Outcast : tous les secrets de la nouvelle série choc de Robert Kirkman - interview
Le 06/06/2016 à 17:44Par Olivier Portnoi
Après les zombies, ce sont les démons et les exorcismes qui sont mis à l'honneur. Contrairement aux autres séries souvent décevantes sur le même thème, Outcast est une vraie réussite (voir notre critique du pilote).
FilmsActu a pu recueillir les témoignages des cinq acteurs principaux lors de la Comic Con de Londres 2016.
Robert Kirkman : "J'ai assisté à un exorcisme"
Absent lors de l'évènement anglais, Robert Kirkman s'est néanmoins adressé à ses fans à travers une vidéo. "Outcast est mon projet de coeur depuis des années" explique-t-il. "Cette série a eu une genèse atypique. Je l'ai développé en même temps que le comic-book. L'histoire d'Outcast est celle de Kyle Barnes, un type banal, si ce n'est que sa femme a été possédée et qu'il est entouré de possessions démoniaques depuis son enfance. Quand on le rencontre, il s'est coupé du reste de la société car quand il fréquente d'autres gens, il semble que le pire arrive toujours. A l'instar de The Walking Dead, qui traite de l'invasion zombie sous un angle différent, l'idée était de revisiter un thème certes classique de l'horreur mais d'une manière inédite. Avant d'être horrifique, c'est avant tout une série sur les gens et ce qu'ils traversent."
Interrogé sur son expérience avec les exorcismes, l'américain a confié : "J'ai assisté à un exorcisme quand j'allais à l'église avec ma mère durant mon enfance. Cette personne crachait, mordait, grognait et se comportait de manière flippante. Pourtant, je ne me souviens pas avoir eu peur. Cela me paraissait normal. Ma mère m'avait expliqué que les gens malades ont en fait des démons à l'intérieur d'eux-mêmes. Cela a peut-être fait vriller mon esprit."
"Cette série va vous faire flipper !"
Interview avec Patrick Fugit (Presque Célèbre), Philip Glenister (Life On Mars), Reg E. Cathey (House Of Cards), Wrenn Schmidt (Boardwalk Empire, The Americans) et Kate Lyn Sheil (House Of Cards, The Girlfriend Experience).
Présentez-nous vos personnages.
Philip Glenister : J'incarne le révérend Anderson. C'est un personnage important dans cette petite ville. Il est assez torturé. Il se décrit comme un soldat de Dieu. Il a un lien avec Kyle à travers ce qu'a subi sa mère lorsque ce dernier était enfant. Il est une sorte de figure paternelle pour Kyle. Il a essayé d'être là pour lui pendant son enfance. Mais il a abandonné sa vie de famille pour poursuivre son combat contre le mal. Il est étranger à sa femme et à son fils. Sous son apparence d'homme rude et solide, il est brisé et solitaire.
Patrick Fugit : Quand on rencontre Kyle pour la première fois, il est dans un état d'esprit très sombre. Il s'est isolé de la société dans la maison où il a grandi. On apprend qu'il est séparé, qu'il a une fille mais que cette histoire s'est terminée de manière très douloureuse pour lui. Il s'isole dans les ténèbres, persuadé que toutes les histoires de possession qui contaminent la ville ont un rapport avec lui.
Wrenn Schmidt : Megan Holter est la soeur de Kyle, il a été adopté par sa mère. Elle est psychologue pour enfant. Elle est mariée à un officier de police. Au début de la série, Megan est la seule qui soutient Kyle. Le connaissant parfaitement, elle sait que les rumeurs sur lui sont fausses. Elle a un sens de l'humour développé, notamment dans le premier épisode où elle semble très concernée par les selles de Kyle. Il va lui arriver pas mal de choses.
Reg E. Cathey : Je suis le chef de la police de Rome en Virginie Occidentale. Lorsque les ténèbres s'abattent sur sa petite ville, il va devoir faire confiance au Reverend et à Kyle, qu'il considérait jusqu'ici comme un délinquant. C'est une série qui fait très peur. Cela a été vraiment fun de travailler avec cette équipe.
