Soyons sincère. Le plus réjouissant dans l'acquisition de Batman en Blu-Ray, c'est de pouvoir enfin profiter de cette adaptation décadente en Haute Définition, plus que de prendre une véritable claque visuelle. La texture du film a pris quelques années (20 ans, déjà), son univers visuel global aussi et le master n'est pas au niveau des standards actuels, auxquels nos rétines influençables commencent à s'habituer. Pourtant, la HD a cette qualité d'offrir une restitution des souvenirs parfois plus bluffante que certaines prouesses techniques actuelles et d'autoriser une nostalgie esthétique dont seules certaines oeuvres sont dignes. Le film de Tim Burton en est l'exemple type. Non, tout n'est pas net à perte de vue, non les détails n'apparaissent pas à foison, non le film ne donne pas l'impression d'avoir été tourné hier... Mais la tenue relativement honnête de son encodage, pourtant complexe pour un film qui se déroule presque intégralement dans le noir, permet de mieux adopter sa richesse visuelle, des nombreux niveaux de noirs et des textures diverses et variées qui se détachent les unes des autres malgré la monochromie ambiante. En l'état, c'est autrement plus propre qu'un Beetlejuice (du même réal, de la même période, chez le même distributeur). Le tout étant dénué d'artefact numérique quelconque pour un plaisir de redécouverte assez unique. Plaisante imperfection...
Retrouvez ci-dessous nos captures en HD, à agrandir d'un simple clic :
En ce qui concerne le son, on pourrait reprendre mot pour mot ce que nous avions déjà dit dans le test de Batman Le Défi... Après un précédent DVD qui semblait avoir mis la barre haute avec la présence d'un DTS mi-débit franchement percutant, le Blu-Ray se montre un poil rétrograde dans ses ambitions, en lardant le disque de pistes Dolby Digital 5.1, dont seule la VO Dolby True HD parvient à se démarquer gentiment avec une vraie finesse et un vrai équilibrage des canaux. La scène frontale n'en demeure d'ailleurs que plus active, multipliant les effets gauche/droite, en reste à un mixage Dolby Surround d'origine de très bonne facture... Pour le reste, c'est encore un peu trop paresseux pour convaincre totalement.
Commentaire audio : (non sous-titré)
Le café ayant sans doute aidé, Tim Burton contrarie son image en commentant son film avec une énergie à laquelle il nous avait peu habitués. Une aubaine puisqu'il nous fait partager sans aucune monotonie son affection pour un personnage et un univers dont il se sent très proche. Au-delà des explications techniques (les autres bonus sont là pour ça), il compare sa propre personnalité avec la solitude et la noirceur de son héros, avoue ne pas assurer au niveau des scènes d'action même s'il s'est bien amusé à les faire et s'attarde longuement durant le commentaire entier sur les répercutions de Batman sur Burton et Burton sur Batman. On regrettera en revanche que l'enthousiasme du bonhomme s'estompe sur la seconde heure du film, puisque les blancs se font un peu trop nombreux. Un plaisir à ne pas bouder néanmoins, puisque le commentaire audio de Batman reste un événement en soi, même si, encore et toujours, les sous-titres brillent par leur absence.
Sur le plateau avec Bob Kane (2min34) :
Un peu trop court pour être pleinement profitable, cette petite featurette promo d'époque dévoile, comme son nom l'indique, la présence de Bob Kane sur le plateau du film de Tim Burton. Une jolie pièce d'archive mais qui n'a aucun autre intérêt en soi.
L'histoire de Batman (40min39) :
Voilà enfin de quoi éclairer la lanterne de ceux qui étaient restés dans une certaine obscurité quant à l'histoire générale de l'homme chauve-souris depuis sa création. Sont ici réunies des interventions d'époque de Bob Kane, et d'autres plus récentes de Mike Mignola, Frank Miller, Stan Lee ou Kevin Smith pour retracer l'évolution d'un héros de bande dessinée qui, plus que quiconque, à multiplié les étapes transitoires au fil des décennies et des mentalités. On revient donc sur les multiples références physiques, historiques, et psychologiques du personnage, sur son époque et son univers particulier, et sur les multiples déclinaisons des personnages. Y seront traités la variante amusante de la série TV, le choc créé par la mort de Robin qui a définitivement changé la face de Batman ainsi que ses diverses adaptations sur grands et petits écrans, en live ou animé, avec interventions des personnes concernées. Un passionnant tour d'horizon riche en illustrations diverses que l'on pourra s'amuser à comparer avec les adaptations récentes que nous avons tous vues, et qui s'offre comme narrateur un Mark Hamill plus calme que d'habitude lorsqu'il flirte avec Batman...
