THE DEFENDERS : pourquoi seulement 8 épisodes ? Le showrunner nous répond
Le 16/08/2017 à 17:33Par Olivier Portnoi
FilmsActu a eu l'occasion de le rencontrer début juillet lors de la promo de la nouvelle série Marvel Netflix qui rassemble pour la première fois à l'écran Daredevil, Jessica Jones, Luke Cage et Iron Fist. Face à eux, la Main dirigée par Sigourney Weaver.
Vous avez dit si les Avengers étaient les Beatles, les Defenders seraient les Ramones.
Oui. Et je maintiens. Les Defenders sont les underdogs. Ils sont cupides, picolent, aiment se battre… J’ai utilisé cette analogie comme une boutade mais à l’arrivée, en prenant compte du ton de la série et de la vision de New-York que l’on veut proposer, elle est parfaite. La version East Village Ramones de New York, le CBGB, les ruelles sordides, les types qui vomissent dans les toilettes des bars, c’est ça les Defenders comparé aux Avengers où le combat se passe dans les airs, où tu es plus lumineux. Ce n’est pas que je n’aime pas les Avengers, j’adore ces films, mais on développe une autre facette de cet univers. D’un point personnel, j’écoute autant les Beatles que les Ramones.
New-York est un personnage à part entière dans les Defenders. Chaque personnage défend un quartier de la ville avec son code couleur...
Oui. Chaque série a présenté une version différente de New-York. Bien que Matt Murdock et Jessica Jones évoluent tous les deux à Hells Kitchen, leur version de ce quartier est également différente. Les bars où traine Jessica sont différents de ceux fréquentés par Matt. Les escaliers de sortie desquels elle prend des photos sont différentes des ruelles dans lesquelles agit Daredevil. Avec les Defenders, on a voulu montrer que le combat n’était plus localisé dans un quartier mais qu’il s’étendait dans toute la ville. Et c’est une ville gigantesque. Pas forcément en terme de taille mais en terme de puissance.
Vous aviez les Defenders en tête depuis la saison 1 de Daredevil. Mais le résultat est-il différent de ce que vous imaginiez il y a 4 ans ?
Oui. Très différent. L’idée que tout le monde en avait a changé au fil du temps. Cela témoigne de la flexibilité des gens chez Marvel et Netflix. Et c’est aussi une conséquence de la réaction des spectateurs. Avec chaque série, le public s’est agrandi. Chaque série suivante était plus attendue et scrutée. La pression est arrivée notamment autour des Defenders. Je collabore avec Marvel depuis la saison 1 de Daredevil. J’étais dans la pièce le premier jour où les scénaristes ont balancé leurs idées. Je me souviens que certaines étaient trop ambitieuses pour la saison 1 de Daredevil et que le boss de Marvel TV nous avait dit "gardons ça pour les Defenders". Cela nous paraissait tellement loin. C’était comme réfléchir aux Jeux Olympiques quatre ans plus tard. Mais plus rapidement que prévu, on s’est retrouvé avec les scénaristes pour écrire Defenders.
Comment avez-vous réagi aux critiques concernant Iron Fist ? Vous attendiez-vous à un retour si négatif ?
Je n’ai pas vraiment de commentaire à ce propos. Iron Fist est paru quand on tournait la fin de The Defenders. La série était terminée au moment où Iron Fist a été présentée. Les réactions n’ont pas eu d’impact sur ce qui était prévu.
Le problème de certains films de super-héros est le manque de méchant d’envergure. Est-ce pour cela que vous avez fait appel à une actrice aussi imposante que Sigourney Weaver ?
Elle est incroyable certes. Mais dans les 4 séries Marvel parues sur Netflix, les méchants ont toujours été intéressants. C’est quelque chose dont on a beaucoup discuté dès la saison 1 de Daredevil. On a autant parlé de l’histoire de Matt Murdock que de celle de Wilson Fisk. On a autant travaillé sur la vie amoureuse de Matt Murdock que sur celle de Wilson. Cela a toujours été un ingrédient essentiel aux séries Marvel Netflix. On ne voulait pas de simples méchants caricaturaux qui froncent les sourcils avec une moustache menaçante. Kilgrave est un autre exemple de cette démarche. Il est tellement complexe et flippant. Mais aussi tellement humain. Tout comme Cottonmouth dans Luke Cage. Pour The Defenders, il nous fallait une grande actrice mais surtout lui proposer un rôle important. Le défi était de taille.
Il n’y a que 8 épisodes pour The Defenders contrairement aux autres séries Marvel Netflix qui en ont 13. Pourquoi si peu ?
La raison principale est le calendrier de chacun. Déjà, pour The Defenders, on avait quelques jours de plus de tournage au vu de la complexité de certaines scènes de combat. Puis en termes de planning, le début du tournage de la saison 2 de Jessica Jones et de celle de Luke Cage étaient déjà planifiées. Les acteurs n'étaient disponibles que pendant un temps limité avant qu’ils ne doivent retourner à leurs aventures solos. Krysten Ritter n’a eu que 5 jours de repos entre la fin des Defenders et le début de Jessica Jones. On a dû œuvrer dans l’espace qui nous était réservé.
Pourrait-il y avoir un Defenders saison 2 ?
C’est une question pour Marvel. C’est une question pour les gens importants qui mangent des diners à des milliers d’euros dans les penthouses. Je ne suis qu’à l’arrière de la voiture Marvel restée dans le parking.
Mais cela vous plairait de travailler dessus ?
A ce stade, je n’en sais rien. Mais peut-être…
Vous n’avez pas peur que l’on se fatigue des super-héros ?
Il y a beaucoup de films et de séries avec des super-héros. C’est une crainte légitime mais c’est ce qui rend le défi encore plus intéressant. Comment continuer à rendre ces histoires excitantes ? On peut prendre exemple sur le rock. Je suis sûr que quelqu’un a dû se dire : "le public ne va-t-il pas finir par se lasser des guitares électriques ?". Pourtant encore aujourd’hui, on enregistre des disques de rock et les groupes remplissent des stades. C’est un challenge créatif. On sait que le genre super-héros est encombré, à nous de rendre nos productions toujours plus surprenantes et divertissantes pour que les gens continuent à les regarder avec la même ferveur.
Quel film attendez-vous le plus cet été (l'interview a eu lieu début juillet) ?
Je n’en peux plus d’attendre La Planète des Singes Suprématie. Matt Reeves est un de mes réalisateurs préférés. J’aurai dû dire Spider-Man Homecoming pour être plus corporate Marvel mais non (rires).
The Defenders est disponible sur Netflix depuis le 18 août.