Kate Lyn Sheil : Je suis Allison Barnes, la femme de Kyle Barnes. Ils sont séparés. Quand on rencontre Allison, elle essaie de recoller les pièces de sa vie après des évènements traumatisants avec son ex-mari. Elle a perdu toute confiance en lui et se concentre sur l'éducation de leur fille.
Parlons de Robert Kirkman. Après avoir transformé la télé avec The Walking Dead, il aborde un thème totalement différent avec Outcast. Qu'est-ce qui vous a attiré vers ce projet ? Robert Kirkman ? Le scénario ? les réalisateurs ?
Patrick Fugit : Le casting a été mené à Los Angeles par une femme qui développe souvent des projets intéressants. C'est ce qui m'a intrigué. A l'époque, je ne connaissais pas grand chose de Robert Kirkman. J'ai commencé à lire le premier épisode et j'ai aimé les rebondissements dramatiques et les élèments horrifiques assez cérébraux. Il ne s'agit de simplement de faire peur ou d'aligner des scènes gores sans queue ni tête. Cette peur s'instaure via est une ambiance oppressante, malsaine et déroutante. Le storytelling est la force de cette série.
Et vous Reg E. ? Avez-vous eu l'occasion de parler de votre personnage avec Robert Kirkman ?
Reg E Cathey : Le chef de la police n'est pas très présent dans le pilote. Et il est blanc dans le comic-book. J'en ai parlé avec Robert et Chris Black (le showrunner) puis avec Adam Wingard le réalisateur du pilote (à qui l'on doit les films The Guest et You're Next -ndr). Robert Kirkman est un ours intellectuel. C'est un géant très gentil et très malin. Sa bonne idée a été d'embaucher Chris Black et une équipe de scénaristes pour développer son projet. Ce sont eux qui ont rédigé les scénarios. Robert venait, les dirigeait et leur disait ce qui lui plaisait et ce qui ne lui plaisait pas. L'équipe créatif qui était là jour après jour est vraiment à saluer.
Qu'est ce que cette série apporte de plus selon vous ?
Patrick Fugit : L'une des choses que j'aime dans The Walking Dead, c'est qu'il s'agit d'une série centrée avant tout sur l'évolution de ses personnages et sur ce qu'il leur arrive face à toutes sortes d'épreuves. Dans Outcast, il y a des quantités d'éléments horrifiques, mais le coeur de l'histoire traite des personnages et des démons intérieurs qui les rongent. Je la trouve extrêmement bien écrite. Robert (Kirkman) a fait un super boulot.
Dans le pilote, il y a des exorcismes. Christopher Lee disait en interview que ce qui devient effrayant à l'écran pour les spectateurs est souvent très drôle à filmer et que sur le plateau, il est parfois difficile de garder son sérieux.
Patrick Fugit : Il y a effectivement eu des scènes intenses à tourner. Mais oui, la nervosité engendre le rire.
La scène d'intro du gamin mangeant un cafard puis s'écrasant la tête contre le mur a dû être intense à filmer.
Patrick Fugit : La plupart d'entre nous n'étions pas présents pour cette scène. Mais Gabriel Bateman, le jeune acteur, est quelqu'un de très intense. Il est brillant, très douée et il joue tout comme si sa vie en dépendait. Il s'est vraiment fouetté, mais réellement pour cette scène. Travailler avec une chaîne comme Cinemax (Banshee) a permis à la série de ne pas se limiter dans les excès de violence. Quand la violence se produit, elle est souvent choquante. Mais toujours au service de l'histoire.
L'entente paraissait bonne sur le tournage.
Philip Glenister : Quand tu tournes deux à trois heures par jour, le reste de temps tu attends. On dit que nous sommes payés pour jouer mais en réalité nous sommes payés à poireauter (rires). Du coup, on s'amusait et on faisait les cons. J'ai appris à Patrick comment parler avec l'accent du Yorskshire. Patrick imite aussi à merveille Tom Cruise tandis que je suis pas mal en Michael Caine. On improvisait des conversations fictives entre les deux. On répétait nos scènes en se demandant comment les joueraient Tom Cruise et Michael Caine. J'ai aussi appris aux autres comment faire une véritable tasse de thé. Les américains sont ignares en la matière.
House Of Cards a changé notre manière de consommer la télévision. Que pourra changer Outcast ?