L'ombre de la chauve-souris (71min45) :
Voici le making of par excellence dont le film avait vraiment besoin ! Divisé en trois parties majeures, ce documentaire s'attarde tout d'abord sur la naissance du film sur un plan purement juridique, alors que personne ne savait ni trop comment, ni pourquoi, ni quand mettre Batman en chantier même si l'idée était sur le feu depuis un moment, et que l'arrivée de Burton sur le projet était presque inopportune. Le second chapitre intitulé L'orage se prépare s'étend longuement sur les choix cruciaux du film, à savoir se débarrasser de Robin, et le rôle titre offert à Michael Keaton longuement critiqué de toutes parts avant même le lancement du film. Bonheur perpétué avec la présence de monsieur Jack Nicholson en personne, ravi de parler du Joker en se frottant les mains à l'idée d'avoir effrayé des enfants, puis celle de Kim Basinger ayant remplacé au pied levé Sean Young qui a dû abandonner le tournage pour cause de chute de cheval. La comédienne évincée s'exprime également, bien qu'elle n'ait plus aucun rapport avec le film, et ne cache pas son désarroi tant le film aurait été un tremplin extraordinaire pour sa carrière. La dernière partie, La renaissance de la légende, s'attarde sur le tournage et l'énergie portée par le projet. Tout le monde semble s'amuser du quota d'improvisation de tournage et d'écriture (faire du Joker l'assassin des parents de Bruce Wayne fut décidé à la dernière minute) et reste pantois du succès critique et commercial du film, tant dans ses entrées que dans l'utilisation des produits dérivés qui ont générés une promo hors norme.
Les dessous de Batman (50min33) :
Comme sur chacun des quatre films de la collection, la section Les dessous de Batman donne la parole aux techniciens pour nous dévoiler tous les secrets de cet univers visuel particulier. Si la conception des décors (réels et matte painting) ne surprendront plus les amateurs de making of, malgré le résultat époustouflant que l'on connaît, l'importante section réservée à la Batmobile reste passionnante de bout en bout. On y traite de sa création purement plastique, son pilotage, les essais, les paparazzis à éviter et les petites erreurs d'échelle (les oreilles de Batman étaient trop longues pour le toit). Fin du fin, on y apprendra plus tard que si le toit coulisse, c'est tout simplement parce que personne n'a pensé à concevoir des portières. Si nous n'échapperons pas non plus aux traditionnels accessoires, costumes, et bande sonore du film, c'est le chapitre De Jack à Joker qui retiendra le plus notre attention. Jack Nicholson et son maquilleur de l'époque reviennent ensemble sur la manière dont ils ont voulu donner vie au personnage, aux multiples essais pour le rendre convaincant. Ainsi, nous découvrirons enfin pourquoi le personnage se retrouve avec une vilaine tache mauve dans le cou durant sa première apparition.
Batman, les héros (12min33)
Présenté sous forme de profils vidéo tirés d'interviews promo, on y présente ici les gentils personnages du film, depuis leur création sur papier jusqu'à leur version cinéma. On appréciera la logique d'avoir choisi un Bruce Wayne pas complètement charismatique pour mieux faire ressortir son alter ego, ainsi que le traitement en amont de Double/Face avec un Harvey Dent qui sera joué plus tard par Tommy Lee Jones dans Batman Forever.
Batman, Les méchants (7min20)
Pas de jaloux : à l'instar du bonus précédent, ce sont ici les méchants du film qui bénéficient d'une petite analyse complète. Pas grand monde pour ce premier film, à l'exception du Joker commenté par son interprète et ses différents créateurs, ainsi que son homme de main, Bob the Goon.
Story-board (4min24) :
Loin de n'être ici que pour faire du remplissage, le story-board en question dévoile surtout une séquence coupée des plus importantes puisqu'elle mettait en scène l'apparition de Robin. On y découvre en effet le Joker mettant le feu à un chapiteau de cirque durant une poursuite, ainsi que le jeune homme tentant de le rattraper pour venger ses parents. Une séquence que l'on retrouvera en partie dans Batman Forever. Le tout est bien évidemment animé, sonorisé et mis en scène pour nous éviter de jouer avec les flèches de la télécommande. Notons enfin que les voix utilisées pour doubler la séquence sont celles de la série animée, soit Kevin Conroy dans le rôle de Batman et Marl Hamill dans celui du Joker.
Clips (15min15) :
Un peu de musique pour finir cette excellente interactivité puisque l'on retrouve les trois clips vidéo de Prince dédiés au film de Tim Burton. L'inoubliable Batdance bien entendu, mais aussi Partyman et Scandalous.