Jason Blum et Leigh Whannell, les faiseurs de cauchemars de Blumhouse - Interview Invisible Man
Le 26/02/2020 à 08:57Par Pierre Champleboux
À l’occasion de la sortie d’Invisible Man, FilmsActu a rencontré son réalisateur Leigh Whannell (également scénariste sur les franchises Saw, Insidious et réalisateur de l’étonnant Upgrade) et Jason Blum, nouveau pape de l’horreur et grand patron de Blumhouse, le studio qui enchaîne les productions d’horreur à petit budget avec un certain succès.
Quels sont leurs projets ? Quelle est la recette de leurs succès ? Quelles suites sont en route ? Et ce remake de New York 1997… Ça en est où ? Ils nous disent tout.
FilmsActu : Jason, en tant que producteur, quels sont les ingrédients que tu recherches dans un projet de film d’horreur ?
Jason Blum : Il faut avant tout que le film me fasse peur, que son histoire me touche. C’est ce genre de films que j'essaie de produire. Et pour y arriver, je recherche des réalisateurs de talents, comme Leigh.
FilmsActu : Quel est le film Blumhouse dont tu es le plus fier ?
Leigh Whannell : Ha, t’es mal barré ! (rires) Que vas-tu répondre ?
Jason Blum : Elle est pas facile, cette question ! (rires) C’est comme si tu me demandais : “lequel de tes enfants est ton préféré ?”. Mais je crois que le film qui a changé la façon dont les gens percevaient Blumhouse, c’est American Nightmare. À sa sortie, les gens ont commencé à dire “Wow ! En fait ce studio fauché arrive à produire des trucs qui en jettent !”, et c’est quelque-chose qui a beaucoup compté pour moi. Ça a changé l’avenir du studio.
FilmsActu : Quel film Blumhouse est le plus sous-estimé, selon toi ?
Jason Blum : Happy Birthdead 2, sans hésiter. Pour moi, c’est un film vraiment super, mais il n’a pas reçu l’accueil escompté.
FilmsActu : Après Halloween, à quelle franchise culte du cinéma d’horreur va s’attaquer Blumhouse ?
Jason Blum : Leigh, qu’est-ce que t’as envie qu’on fasse ?
Leigh Whannell : Que dirais-tu de Scanners ?
Jason Blum : Ha… (manifestement déçu, ndlr) J'espérais que tu me parles d’un truc genre Vendredi 13 !
Leigh Whannell : T’as les droits de Vendredi 13 ?
Jason Blum : J’y travaille...
Leigh Whannell : Vraiment ?
Jason Blum : Ouais, mais je ne les ai pas encore.
Leigh Whannell : Mais tu les veux ?
Jason Blum : Oui, je veux vraiment faire Vendredi 13.
Leigh Whannell : Et pourquoi pas Hellraiser ?
Jason Blum : On a essayé d'en faire une série télé, mais le projet n’a pas abouti.
Leigh Whannell : Moi j'aimerais vraiment faire le reboot de Scanners de David Cronenberg.
Jason Blum : Je l’appelle tout de suite ! (rires)
Leigh Whannell : Je pense que le film a beaucoup vieilli et j'ai une idée de reboot qui pourrait être vraiment cool ! Ce n’est pas une franchise aussi connue que Vendredi 13 ou Halloween, c’est plus facile de la réinventer.
FilmsActu : Après Invisible Man, vous comptez faire d’autres films avec les Universal Monsters ?
Jason Blum : Je ne sais pas. L’idée me plaît. Mais je crois qu’Universal a confié chacun ses monstres à des personnes différentes, mais c’est clair qu’on aimerait en faire d’autres, et j’espère qu’on le fera avec Leigh.
Leigh Whannell : Mais pourquoi ils ne te donnent pas tous leurs monstres, à toi ?
Jason Blum : Je n’ai pas la réponse à cette question ! (rires) Mais je ne veux pas tous les Universal Monsters non plus.
Leigh Whannell : Je trouve que ce serait bien de les rebooter. Les Universal Monsters sont presque devenus inoffensifs, aujourd’hui. On utilise même Dracula pour vendre des céréales ou des pizzas !
FilmsActu : Alors comment les rendre effrayants à nouveau ?
Leigh Whannell : Je crois que ce qu’il faudrait faire, c’est les débarrasser de leurs looks et de tout ce que les gens connaissent déjà d’eux. Revenir à l’essence même de ces personnages, aller puiser dans le cœur de ces monstres, leurs natures. Prenons Dracula : c’est un sociopathe qui boit du sang. Il n’éprouve pas de pitié, aucun sentiment. Pour lui, les humains sont juste de la bouffe. Ce serait ça, pour moi, l’idée centrale d’un reboot de Dracula. On oublie la cape, le château, et tout le tralala...