Reg E Cathey : Outcast fait très peur. Vous allez avoir peur. Vous en rêverez (rires).
Wrenn Schmidt : Je voudrais souligner le travail d'Atticus Ross qui compose la musique. La B.O est tellement bien faite qu'elle rajoute à ce sentiment de malaise et de surnaturel. Parfois, une B.O peut tout changer.
Qu'est ce qui selon vous distingue Outcast des autres séries d'horreur actuellement diffusées à la télé ?
Patrick Fugit : La perspective est différente. Kirkman et les scénaristes parviennent à amener le surnaturel dans des scènes de la vie quotidienne afin que tout paraisse crédible. Il utilise les codes du genre bien sûr mais de telle façon que l'on pense savoir ce qui va arriver alors qu'il se passe souvent quelque chose de très différent. S'il n'y avait que de l'horreur à tous les épisodes, cela finirait par devenir chiant. Je crois qu'Outcast, à l'instar de The Walking Dead, apporte autre chose au niveau émotionnel.
Philip Gleniston : Tout est très réfléchi. Rien n'arrive pas hasard. Quand tu as une bonne histoire et de bons personnages, tu as fait la moitié du chemin.
Patrick Fugit : La peur aussi est différente de The Walking Dead par exemple. Les zombies sont des monstres concrets. On les voit arriver. La possession est plus sournoise. C'est une menace invisible, impossible à cerner, difficile à comprendre. Elle parait plus terrifiante car elle n'a pas de forme physique.
Wrenn Schmidt : Ce qui est excitant pour moi est le rôle fort qu'offre Robert Kirman à ses personnages féminins. Ce ne sont pas juste des faire valoirs. C'est l'une des rares fois où j'ai le sentiment qu'un personnage féminin suit son propre destin et n'est pas juste là pour mettre en valeur des personnages masculins. En télé, ce genre de rôles se voit un peu plus. AU cinéma, c'est encore rare. Quand je tournais dans une série de qualité que je ne nommerai pas, j'ai demandé au scénariste si mon personnage disait telle phrase pour amener tel truc. Il m'a répondu : non, on lui fait dire ça pour que lui puisse ensuite dire telles phrases. La place des femmes dans les séries change mais pas assez vite.
Qu'est-ce qui vous effraie dans la vie de tous les jours ?
Patrick Fugit : Des chaises vides. Je ne peux pas dormir dans une pièce avec une chaise vide. Je dois soit la renverser, soit placer quelque chose dessus. Comme cela, si une entité invisible devait un jour s'asseoir dessus, elle serait obligée de bouger ce que j'y ai mis et cela m'avertirait.
Wrenn Schmidt : Les méduses ! C'est ma terreur quand je vais à la plage. Je fais aussi un cauchemar récurrent. Je conduis avec un ami et quand on passe sur un pont, il en manque un bout et on se retrouve dans les airs.
Reg E. Cathey : Rien ne m'effraie. A part le chômage. Que l'on veuille plus de moi dans des rôles.
Kate Lyn Sheil : Dans la maison de mon enfance, à l'étage, il y avait un débarras où mes parents stockaient plein de choses. Il était au bout du couloir et j'en étais terrifiée. A part ça, la mer profonde et l'espace me font peur.
Philip Glenister : Je n'aime pas les Clowns, l'altitude, j'ai le vertige, je n'aime pas les serpents et je n'aime pas Donald Trump.
Patrick, vous qui avez commencé jeune en tête d'affiche dans Presque Célèbre de Cameron Crowe, avec qui rêveriez vous de travailler ?
Patrick Fugit : Wes Anderson. Ou le réalisateur de Lobster. Ce film est dingue. Je joue aussi beaucoup aux jeux vidéos. L'un de mes préférés de ces dernières années et The Last Of Us. Le scénariste est incroyable. J'adorerai collaborer avec lui.
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Source : FilmsActu https://cinema.jeuxactu.com/critique-serie-tv-outcast-on-a-vu-le-premier-episode-de-la-nouvelle-serie-de-robert-kirkman-27683.htFilmsActu a rencontré les acteurs d'Outcast lors de la ComicCon à Londres.