Fauda saison 2: "on voulait une série aussi réaliste que possible" interview Lior Raz
Le 17/07/2018 à 14:27Par Olivier Portnoi
Lior Raz, acteur principal mais également scénariste de la série israélienne choc Fauda, était à Paris le vendredi 13 juillet pour évoquer la sortie de la saison 2 chez Wild Side.
A la croisée de Homeland, The Shield et 24 heures chrono, Fauda expose l'humanité de ceux qui s'affrontent des deux côtés de la fragile frontière israélo-palestinenne.
Lior Raz incarne Doron Kavillio, commandant d'une unité spéciale de Tsahal chargée de traquer les membres les plus redoutables du Hamas.
Ancien membre d'une unité d'élite en Israël pendant plusieurs années, bref garde du corps d'Arnold Schwarzenegger à son arivée en Etats-Unis (il déteste en parler et a confié dans une interview : "être le chien de garde de Schwarzenegger et de sa femme n'avait rien de glamour"), Lior Raz commence à développer Fauda (Chaos en arabe) en 2014 avec son ami et journaliste Avi Issacharoff.
Alors qu'une saison 3 est en préparation, on a pu discuter avec l'acteur scénariste du réalisme de Fauda, de Jason Bourne, de Homeland, des films d'action, de la réalité d'une unité d'élite en temps de guerre et des conséquences de la diffusion de la série en Israël et dans les pays arabes ("Il était essentiel pour nous de montrer que les Arabes et les Juifs partagent bien souvent une même culture malgré les violences qui les séparent").
Hier a eu lieu à Paris, l’avant-première mondiale de Mission Impossible Fallout. Comment percevez-vous ce genre de films vous qui avez été dans les services secrets ?
Lior Raz : Ils sont divertissants. C’est du fun à l’état pur. Parfois il y a quand même certains passages qui sont plausibles. Mais c'est souvent du pur délire. Pourtant j’adore ce genre de films. Notamment Jason Bourne. Quand tu voyages en avion, c’est parfait.
L’idée derrière Fauda était de produire une série aussi réaliste que possible ?
Oui. Même si on adapte la réalité pour que le résultat ait un rythme propre aux séries télés. Mais on voulait que cela soit aussi réaliste possible. Jusque dans les détails des vêtements et dans les accents. Quand je parle arabe, c’est avec l’accent de cette région près de Jérusalem où l’action se passe. On voulait être aussi vrai que possible. Cela concerne aussi les armes et la manière dont on les tient. On n’a pas utilisé de coach de cinéma pour les combats. J’ai convoqué des membres de mon ancienne unité d’élite pour nous aider et entraîner les acteurs. On fait aussi nos propres cascades et nos propres combats. Je fais aussi mes propres courses-poursuites. C’est d’ailleurs ma moto dans la série. J’adore tourner ces séquences.
Est-ce dur de faire ses propres cascades et combats ? Se battre au cinéma est très différent de la réalité ? Il faut apprendre à faire semblant ?
On fait semblant mais on se bat vraiment. J’ai fini avec des quantités de bleus et d’hématomes. Il faut être très professionnel et concentré pour ne pas se blesser. Dans la saison 2, on a engagé des figurants pour une grosse bagarre. Une vraie bagarre a démarré et j’ai dû me battre pour l’arrêter. C’était stressant. On avait engagé des figurants pour lancer des cailloux et c’est parti en vrille. Une autre fois, un figurant jouant un terroriste arabe armé d'un flingue s'est retrouvé nez à nez avec des passants se promenant tranquillement. Il y a eu quelques moments tendus lors de ces tournages.
L’idée derrière Fauda était de produire une série aussi réaliste que possible ?
Oui. Même si on adapte la réalité pour que le résultat ait un rythme propre aux séries télés. Mais on voulait que cela soit aussi réaliste possible. Jusque dans les détails des vêtements et dans les accents. Quand je parle arabe, c’est avec l’accent de cette région près de Jérusalem où l’action se passe. On voulait être aussi vrai que possible. Cela concerne aussi les armes et la manière dont on les tient. On n’a pas utilisé de coach de cinéma pour les combats. J’ai convoqué des membres de mon ancienne unité d’élite pour nous aider et entraîner les acteurs. On fait aussi nos propres cascades et nos propres combats. Je fais aussi mes propres courses-poursuites. C’est d’ailleurs ma moto dans la série. J’adore tourner ces séquences.
Est-ce dur de faire ses propres cascades et combats ? Se battre au cinéma est très différent de la réalité ? Il faut apprendre à faire semblant ?
On fait semblant mais on se bat vraiment. J’ai fini avec des quantités de bleus et d’hématomes. Il faut être très professionnel et concentré pour ne pas se blesser. Dans la saison 2, on a engagé des figurants pour une grosse bagarre. Une vraie bagarre a démarré et j’ai dû me battre pour l’arrêter. C’était stressant. On avait engagé des figurants pour lancer des cailloux et c’est parti en vrille. Une autre fois, un figurant jouant un terroriste arabe armé d'un flingue s'est retrouvé nez à nez avec des passants se promenant tranquillement. Il y a eu quelques moments tendus lors de ces tournages.
Produire Fauda en Israël a-t-il été compliqué ?
