Matthew McConaughey s'engage à 100% dans chacun de ses films. Après Interstellar, on le retrouve en fermier soldat malgré lui pour les confédérés, qui déserte et se retrouve à lutter contre l'injustice et l'exploitation des esclaves pendant la Guerre de Sécession.

Pour Free State Of Jones de Gary Ross (au cinéma depuis le 14 septembre), adapté d'une histoire vraie, il est totalement transporté par le rôle de Newton Knight et livre une nouvelle performance incroyable.

On a eu l'occasion de participer en compagnie d'autres journalistes à une conversation via Skype avec Matthew McConaughey et le réalisateur Gary Ross. Voici quelques extraits de ce qui a été dit.

 

 

Newton Knight

Matthew McConaughey : Je n'avais jamais entendu parler de Newton Knight. Il est inconnu même des Américains. C'est un oublié des livres d'histoire. Ce personnage m'a vraiment fasciné. Il avait une telle clairvoyance, une telle compréhension du bien et du mal qu'il n'a pas hésité à sacrifier sa famille, son confort, parce qu'il ne voulait pas ignorer ce qui se passait et qu'il a tenté de rectifier le tir. Pour lui, personne ne devait avoir des chaînes autour du cou. Il se devait de réparer les injustices dont il était témoin qu'importe les conséquences... L'histoire de Free State Of Jones fait partie intégrante de l'histoire des Etats-Unis.

 

La réalité historique

Gary Ross : On a été fidèle à la réalité historique même si on a parfois pris quelques libertés pour les besoins de la dramaturgie du film. De plus, il n'existe pas énormément de documents sur Newton Knight. Néanmoins, nous avons minutieusement étudié tous ceux en notre possession. J'ai mis un site en ligne qui recense des centaines de notes et les sources sur lesquelles le film se base. Parmi les libertés prises, on a par exemple imaginé le personnage de Moses (Mahershala Ali vu dans Hunger Games et House Of Cards). Il permet de présenter la détermination des Afro-Américains à combattre pour leur liberté. Il était important d'évoquer cette histoire de son point de vue, plus particulièrement pendant la période de Reconstruction après la guerre, période pendant laquelle les Afro-Américains ont continué à lutter pour leurs droits.

 

"Je cherche des personnages que je suis le seul à pouvoir jouer" Matthew McConaughey

 

Le choix de ses rôles

Matthew McConaughey : Il y a toujours un fossé entre ce que l'on veut faire, ce que l'on fait, ce qui est filmé et comment les gens le perçoivent... J'essaie de combler ces fossés. C'est l'un mes objectifs et je me sens plus en phase avec mon métier aujourd'hui. Il y a huit ans, j'ai compris que l'essentiel était de ne pas penser au résultat mais de vivre une expérience qui me fera grandir. Qu'importe que les films fonctionnent ou pas au box-office. Les rôles que j'ai interprétés ces dernières années m'ont fait grandir. Et j'aime les rôles dramatiques parce que vous pouvez y mettre tout votre coeur et votre humanité. La palette d'émotions y est plus grande. J'essaie aussi de faire des films que j'ai envie de voir au cinéma en tant spectateur. Et de trouver des personnages qui me donnent le sentiment que personne d'autre que moi ne peut les jouer.

 

Le flop du film aux Etats-Unis

Gary Ross : C'est le film qui a généré le moins d'argent de tous ceux que j'ai faits jusqu'à présent (Gary Ross a notamment réalisé le premier et le dernier Hunger Games-ndr). Mais il a été l'une des expériences les plus satisfaisantes de ma vie. La collaboration avec Matthew a été la meilleure que j'ai jamais eue avec un acteur. Je pense que Free State Of Jones et Pleasantville sont mes deux meilleurs films. Il y a deux sortes de réactions à sa sortie aux Etats-Unis. Certains l'ont accueilli les bras ouverts, d'autres ont eu du mal à en apprécier sa complexité. Mais ce film provoque des débats et c'est ce que l'on attend d'un tel projet. Je pense que ce genre de films ne peut pas être jugé au moment de sa sortie. Pas comme Hunger Games qui était un phénomène culturel. Tout le monde voulait voir Katniss. Là, ce n'est pas le cas. Ce qui importe, c'est ce que l'on en pensera dans cinq voir dix ans. Matthew et moi avons donné beaucoup de nous-mêmes pour raconter une histoire et rectifier des erreurs historiques. Je suis très fier qu'un film puisse rétablir une vérité mise à mal dans Autant en Emporte le Vent ou encore dans Birth Of A Nation de D.W Griffith.

 

 

Rétablir la vérité

Gary Ross : L'autre chose qui a déstabilisé les Américains est que l'on est pas dans le happy ending absolu. On traite d'une période que les Américains ont découverte dans leurs livres d'histoire dans le style :"la guerre est finie, l'esclavage est aboli et tout est résolu". Mais ce n'est pas ce qui s'est passé. A peine les esclaves ont-ils été affranchis qu'ils ont à nouveau été réduits en esclavage durant la Reconstruction. Ce n'est pas vraiment un sujet qui intéresse les Américains.
Matthew McConaughey : C'est un film éminemment pertinent. Et cela même s'il n'a pas rencontré un énorme succès aux Etats-Unis. Tout comme Gary Ross, j'en tire une grande fierté. Il gagnera en notoriété avec les années. On peut se perdre en conjectures sur pourquoi le film n'a pas mieux marché. Mais bon, c'est un film dont le sujet est intense. Ce n'est pas un film léger sur lequel on discute en gobant du popcorn. C'est un film qui vous pousse à vous regarder dans le miroir.

 

L'accent de Matthew McConaughey

Matthew McConaughey : Ce vous entendez chez Newton Knight est en fait un accent du Mississippi. Ce n'est pas mon accent. Ce n'est pas l'accent texan. L'accent du Mississippi est plus lent. Le rythme est différent de mon accent du Sud. Ça semble plus peut-être plus sudiste juste parce que c'est le sud profond. En tout cas, c'était la façon de parler de Newton Knight. Plus 'Mississippi'.