Jean-Claude Van Damme : "Lukas est un vrai super-héros" interview
Le 04/01/2021 à 15:35Par Olivier Portnoi
A l'occasion de la sortie au cinéma de Lukas en août 2018, FilmsActu a pu discuter une dizaine de minutes avec Jean-Claude Van Damme et le réalisateur Julien Leclerq (Braqueurs).
Lukas est le premier film de JCVD à sortir dans nos salles depuis Expendables 2 en 2010. Ancien garde du corps qui enchaine les petits boulots de sécurité dans des boites de nuit de Bruxelles pour élever sa fille de 8 ans, Lukas se retrouve contraint de collaborer avec la police. Sa mission: infiltrer l’organisation d’un dangereux chef de gang flamand.
"J’avais envie d’emmener Jean-Claude dans un polar sec, flamand." Julien Leclerq
Jean-Claude Van Damme est métamorphosé sous la direction du français Julien Leclerq (Braqueurs). La star de Bloodsport livre une prestation aussi brutale que sensible en père de famille prêt à tout pour sauver sa fille.
Julien, tu as tout de suite pensé à Jean-Claude Van Damme pour Lukas ?
Julien Leclerq (réalisateur) : C’est un film qui a été développé par le scénariste Jérémie Guez (également auteur de romans policiers) et son associé. On avait déjà écrit un long métrage ensemble et on a eu envie de porter ce scénario à l’écran. Très vite, il est apparu évident que ce film était fait pour Jean-Claude.On sent une volonté de casser l’image du film d’action traditionnel. Ce qui était déjà le cas de ton précédent film Braqueurs.
Julien : Totalement. Avec mon ADN et ce que j’aime faire, j’avais envie d’amener Jean-Claude dans un polar sec, flamand. Il y a des sublimes polars ces dernières années que j’avais adoré, les Ardennes, Black, qui étaient beaucoup plus brutaux que les polars français. J’avais envie d’emmener Jean-Claude dans ce contexte. Dès le début, le script se passait en Belgique. On était au carrefour avec les mafias flamandes et hollandaises.
Jean-Claude, tu as vu les films flamands dont parle Julien ?
Jean-Claude : Comme j’ai fait beaucoup de films aux Etats-Unis, et que j’habite maintenant à Hong-Kong, non. Mais je sais ce qu’est un film français. Le script de Lukas m’a vraiment plu. C’était bien. On s’est amusé. On a fait du bon travail.
"On est loin de la grammaire karaté des années 80 et 90 qui ont fait la gloire de Jean-Claude."
Jean-Claude : Les cultures. Et la manière dont les gens font les choses. En France, on a des moyens de production qui sont en général inférieurs que ceux des gros studios américains. Il y a des plus grosses équipes aux Etats-Unis, une autre ambiance. C’est moins familial. Après le job, tout le monde se quitte facilement. Contrairement à l’équipe qui a travaillé sur Lukas. On a eu du mal à se quitter. C’est un film de famille qui a été fait de manière plus intimiste avec des gens concernés par ce qu’ils tournaient. Toute l’équipe est concernée.
Tu es vraiment investi dans ce rôle de Lukas. Est-il facile après un tel tournage de passer directement à autre chose ?
Jean-Claude : Non ce n’est pas possible. Quand tu es si investi, c’est dur. La force mentale est forte.
Lukas me fait penser à Copland. Pas dans le rendu du film mais dans la manière où James Mangold était parvenu à casser l’image indestructible de Stallone.
Julien : Carrément. On y a pensé. Ces types sont nos idoles. Se dire que l’on a Jean-Claude pour le film, c’était génial. On avait un pur script et c’était à nous de filmer Jean-Claude comme on avait envie de le présenter. Il y a de la violence, de l’action, mais on est très brutal et loin de la grammaire karaté des années 80 et 90 qui ont fait la gloire de Jean-Claude. Lui comme moi avions vraiment envie de ça et de se retrouver sur quelque chose de plus crue. On a toujours ce shoot d’adrénaline parce que c’est un thriller. On est toujours en tension, on est proche de lui, mais différemment de ce qu’il a pu faire avant.
"Stallone va mourir en tournant dans un film et Arnold sur une bicyclette."
Jean-Claude, vous continuez à vous voir régulièrement avec Stallone et Schwarzenegger. Tu postes régulièrement des photos avec eux.
Qu’est ce que vous vous racontez quand vous vous croisez ?
Jean-Claude : Tout et rien. On se raconte tout et rien. Ce qui est bien c'est que l'on est ensemble. On sait ce qu'il se passe à Hollywood, on se raconte des trucs. Ils se font des blagues, des trucs dingues….
Comme quoi ?
Jean-Claude : Tu connais Sly. Ca se montre les muscles, ce genre de truc. Sly adore ça. Il reste en forme à l'âge de 74 ans (il en a 72 ans en réalité -ndr). Il se bat pour rester jeune. Même chose pour Arnold. Stallone va mourir en tournant dans un film et Arnold sur une bicyclette. Il vient de toujours de Santa Monica au Caffe Roma en bicyclette. Il fait tout en bicyclette.
"Pour moi, Lukas est un super-héros...c’était un défi pour moi en tant qu’acteur."
Jean-Claude : Pour moi, Lukas est un super-héros. C’est un gars qui se bat pour sa fille. Il n'a plus la forme physique qu'il avait jeune. Mais c’est un portier donc il reste costaud. Si sa fille n’était pas au centre de l’histoire, je ne crois pas qu’il survivrait. Il n’arriverait pas à faire ce qu’il fait. Julien m’a forcé à me vieillir, à paraître plus fatigué, à porter des vêtements larges, une capuche, on en a beaucoup discuté. J’avais peur de porter un survêtement, des vestes larges, marcher de manière lourde, les pieds vers l’avant, c’était nouveau pour moi. Lukas n’a pas le Q.I d’un banquier, c’est un portier. Les gens vont au cinéma pour se relaxer et Lukas est un film qui a du coeur, de l’amitié, de la tristesse, de la joie. Pourtant en lisant le script, tu ne t’en rendais pas forcément compte. C’est une histoire simple, comme Leon, et à l’arrivée c’est un film organique très réel. On a fait un film qui est vrai, c’était un défi pour moi en tant qu’acteur, il y a des scènes de cuisine avec ma fille. J’en suis fier.
Une rumeur il y a quelques temps t’annonçait de retour dans Expendables 4 en tant que jumeau de Jean Vilain…
Jean-Claude : C'est la rumeur oui. On verra bien cette histoire de jumeau. On s'amuse avant tout.