Tony Jaa - Episode 2 : rebondissements hallucinants
Le 05/08/2008 à 17:59Par Elodie Leroy
Amis lecteurs, toutes les théories que vous pourriez apporter en bas de cette page sur l'affaire qui suit sont les bienvenues !
Nous vous parlions la semaine dernière de l'affaire Ong Bak 2, faisant suite à la disparition mystérieuse de Tony Jaa début juin, laissant le tournage en suspens. Pour rappel, les théories les plus folles avaient été émises, parmi lesquelles la pratique de la magie noire, la méditation en pleine jungle ou encore la fraude financière. Fin juillet, Tony Jaa réapparaissait à l'occasion d'une conférence de presse et niait tout en bloc, jouant la carte de l'émotion devant les caméras, sans oublier de venir accompagné d'un avocat. De son côté, le patron de la Sahamongkol Films, Somsak Techaratanaprasert, dit "Sia Jiang", misait lui aussi sur un ton mélodramatique, soulignant que Jaa était "comme un fils" pour lui et qu'il compatissait pour ses soucis, sans oublier d'insinuer qu'une partie du budget du film avait mystérieusement fondu. On pensait alors à un coup de stress voire à un pétage de plomb de la part de l'acteur...
Avouons-le, nous nous sommes tous bien faits manipuler par les deux camps. Car sous des dehors de mélodrame, il semblerait qu'il s'agisse d'une bagarre portant sur des enjeux financiers énormes et prenant des proportions inattendues. Reprenons donc l'affaire où nous l'avions laissée et tentons d'y voir plus clair.
Second coup de théâtre le 31 juillet dernier : alors que Tony Jaa était supposé se rendre en conférence de presse en compagnie de ses parents (!) pour rencontrer le directeur du studio Sahamongkol, c'est l'un de ses avocats, un certain Jarupol Reuangkeht, qui est venu à la place du clan Jaa. L'homme avait amené un document contenant ce que les media nomment à présent "Les 7 demandes de Tony Jaa". En voici la traduction en français, commentée par nos soins :
1 - Jaa se verra accorder un budget supplémentaire de 55 millions de Bath pour achever les 20% du film restant. Ce budget n'inclut pas les coûts liés au film, ni son salaire en tant qu'acteur et réalisateur, ni les coûts liés à la distribution.
--- Mais alors, qu'est-ce que cela inclut exactement ? Le budget supplémentaire ne serait-il pas plutôt une augmentation de son cachet ? Pour information, 1 Euro équivaut environ à 52 Bath.
2 - Jaa souhaite avoir le droit de choisir son équipe de production, qui doit inclure le producteur de Ong Bak 2, qui est aussi son mentor, à savoir Panna Rittikrai.
--- Au passage, Jaa tente de se réconcilier avec ceux qui l'ont lancé. Rappelons que le même Rittikrai déclarait encore il y a quelques jours à la presse qu'il craignait que Jaa soit entré dans une secte...
3 - Le manager personnel de Jaa aura le droit de superviser la comptabilité de la production
--- Si Jaa a pété un câble, il n'a en tout cas pas perdu le nord !
4 - Il achèvera le film le 30 novembre
--- Un peu juste lorsqu'on sait que le film est censé sortir le 5 décembre !
5 - Il exige le détail des frais qui lui sont attribués en tant qu'acteur et réalisateur
--- On peut oublier la magie noire : l'objet du litige, à savoir la contestation sur ses revenus, se confirme.
6 - Jaa souhaite recevoir 50 millions de Bath sur les recettes des ventes de tickets, sachant que Sahamongkol Film lui avait assuré qu'il obtiendrait 25% des recettes nettes réalisées sur ces mêmes gains.
--- Il s'agit donc bel et bien d'un conflit sur la part des gains réservés à Jaa, et peut-être bien sur la base de calcul de cette part.
7 - Le contrat entre Tony Jaa et Sahamongkol Films doit prendre fin après Ong Bak 2.
--- Effectivement, Sia Jiang a beau vouloir nous attendrir à coup de "Je le considère comme mon fils", il y a en fait de l'eau dans le gaz depuis un bon bout de temps.
