Preview : Tell Me You Love Me
Le 15/10/2007 à 10:45Par Thierry Cuirot
Rarement une série aura fait couler autant d'encre et soulevé autant la controverse avant même la diffusion des premières images par HBO, la populaire chaine câblée américaine. Annoncé par certains comme une série « porno », qu'en est-il vraiment ?
Le Docteur May Foster est la conseillère conjugale de trois couples en difficulté. David et Katie n'ont plus de relations sexuelles, Palek et Carolyn subissent le contrecoup de ne pas parvenir à concevoir un bébé, Jaime et Hugo font face à la jalousie. Chaque couple évolue en parallèle dans son quotidien le plus intime.
Et ce sont tous ces moments intimistes non dissimulés qui font la particularité du spectacle car l'histoire confine plus au documentaire sur la classe moyenne américaine qu'à un gonzo de bas étages. Faisant abstraction de tous les tabous et les fausses pudeurs hollywoodiennes habituelles, tout est montré de manière réaliste. A-t-on jamais vu dans la vraie vie quelqu'un faire l'amour puis se lever en emportant les draps autour de soi ? On voit donc de manière plus ou moins suggestive nos protagonistes faire l'amour. On voit des poils pubiens, des masturbations, des sexes, des fellations, et même des personnes en train de faire pipi. Mais on ne peut observer aucune pénétration avérée.
Le rythme très (trop) lent des histoires, l'absence de musiques et la réalisation caméra au poing renforcent le coté naturel des images et facilite l'identification aux personnages, ce qui peut parfois engendrer un sentiment de voyeurisme. Crée par une femme (Cynthia Mort, Roseanne), la série évite avec brio tous les clichés « pornographiques » et met l'accent sur les variations de sensibilité d'un personnage à l'autre. Aucune scène de sexe gratuit ne vient d'ailleurs polluer le déroulement des relations entre les personnages.
Si les acteurs principaux ne sont pas des têtes d'affiches, on note malgré tout quelques confirmés qui prennent courageusement un risque réel avec leur carrière. Sonya Walger (Carolyn) a été vue dans Lost (Penny), l'expérimentée Jane Alexander (May Foster) est une actrice très respectée et Adam Scott (Palek) dispose d'une filmographie cinéma que beaucoup envieraient (Aviator). En d'autres temps, comme Maruschka Detmers dans « Le Diable au corps », certains ont payé cher une prise de risque similaire ou regretté amèrement des erreurs de jeunesse une fois parvenus à la célébrité. A une époque où la pression des médias est totale sur l'intimité de la moindre starlette, le contre pied est total.
On est toutefois en droit de s'interroger sur la pérennité du show. Trois problèmes conjugaux isolés tiendront-ils la longueur d'une saison complète ? Et qu'en sera-t-il de la seconde saison puisque la rumeur indique qu'elle est déjà confirmée ? En dépit de l'accumulation des scènes osées, c'est l'ennui qui s'installera rapidement en l'absence de renouvellement.
Michelle Bort (Jaime) affirme « Nous ne sommes pas des stars du porno, nous sommes des acteurs ». Tell me you love me n'est effectivement pas une série pornographique mais si la précision mérite d'être citée c'est que le show va un peu plus loin que les autres. Mais à l'heure où l'audimat cherche à tout va les scènes de sexe dans les émissions de télé réalité, il n'est pas surprenant qu'une chaine prenne le risque de diffuser une série plus osées que les autres. Est-ce un progrès ? Peut-être pas, mais c'est une évolution certaine qui met un coup de fraicheur à la superficialité de beaucoup de productions actuelles. Si la série s'enlise un peu dans son choix artistique et scénaristique, elle aura à n'en pas douter ouvert une voie.