Spring Breakers : vrai film culte ou buzz surmédiatisé ?
Le 06/03/2013 à 19:05Par Camille Solal
Sorti aujourd'hui sur nos écrans, Spring Breakers d'Harmony Korine est sans conteste l'événement cinématographique de la semaine. Par son casting, sa hype et son sujet, ce film risque de faire parler de lui. Mais faut-il aller le voir pour autant ? Réponse avec notre revue de presse des critiques du film.
Candy, Faith, Brit et Cotty sont les meilleures amies du monde depuis l'école primaire. Avide d'aventures, elles décident de se rendent en Floride pour le Spring Break. Seulement, elles dépensent rapidement leur budget. Pour s'en sortir financièrement, elles décident de cambrioler un restaurant. Arrêtées par la police, elles sont libérées de prison par un rappeur / dealeur surnommé Alien qui paye leur caution. Seulement, rien n'est gratuit, et pour rembourser leur dette les quatre amies vont devoir faire le sale boulot qu'Alien exige d'elles... Voilà le pitch de Spring Breakers, la nouvelle réalisation du très tendance Harmony Korine. Un film dont on a beaucoup parlé ces derniers temps pour une raison simple : son casting regroupe trois des icônes ado les plus populaires du monde, les jeunes Vanessa Hudgens, Selena Gomez et Ashley Benson, ici dans des rôles à contre-emploi total. Alors, Spring Breakers méritait-il le tapage médiatique qu'on en a fait ? En plus d'être une magnifique machine à buzz, est-ce un bon film ? Comment s'en sortent les jeunes comédiennes du film ? Comme à notre habitude, nous avons effectué une petite revue de presse des critiques françaises, histoire de vous donner quelques éléments de réponse, et vous donner (ou non) envie de voir Spring breakers !
CRITIQUES POSITIVES
CloneWeb : "Malgré une fin un peu bâclée parce qu’il fallait bien faire quelques choses des personnages et faire tomber le rideau, Spring Breakers est un film réussi, un vrai trip hallucinant porté par d’excellents acteurs et un réalisateur qui livre un boulot particulier et particulièrement réussi. Dur, sexy, violent, coloré, malsain, orgasmique. Du cinéma qui procure de vraies sensations."
LCI.TF1 : "Spring Breakers est un faux film cool et un vrai film de débandade au sens propre qui transforme le paradis en enfer, la jouissance en cauchemar. Pas un truc puritain ou moralisateur pour autant, mais ce que l'on appelle plus communément un trip hallucinogène au rythme bizarre, plein de boucles et de répétitions, qui imperceptiblement traduit les effets de la coke, de l'accélération à la décélération."
L'Express : L'honnêteté d'Harmony Korine se mesure au fait qu'il assume la vacuité de son film, la fascination naissant de la contemplation de ce vide fluorescent, exempt de tout propos moral. Une parenthèse désenchantée à la poésie sauvage."
Fan2 : "Malgré le fait que le casting regroupe des actrices géniales, le film n’est pas adapté pour tout le monde à cause de certaines scènes de débauche. [...] Les plus jeunes d’entre vous devraient attendre encore un peu avant de regarder Spring Breakers".
Le Monde : "On sent bien que la réalité intéresse moins Harmony Korine que sa représentation fantasmatique, son reflet forgé par la publicité et les clichés sans esprit des industries culturelles. Les personnages veulent entrer dans une image qui n'est que leur propre horizon mental. Le faux devient ici une expression du vrai."
Nouvel Obs : "Spring Breakers est un conte naïf, loufoque et presque innocent, mais c'est un conte issu de l'imagination pleine de corruptions inouïes de son auteur, partagé entre photographie de la bêtise de son époque et amour immodéré de ses personnages. Il y a là une poésie idiote qui éclate les limites mêlées du bon goût et du kitsch : un souffle de liberté que peu de cinéastes sont parvenus à filmer d'un geste si intense et si ramassé."
