Mise à jour du 14 février 2012 : La série Black Mirror est annoncée pour le 27 février prochain en DVD de outre-Manche. Le disque devrait comprendre des scènes coupées, interviews, les scénarios et tout plein de jolis boni.

Article publié originellement le 11 janvier 2012
"Si la technologie est une drogue, quels en sont les effets secondaires ?", telle est la question posée par Charlie Brooker au travers de Black Mirror, mini-série anthologique diffusée au mois de décembre dernier sur la chaîne britannique E4. Trois épisodes indépendants des uns des autres qui abordent notre rapport aux nouvelles technologies et tentent de prévenir des possibles dérives qui pourraient découdre de notre surdépendance aux écrans.

Inconnu de ce côté-ci de la Manche, Charlie Brooker possède une petit notoriété au Royaume-Unis qu'on pourrait associer à celle de Yannick Dahan dans notre beau pays. Brooker comme Dahan a débuté dans la presse papier à écrire sur le jeu vidéo, pour par la suite se faire un nom à la télévision. Quand Yannick Dahan proposait un regard sans concession sur le cinéma (Opération Frisson), le cheval de bataille de Charlie Brooker était la télévision. Dans Screenwipe, le journaliste britannique analysait les séries en cours de diffusion tout en apportant un regard décalé - souvent satirique - sur les rouages industrie. La force des deux hommes, c'est d'être parvenu à toucher aussi bien aux geeks pointus que le grand public néophyte.

En France, on connaît surtout Brooker pour Dead Set, une mini-série qui suivait la tentative de survie d'une brochette de candidats de Big Brother (l'équivalent britannique de Loft Story) face à une pandémie zombiesque. En 1978, Romero présentait des morts-vivants déambuler machinalement dans les couloirs d'un centre commercial ; en 2008, ce sont des zombies hypnotisés par la télévision que montre Charlie Brooket.



Si la filiation avec Romero était facile, c'était en fait davantage du côté de Rod Serling qu'il fallait regarder. Avec Black Mirror, cela en devient une évidence, tant Brooker marche sur les plates-bandes de la cultissime série anthologique La Quatrième Dimension (Twilight Zone). Les deux séries s'apparentent à des fables modernes convoquant les craintes et inquiétudes de leur époque. S'il est difficile d'en dire plus sans gacher le plaisir de la découverte, voici néanmoins les grandes lignes de chaque épisode.

Dans le premier épisode, The National Anthem, le Premier Ministre britannique est réveillé en pleine nuit pour apprendre que la très populaire Princesse Susannah a été enlevée. Si la Couronne veut revoir la Princesse, le ravisseur pose pour condition que le Premier ministre ait un rapport sexuel avec un porc en direct à la télévision... Si l'intention première était de passer cette vidéo sous silence, sa mise en ligne sur YouTube change la donne. Le Premier Ministre se voit poussé par ses conseillers, la Famille Royale et la pression populaire à s'exécuter...

Changement de décors pour le deuxième épisode, 15 Million Merits. On se retrouve dans un futur façon THX 1138 dans lequel les jeunes passent leur temps à pédaler sur un vélo d'intérieur les yeux rivés sur des émissions débiles, gavés de publicités. Et si par malheur ils décident d'ignorer une réclame, leur compte en banque est allégés de quelques centaines de Merits (la monnaie alors en cours). L'argent récolté au fil des kilomètres pédalés leur permet de participer à une émission de télé-crochet musical façon Nouvelle Star qui semble être la seule issue possible à leur condition de rat de laboratoire...

Dans le troisième et dernier épisode, The Entire History of You, chaque être humain a une puce électronique implantée derrière l'oreille leur permettant d'enregistrer et de revoir tout ce qu'ils voient et entendent. Une invention pratique qui permet de conserver à jamais n'importe quel moment de sa vie mais qui deviendra un outil d'autodestruction pour un jeune avocat qui commence à soupçonner l'infidélité de sa femme...