Personne ne voulait de Fauda. Aucune chaîne n’était intéressée. On a eu que des refus. Je ne sais pas vraiment pourquoi. Peut-être parce que c’était notre premier projet avec Avi (Issacharoff, son ami journaliste -ndr) et que nous n’avions pas d’autres expériences en série. Ou alors parce que les chaînes estimaient que le public ne voulait pas voir de série violente sur ce sujet sensible Israël Palestine qui fait la une des infos. Quand on a développé Fauda, on avait en tête d’écrire une bonne série. Et pour qu’une série soit de qualité, il faut construire les personnages. Un méchant n’est jamais aussi réussi que quand tu comprends ses motivations. Je voulais que chaque rôle soit de qualité et me donne envie de l’incarner.
Fauda expose le quotidien des soldats d'élite israéliens mais aussi le quotidien des palestiniens.
C'était la base de départ de cette série. Fauda se devait de relater le quotidien compliqué de ces soldats infiltrés. Mais je voulais aussi évoquer leurs familles qui payent également le prix de la guerre. Et on se devait de montrer la réalité du camp palestinien et mettre en scène son regard sur le conflit. Il était essentiel pour nous de montrer que les Arabes et les Juifs partagent bien souvent une même culture malgré les violences qui les séparent.
Le succès a été immédiat en Israël ?
La première saison a tout de suite cartonné en Israël. La seconde aussi. On a gagné 11 prix à l'équivalent israélien des Emmy Awards. C’est un record. Le public adore. Fauda a déclenché le débat. Aussi bien chez les musulmans israéliens que chez les juifs israéliens. Je reçois des messages de partout dans le monde vu que Fauda est désormais sur Netflix, des messages du Liban, du Koweit, de Turquie. On m’envoie des messages positifs. Il y en a forcément des négatifs mais on ne me les transfère pas (rires). Mais c’est incroyable que les israéliens grâce à Fauda ressentent de la compassion pour les palestiniens et les palestiniens pour les israéliens. En évoquant la guerre, on en vient à parler d’amour et de compassion pour l’autre côté. C’est la plus belle des récompenses.
Regardez-vous d’autres séries sur des sujets similaires ? Comme Homeland par exemple ?
Je n’ai pas regardé Homeland à cause Fauda. Quand on commençait à écrire Fauda, Homeland venait de sortir et je ne voulais pas être influencé. D’autant plus que l’on m’a dit que c’était une superbe série. Elle est d’ailleurs adaptée d’une série israélienne.
Je n’ai pas regardé Homeland à cause Fauda. Quand on commençait à écrire Fauda, Homeland venait de sortir et je ne voulais pas être influencé. D’autant plus que l’on m’a dit que c’était une superbe série. Elle est d’ailleurs adaptée d’une série israélienne.
Vous travaillez sur une saison 3 ?
Oui. On l’écrit en ce moment.
Que pouvez-nous dire dessus ?
Rien du tout (rires). C’est dans le même esprit forcément. C’est toujours les israéliens contre les palestiniens dans cette guerre de la terreur. Il y a des combats difficiles, des épreuves pour l’unité de Doron, mais aussi beaucoup d’amour et de compassion. Mais forcément c’est dur. C’est une série sur la guerre.
Qu’est ce qui motivent les membres d’une telle unité d’élite ?
Premièrement, tu t’engages dans une telle unité pour défendre ton pays. Tu es un patriote. Puis, c’est vrai que tu deviens accro à l’adrénaline. Mais c'est le cas pour de nombreux militaires de troupes d’élite que cela soit les Navy Seals ou autres. En ce qui me concerne, il y avait aussi cette esprit de compétition. Je voulais être le meilleur dans tous les domaines. C’est un stimulant.
Qu’est ce qui vous imaginiez en vous engageant ? La réalité était-elle différente de ce que pensiez trouver ?
Quand je me suis engagé, je pensais que j’allais être James Bond. Mais ce n’est vraiment pas comme ça. On ne m’a pas tendu les clefs d’une Aston Martin et une ceinture pleine de gadgets high tech en arrivant.
Comment est-ce que l’on gère cette transition de soldat infiltré qui travaille en secret au statut d'acteur qui se retrouve en photo sur des affiches ? Est-ce compliqué ?
Oui. C’est étrange. Il y a un travail d’adaptation personnelle à faire. Quand tu deviens célèbre dans un petit pays comme Israël, tu n’as plus d’intimité. Il y a du bon mais aussi du négatif. Si je pouvais faire ce métier sans la renommée publique qui va avec, je préférerais. Vraiment.
Vous commencez à apparaître dans des films hollywoodiens...
Je viens de tourner le film Opération Finale avec Mélanie Laurent, Oscar Isaac, Ben Kingsley (sur la traque et la capture du criminel de guerre nazi Adolf Eichmann en 1960 en Argentine -ndr). Je joue le chef du Mossad. (Il a aussi été dans Marie-Madeleine avec Rooney Mara et Joaquin Phoenix -ndr).
Vous n’avez pas peur de vous retrouver cantonner à ces rôles d’agent du Mossad ?
Si. A moi de faire attention. Mais j’ai d’autres projets en développement. Avi et moi écrivons deux autres séries. L’une sera pour Netflix.
Les saisonS 1 et 2 de Fauda sont disponibles chez Wild Side.
La saison 1 (plébiscitée par Stephen King et récompensée de dizaines de prix) est visible depuis peu sur Netflix.