A la lecture de ces sept demandes, on comprend mieux de quoi il retourne : le conflit porte bel et bien sur la part des recettes attribuée à Jaa. On ne va pas nier que l'acteur se montre très gourmand. Ses exigences sont même assez irréalistes, sachant qu'un pourcentage de 25% représente déjà une somme énorme. En même temps, il faut savoir que le salaire de Jaa n'est pour l'instant que de 50 000 Bath par mois, ce qui revient à un peu moins de 1000 Euros... pour un film qui va engranger des millions. Si Ong Bak 2 fait un carton, la star a effectivement intérêt à bien négocier sa part des profits, sous peine de se faire arnaquer dans les grandes largeurs. D'ailleurs, en lisant entre les lignes, on comprend que la situation n'a pas été très équitable lors des précédentes collaborations de Jaa avec le studio. Rappelons que l'acteur vient d'un milieu très modeste, qu'il était sans doute peu au fait des enjeux financiers de grande envergure lors de ses débuts. Il représentait donc la poule aux oeufs d'or idéale pour un studio comme Sahamongkol. Cela dit, tout ce beau monde doit avoir une conception bien particulière du business pour en venir, après une période d'intimidation psychologique, à faire des négociations par l'intermédiaire de la presse... et de la police, comme nous allons le voir.
En effet, des choses étranges se sont produites ces derniers jours. Tout d'abord, tandis que Panna Rittikrai a fait part de ses inquiétudes de voir Tony Jaa sous l'influence de personnes douteuses, les parents de Tony Jaa ont signalé lors d'une conférence de presse que leur fils les inquiétait, qu'il était peut-être tombé entre les mains d'une étrange organisation liée à un homme d'affaires coréen très puissant. Les mêmes parents sont tout de même allés jusqu'à faire un rapport policier sur le sujet. Au passage, est-il devenu une mode pour les parents d'acteurs d'aller demander l'assistance de la police pour régler leurs comptes ?
De son côté, de retour de sa jungle où il pratiquait apparemment bel et bien la méditation, Tony Jaa lui-même se serait rendu au Royal Thai Police Headquarters de Bangkok pour signaler qu'il était suivi par une voiture peuplée d'hommes mystères en tenu de safari et qu'il se sentait menacé. Nous ne sommes plus dans un mélodrame mais à présent en plein polar. Alors que Jaa déposait plainte au poste de police, il a été rejoint par le boss de Sahamongkol Film, Sia Jiang, accompagné de son avocat, juste histoire d'achever les négociations. Là encore, quoi de plus normal que de régler ses comptes devant les forces de l'ordre pour un réalisateur et un patron de studio?
Le cinéma thaï serait-il, à l'instar du cinéma hongkongais, tenu par les mafias ? Cela ne serait guère étonnant compte tenu de l'importance qu'a pris cette industrie dans un pays encore émergent. En tout cas, on relativise à présent les jérémiades successives de Sia Jiang et de Tony Jaa devant les caméras, chacun ayant subtilement tenté de discréditer l'autre en jouant la carte de l'émotion.
Rien de tel qu'une bonne poignée de mains
(en présence de la police) pour résoudre un litige!
Selon le ThaiFilm Journal, Tony Jaa aurait accepté d'annuler ses sept demandes et serait parvenu à un accord pour achever les 20% du film. Sia Jiang aurait menacé d'annuler les 25% de recettes stipulés dans le contrat d'origine mais au final, Tony Jaa aurait tout de même obtenu 36 millions de Bath supplémentaires en plus de ses 50,000 baths de salaire mensuel. Pour ce qui est de leur future non-collaboration, qui briserait le contrat d'exclusivité de 10 ans passé entre Jaa et la Sahamongkol depuis Ong Bak, Sia Jiang aurait déclaré au Daily Xpress : "Nous parlerons du futur de Tony Jaa quand il aura terminé le film !". Nous ne sommes donc toujours pas sortis de l'auberge et le bras de fer va certainement se poursuivre encore un moment.
En attendant, Tony Jaa serait sur le point de faire son grand retour sur le plateau de Ong Bak 2, épaulé par Prachya Pinkaew et Panna Rittikrai...Sources : Thai Film Journal, Variety