Preacher : "La saison 2 sera un road trip destructeur" - interview
Le 16/01/2017 à 14:48Par Olivier Portnoi
Bien qu'inégale sur ses 10 épisodes, sa première saison s'est imposée comme l'un des projets les plus WTF et jouissif de ces derniers mois.
Sa sortie récente en DVD et Blu-Ray et sa rediffusion sur OCS a été l'occasion pour FilmsActu de discuter avec Dominic Cooper qui incarne Jesse Custer. A 38 ans, cet acteur anglais a été auparavant vu en tant qu'Howard Stark (le papa d'Iron Man) dans les deux premiers Captain America ou encore dans Warcraft, Dracula Untold, Need For Speed et Abraham Lincoln Chasseur de Vampires.
Il incarne désormais un pasteur badass au lourd passé de criminel qui soudain se voit doté d'un pouvoir divin. A ses côtés Cassidy, un vampire branché sexe drogues et rock'n'roll, et Tulip, une tueuse à gage.
Quand commencez-vous à tourner la saison 2 de Preacher ?
Courant janvier. Cette saison sera plus proche du comic book. La première saison était un préquel au comic. Elle a servi à mettre en place la relation entre Jesse et Dieu, et l'absence de Dieu. Jesse a perdu ses illusions. On a voulu mettre en place les situations, présenter les personnages. Ce qui explique le choix de rester à Annville. Il nous a fallu trouver notre rythme. Maintenant qu'on l'a et que l'on sait que le public nous suit, AMC nous fait confiance pour expérimenter d'autres choses. Il était important de démarrer comme on l'a fait pour tous ceux qui ne connaissent pas le comic book de Garth Ennis. J'ai hâte de tourner cette seconde saison. Cela va être une expérience folle. Elle sera conçue comme un road trip et se rapprochera bien plus du comic book.
L'accueil du public autour du Preacher a-t-il été à la hauteur de vos espérances ?
Oh oui. Même au-delà en ce qui me concerne. J'étais soulagé. Je ne pouvais m'empêcher d'angoisser. Surtout en jouant dans une série aussi dérangée et atypique. Encore plus dans une série adaptée d'un comic book culte qui est important pour beaucoup de gens. J'ai joué dans plusieurs adaptations de comic et le rapport avec les fans est important. Encore plus pour Preacher. Qu'ils nous acceptent nous a retirés un poids gigantesque.
Aviez-vous aussi peur que la série soit jugée comme trop provocatrice ? Que vous soyez attaqués par des ligues religieuses ?
On y a pensé. On sait que l'on est allé très loin par moment. Même moi, j'hallucinais sur la tournure de certaines scènes. Mais très vite, on s'est rendu compte que l'on ne parlait pas qu'aux fans. On est parvenu à en toucher de nouveaux. Ce qui est le but d'une série, aussi violente et bizarre soit-elle. Ce n'est pas une série anti religieuse quoi que l'on puisse penser. Rencontrer Seth Rogen et les autres m'a mis en confiance. Si quelqu'un pouvait parvenir à adapter une série aussi folle, c'est bien lui.
Comment était-ce justement de travailler avec Seth Rogen ?
C'est quelqu'un de franc, bourré d'idées et un bon réalisateur. De plus, il comprend les acteurs en en étant un lui-même. Parfois les réalisateurs manquent de tact ou ne savent pas parler à leurs acteurs. Ou encore plus ne parviennent pas à expliquer ce qu'ils veulent. Seth Rogen en étant acteur sait ce que l'acteur a besoin d'entendre.
Qu'est ce qui vous a attiré vers Preacher ?
Le chaos (rires). Je me souviens de ma première rencontre avec Seth, Evan et Sam. Ils étaient super excités et parlaient tous en même temps de cette histoire avec un gamin avec une tête de cul et un méchant obsédé par la viande. Sans parler de Jesse, qui est corrompu, violent et cherche à se racheter. Je n'avais jamais entendu un truc aussi dingue. Je me suis ensuite précipité vers les comics.
Vous ne le connaissiez pas avant ?
Pour être franc, non. Je n'avais pas entendu parler de ce projet avant de tomber sur un script que possédait Ruth (Negga,sa femme, partenaire dans Preacher avec qui il a aussi joué dans Warcraft). Je cherchais quelque chose d'excitant et je n'ai pas été déçu. J'ai ensuite acheté les comics et demander à rencontrer les producteurs.