Filmosphere : "Équilibrant en permanence ses séquences bêtement racoleuses (des copines qui finissent forcément par avoir une expérience sexuelle en commun, à part pour satisfaire le voyeur il n’y a pas d’intérêt et c’est mal écrit) par des scènes franchement malsaines, Spring Breakers et sa morale anarchiste, son hymne dépressif à la révolution, son retour de bâton terrifiant et la gueule de bois que provoque son final pourtant poétique, vise le statut de symbole générationnel. Il lui manque malheureusement plusieurs choses pour réussir ce qu’avait atteint Fight Club par exemple."
CineHeroes : "Malgré ses imperfections évidentes, Spring Breakers est un objet visuel suffisamment rare pour qu’on ne boude pas son plaisir, en rappelant qu’il n’est pas un film à mettre devant tous les yeux…"
Premiere : "Bien et mal, rap hardcore et pop guimauve, fantasme MTV et cauchemar sous acide s’y télescopent pour entrer en résonance, puis en transe, composant un trip hypnotique dopé aux grosses basses et aux fulgurances poétiques. Ici, un braquage nocturne éclairé aux néons flashy ; là, une émouvante reprise d’une ballade de Britney Spears. Mélodie, tempo, Harmony."
Daily Mars : "Chronique de la déglingue d’une certaine jeunesse crâmée, obsédée de pognon et de plaisir, Spring Breakers laisse au final le spectateur perplexe : conte moralisateur réac ? Branchouillerie racoleuse fascinée par ce qu’elle semble dénoncer ? Délire méta-pop à la gloire de la culture MTV (remember The Grind), featuring Britney Spears et gangsta rap ? Manifeste d’une génération Y perdue jusqu’à l’ivresse ? Sans doute un cocktail de tout cela.Mais au moins le film réussit un bel exploit : créer la surprise."
A voir à lire : "Bravant le mauvais goût bécasse des tordues du bikini et des agités du caleçon, Harmony Korine prend les choses en main en désagrégeant son script de teen movie et en lui infligeant une réécriture radicale. Très vite, sur la route du rhum, il pousse à l’extrême l’expérience de l’outrance avec une perversité qui lui est propre et qui entraîne une poignée d’adolescentes bonnes copines pour la vie, dont une Marie-va-à-l’église jouée par Selena Gomez, en contre-emploi intégral, dans une spirale de crimes inattendus."
CRITIQUES NEGATIVES
Cinevibe : "Pamphlet cinglant ou pause récréative totalement superficielle ? Difficile à dire tant Korine ne semble pas le savoir lui même. Et c’est bien cet entre deux qui rend Spring Breakers agaçant laissant l’amer impression d’assister à une mise à mort iconographique pour bobos blasés. Briser un mythe c’est bien mais le faire via une affiche et une proposition (pervertissons les figures virginales US en leur faisant faire les pires bassesses) racoleuse c’est encore mieux !"
CinemaTeaser : "Si James Franco crée quelques étincelles comiques, la vacuité prend là aussi le dessus, via des scènes à la limite du ridicule ou du fantasme de petite frappe."
Ecran Large : "Plus à l'aise lorsqu'il suit le destin de marginaux comme dans Gummo ou Mister Lonely, Harmony Korine n'est parvenu qu'à nous agacer avec sa peinture du vide psychologique de ces "beauty freaks" alors que l'on était plus en droit d'avoir un point de vue sincère et concret sur le désert affectif qui guette cette jeune génération. Le cinéaste rate totalement sa cible, ne contentant ni le penchant juvénile ni le mature qui sommeille en chaque spectateur."
Le Parisien : "Harmony Korine, réputé réalisateur 'arty', oscille sans cesse entre le déjanté et la retenue à cause de son trop joli casting. Résultat : ça n’est ni complètement trash, ni vraiment 'film d’auteur', ni totalement sexy, tout juste aguichant. Restent la BO, phénoménale, les jeunes actrices, formidables, et le fabuleux James Franco, bluffant en dealeur gangsta-rap."
Le Passeur Critique : "Au-delà d’une démonstration réussie, brillamment mise en scène et montée avec le refrain lancinant d’une obsession éclatée, l’histoire n’ait jamais pris le temps d’exploiter ses personnages féminins, de creuser leurs motivations. Les multiples voix off des personnages donnent quelques pistes presque mystico-malickiennes mais sont vite balayées par l'absence de dialogues construits."