a fini par en avoir marre les uns des autres (rires).
Si vous deviez nommer un film dans votre carrière qui a compté plus que les autres…
Il y en a plusieurs. Le Cercle des Poètes Disparus a changé les choses pour moi. Il m’a offert de l’exposition. Sans celui-là, les autres n’auraient peut-être pas été possibles. Mais si je ne devais qu'en citer un, cela serait un regroupement de Before Sunrise, Before Sunset, Before Midnight. Ils me sont très chers d'autant plus que je les ai co-écrits.
Quel souvenir gardez-vous d'Explorers avec Joe Dante ?
Joe Dante a été mon prof en matière de cinéma. C'est un vrai geek. Il l'était à une époque où être geek n'était pas encore cool. A savoir avant l'arrivée de Tarantino. Joe a eu un rôle de mentor pour moi. Il m'a fait découvrir des films comme The Thing de John Carpenter ou le Train de John Frankenheimer. Il me parlait pendant des heures de Sinatra en expliquant pourquoi c'était un acteur incroyable. Je n'avais que 14 ans. Explorers a éré mon premier film de cinéma.