Jason Blum : Je suis du même avis !
Leigh Whannell : Il faut que tu le fasses.
Jason Blum : Faisons-le ensemble !
Leigh Whannell : Je suis partant !
FilmsActu : Leigh, ton film Upgrade se rapproche d’ailleurs un peu d’un autre Universal Monster : Frankenstein !
Leigh Whannell : C’est vrai, par plusieurs aspects, c’est le cas. Il y a un vrai côté Frankenstein dans Upgrade. Cette scène où le héros parvient à marcher de nouveau a une vraie vibe à la Frankenstein, genre “It’s aliiive”
FilmsActu : Est-ce qu’on peut espérer un jour une suite d’Upgrade ?
Leigh Whannell : Qu’est-ce que tu peux nous en dire, Jason ?
Jason Blum : On y a réfléchi, on a un plan… Écoute, tout ce que je peux te dire c’est qu’à un moment ou à un autre, d’une manière ou d’une autre, on va revenir à Upgrade d’une façon très différente. Clairement, on n’en a pas terminé avec Upgrade.
FilmsActu : Leigh, penses-tu qu’Invisible Man puisse aider les personnes qui sont dans des relations toxiques, qui subissent des violences conjugales, à réaliser ce qu’ils vivent et à essayer de s’en sortir ?
Leigh Whannell : Tu sais, c’est compliqué de savoir à l’avance comment un film va être perçu. Jason en sait quelque-chose. Mais tout au long de ma carrière, j’ai reçu, via les réseaux sociaux, des messages de gens qui me disaient “je traversais une sale periode de ma vie et j’ai vu le film que vous avez scénarisé, et ça m’a inspiré, ça m’a aidé à m’en tirer”. Et quand ça arrive, c’est vraiment super. Donc si ça arrive avec Invisible Man, tant mieux.
FilmsActu : Mais c’est quelque-chose que tu avais en tête en écrivant le film ? Le personnage de l’homme invisible est un vrai psychopathe, mais il y a malheureusement beaucoup de types comme lui dans la vraie vie.
Leigh Whannell : Très honnêtement, j’ai surtout essayé de faire le film le plus flippant possible. Avoir le personnage de cette femme, poursuivie par son ex psychopathe, c’était pour moi la meilleure façon d’exploiter le mythe de l’Homme Invisible. Parce qu’au final, c’est quoi son pouvoir ? Être invisible. Et que ferait un taré avec ce pouvoir ? Il essayerait de s’introduire dans la vie des gens, de mettre leur univers sans dessus dessous. Pour moi, c’était naturel que l’histoire aille dans ce sens.
Films Actu : Et tu avais vu Hollow Man ?
Leigh Whannell : je l’ai vu au ciné à sa sortie, mais je ne l’ai volontairement pas revu depuis, je ne voulais pas risquer d’être influencé. J’ai juste revu le premier film, L’Homme Invisible de James Whale.
Jason Blum : C’est le premier film d’homme invisible que j’ai vu ! Je l’ai vu avec ma mère.
Leigh Whannell : Oh vraiment ? Tu l’as vu au ciné en 1933 ? T’avais quel âge à l’époque ? 10 ans ? (rires)
Jason Blum : Ma mère adorait les Universal Monsters !
FilmsActu : Leigh, tu bosses toujours sur le reboot de New York 1997 ?
Leigh Whannell : J'ai l'impression qu'on en a parlé un peu trop tôt à la presse. C'est un projet auquel j'étais attaché… mais je ne sais pas vraiment ce qu'il va se passer. Il faut faire très attention quand on s'apprête à toucher à un film aussi culte. Si on le fait, il faut le faire bien. Jason a produit le reboot d'Halloween, et c’était un pari risqué, car beaucoup de gens l’attendaient au tournant. Là bonne idée, c’était de faire revenir John Carpenter. Je crois que Jason m’avait dit “Je ne le ferai pas sans John Carpenter”.
Jason Blum : Tout à fait, je l’ai dit.
Leigh Whannell : John Carpenter n’était pas chaud. Alors Jason a insisté, insisté, et insisté… Jusqu’à ce que, finalement, il accepte. Il a signé la musique du film, et le fait qu’il valide ce reboot a beaucoup compté. Donc, pour répondre à ta question… Je ne sais pas ce qu’il va se passer. J'ai été tellement occupé sur Invisible Man que je n'ai pas eu le temps de m'y remettre.