Quelle est l'implication de Garth Ennis dans la série ? Vient-il sur le tournage ?
Il a longuement parlé avec Seth Rogen et les scénaristes. Mais il les laisse faire leur truc. Garth Ennis nous confiés avoir conçu Preacher quand le monde était encore optimiste. Depuis, il dit avoir du mal à écrire des histoires aussi sombres et violentes car il sent que les gens n'ont plus beaucoup d'espoir. Ce qu'il a dit m'a marqué. Effectivement, cette série est violente mais malheureusement pas plus que ce que l'on voit aux infos. Preacher touche à tous les genres et part dans tous les sens. La série touche au western, au drame, au fantastique, à la comédie, à l'horreur…. Les scènes se suivent mais ne se ressemblent pas. La force de Seth Rogen est qu'il vient de la comédie. Du coup, il a l'expérience de divers genres associés à la comédie. C'est ce qui fait que Preacher s'en sort si bien.
Qu'est ce qui a été le plus difficile pour vous à incarner Jesse Custer ?
C'est un personnage complexe. Et peu bavard. Il fallait savoir montrer sa noirceur sans paroles. Puis il fallait rien que par la présence physique faire comprendre que c'est un personnage fort, qu'il a un passé violent et qu'il est capable d'explosions de violence. C'est quelqu'un de torturé intérieurement, qui lutte contre ses démons et qui cherche à tout prix à être quelqu'un de meilleur que ce qu'il n'est. Il a été le personnage le plus difficile de ma carrière jusqu'ici. Avec l'aide du comic, je pensais qu'il serait plus facile à percer à jour. Mais non. C'est ce qui le rend si intriguant.
Et comment était-ce de devoir jouer avec un accent du sud des Etats-Unis pour vous qui êtes anglais ? Vous êtes après Andrew Lincoln dans The Walking Dead, le second acteur anglais à devoir prendre un accent du sud pour AMC.
Cela demande du travail. Beaucoup de travail. Si tu te foires avec ton accent et ta façon de parler, tout ton personnage s'écroule. Il faut que les gens croient en ce qu'ils voient et entendent et ne se disent pas, tiens voilà un anglais qui veut faire croire qu'il est un texan. C'est dur aussi de ne pas surjouer. Il faut parvenir à maîtriser suffisamment ton accent pour jouer sans y penser. C'est un challenge.
Quelle a été la scène le plus intense à tourner ? Physiquement ou mentalement ?
Le plus difficile a été le rythme de tournage. Je suis habitué aux films où il y a plus de temps. Là, il fallait rapidement passer d'une scène à l'autre vu la quantité de travail. C'était physiquement très intense.
Les limites sur ce que l'on peut montrer à la télé ont été repoussées ces dernières années. Mais y-a-il eu des scènes que vous avez enlevé ou édulcoré de peur qu'elles soient trop extrêmes pour la télé US ?
On ne s'est jamais censuré. A vrai dire on s'attendait à ce que la série dérange bien plus. Que l'on nous demande d'édulcorer la violence et de changer certainement scènes. Mais cela n'est jamais arrivé. C'est un soulagement.
Vous êtes même parvenus à tuer Tom Cruise !
Oui. C'est incroyable. On était certain que l'on nous forcerait à couper ce passage. Mais non. C'est génial.
Pouvons-nous évoquer le dernier épisode qui est complètement dingue.
J'ai eu le script au dernier moment et je n'en revenais qu'ils souhaitaient être aussi destructeur et apocalyptique. Un peu comme des gosses qui de rage décident de démolir leur chambre et de casser leurs jouets. Là on a pris conscience de la folie des scénaristes. Que tout était possible. Les risques sont payants. C'est tellement extrême et inattendu que cela en est génial. C'était la force du comic book. Il va au-delà de ce que l'on a l'habitude de lire. Il est important de se démarquer en tant que série d'autant plus qu'il y a tellement de qualité.
Que feriez-vous avec le pouvoir de Jesse Custer ?
Waouh, je ne sais pas. Plein de choses. Certainement affreuses (rires). Et très malhonnêtes.