Plus Belle la Vie à l'assaut du portefeuille des internautes
Le 04/06/2010 à 07:45Par Arnaud Cuirot
France Télévisions paye déjà à Telfrance une somme tout à fait rondelette (la somme de 28 millions d'euros est avancée pour 2010) pour avoir le droit de diffuser Plus Belle La Vie mais cela semble ne pas suffire à la maison de production. En effet, cette dernière cherche à développer ses rentrées sonnantes et trébuchantes à travers trois axes.
1- Le placement de produits. Celui-ci se met en place comme l'explique le PDG de Telfrance Christophe Marguerie cité par Téléstar "Dans l'une des scènes un des personnages utilise un test de grossesse. Nous avons donc proposé à un des acteurs de ce secteur s'il souhaitait voir sa marque apparaître dans le feuilleton. Le deal a été passé et nous en sommes extrêmement satisfaits". D'autre part, un panneau publicitaire situé à l'intérieur du soap pourrait être utilisé.
2- Des épisodes payants. Nous serions tentés de dire que c'est un véritable scandale. Avant le 31 décembre de cette année, des épisodes inédits de 10 minutes seront mis à disposition des internautes. Petit détail, il faudra être membre premium, et donc à priori payer, pour y accéder. Cette nouveauté devrait accompagner l'arrivée d'un nouveau site Internet qui pourrait débarquer en septembre. Faire payer des webisodes...
3- Des épisodes interactifs. Développés en collaboration avec Lexis Numérique, les créateurs de In Memoriam et du très original eXperience 112, ces épisodes interactifs seront publiés à raison d'un tous les quinze jours. Les épisodes 1 et 2 sont déjà en ligne depuis quelques jours et le premier est totalement gratuit. Là encore il faudra mettre la main à l'oursin pour avoir le droit de jouer, environ trois euros par épisode.
PBLV: ZE TEST OF ZE GAME!
N'écoutant que notre courage et ne reculant devant aucun danger, nous avons donc testé ce premier épisode interactif.
Graphismes : Mélange de 3D et de 2D crayonnée, il faut avouer que le jeu est vraiment agréable à regarder. C'est coloré, clair, bref un bon boulot qui se doit d'être signalé.
Gameplay : Ces épisodes interactifs sont basés sur le concept très classique du point & click. Mais c'est là que le bât blesse, ça n'a absolument rien d'interactif. Il n'y a en effet qu'une seule solution à chaque tableau et vous ne pouvez quitter la scène avant d'avoir effectué toutes les actions prévues. Impossible également de se promener à volonté ou de parler avec qui bon vous semble. Les énigmes sont aussi ardues que reconstituer un puzzle 10 pièces ou répéter les éléments d'une conversation tenue 35 secondes avant. Bref, un jeu aussi interactif qu'appuyer sur une télécommande pour faire un concours de zapping avec soi-même.
Scénario/Dialogues. Mais ô mon dieu, où vont-ils chercher toutes ces idées ? Premier tableau, dans la peau de Raphaël, vous découvrez une photo négligemment abandonnée par Sybille (sa sœur). Il s'agit d'amis à elle, quatre gothiques amicalement renommés en "Les satanistes" dans l'écran d'inventaire. Forcément ils sont méchants, d'ailleurs ils s'habillent en noir et font des misères à la prof d'histoire ! Et puis, ils écoutent Sepultum, un groupe de métal dont le chanteur prend de la drogue et la drogue c'est mal. Un scénario pathétique de clichés mais ça ne fait que commencer... Une fois au bar le mistral, on y rencontre Samia qui mène une enquête. Bah oui, c'est bien connu, les policiers pour résoudre une affaire ils s'installent au bistro. Et là, qu'apprend-on ? Quatre individus ont renversé des pots de fleurs au cimetière et écrit Loup-Garou et Satan avec du sang sur des tombes. Mais qui peuvent donc bien être les coupables Sherlock ?
Involontairement humoristique, cet épisode "interactif" n'a peur de rien et ose des dialogues coups de poing au risque de choquer comme "Je crois qu'on devrait tous apprendre à vivre dans la tolérance et le respect des autres... Même si nos convictions sont différentes.", ou encore "Tu connais les femmes, elles prennent tout à cœur". C'est vraiment désolant et on s'inquiète pour la santé mentale du responsable des dialogues dont on ne sait vraiment ce qu'il subit pour en arriver là.
Au final. A essayer, sérieusement, tout simplement parce qu'en arriver à ce point de bêtise, de cliché et de niaiserie relève tout simplement de l'exploit. Ah oui, le slot de sauvegarde est également payant au-delà du premier, environ 1 euro (les paiements s'effectuant en « mistrals »). Aucun fan d'une série ne mérite d'être traité de cette manière et le fan de PBLV ne fait pas exception...
Enfin, un petit calcul pour terminer: Environ 20 minutes de jeu (31 minutes incluant une pause café de 15 minutes dans mon cas) pour 3 euros tous les 15 jours. Sur un an, 24 épisodes interactifs, ça fait un total de 72 euros pour approximativement 8 heures de jeu en admettant que ce premier épisode soit représentatif niveau longueur.